André Sanou, matiériste burkinabé

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Jeune peintre burkinabé, André Sanou vit et travaille à Bobo-Dioulasso. Autodidacte de formation, il a passé quelques années en Côte d’Ivoire et en France pour acquérir quelques bases techniques. Aujourd’hui, mis à part certaines commandes pour lesquelles il utilise de l’acrylique, il ne peint qu’avec des matériaux locaux. Depuis son retour dans sa terre natale, André Sanou puise son inspiration dans son univers familier. Et ses toiles attirent l’attention dès le premier regard. Leurs formes le plus souvent abstraites semblent en mouvement, donnent le sentiment d’être en vie.
D’où vient l’impression mystique qui en émane ?  » Je suis chrétien, très croyant et pratiquant. C’est sans doute cette spiritualité qui m’a fait aller de la figuration à l’abstraction « , affirme André. Cette spiritualité, il l’exprime aussi par le respect de la tradition et des anciens. N’utilisant que des produits sortant de la terre, ses oeuvres sont le fruit d’une quête à travers cette source intarissable. Sur bois, tissus, ou cretonne, il utilise terre, eau, racines, écorces, fibres, feuilles, beurre de karité etc. qu’il fixe avec de la colle à bois.
 » Pour moi, la création est comme une naissance : ça fait si mal à l’accouchement que la mère hésite à vouloir son bébé. Pourtant, elle ne dit pas comment il doit être ensuite. Moi, je pars d’une forme sans avoir d’idée préconçue sur le résultat. C’est un moment de grande tension. Pour un tableau comme L’excision, le titre ne s’est imposé qu’après discussion avec un ami.  »
André a besoin d’espace et de silence pour créer. Assis dans la cour de sa mère où vivent également sa femme et ses deux petites filles, il aime être entouré de présence féminine. Très sensible à ce qui l’entoure, c’est dans ce contexte tranquille et familial qu’il trouve les ressources propices à la création. C’est ce qui explique peut être aussi l’énergie et la force que l’on retrouve dans ses toiles. Plusieurs oeuvres d’André Sanou sont actuellement conservées au Musée National de Ouagadougou. Il a également participé à un certain nombre d’expositions au Burkina Faso et en France où il a été primé : en 1992 et 1994, premier au grand Prix national des Arts et des Lettres de Bobo, et deuxième en 96 et 97 ; prix Air Afrique en 94 et prix de la Coopération française en 96 aux Semaines nationales de la Culture du Burkina Faso. Il expose régulièrement aux Centres culturels français de Bobo et de Ouagadougou.
Peintre libre, ne se prévalant d’aucun courant artistique précis, d’aucune école de pensée, André Sanou évolue au gré de ses inspirations. Mais il se réclame peintre africain : pour lui, n’utiliser sur ses toiles que des matériaux végétaux et minéraux, c’est faire parler la vie, c’est être en accord avec la nature, c’est faire en sorte que ses toiles se confondent avec l’environnement. Travailler la terre de Bobo, cette terre argileuse aux tons ocre ou rouge, c’est rendre hommage à ses racines, c’est faire honneur à son héritage filial et culturel. Pour cet homme qui se lève à six heures pour se rendre à la messe, cette démarche s’inscrit directement dans une recherche spirituelle, dans sa volonté d’être en harmonie avec un tout.

///Article N° : 287

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