Euromed Audiovisuel : l’avenir des politiques euro-méditerranéennes dans le secteur audiovisuel

Conférence au festival de Cannes 2008

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Le 17 mai 2008, au Pavillon des Cinémas du Sud, durant le festival de Cannes, a eu lieu la présentation des résultats du programme EUROMED AUDIOVISUEL II et des perspectives de la coopération euro-méditerranéenne dans le secteur audiovisuel. Animée par Christelle Lucas, de la Commission européenne, la présentation a réuni Luciana Castellina (Italie, journaliste), Ceyda Tufan (Turquie, directrice de Pi Film, distribution et production) et Katriel Schory (Israël, directeur général de l’Israël Film Fund et producteur), ainsi que André Lange (Observatoire européen de l’audiovisuel) et Romano Fattorossi, (Medscreen).

Chrystelle Lucas, Commission européenne : Mesdames et messieurs, bonjour. Merci beaucoup d’être venus si nombreux à cette présentation des premiers résultats du programme Euromed Audiovisuel, ainsi qu’à la discussion autour du document qui a été préparé par le groupe de réflexion Euromed Audiovisuel sur une stratégie de coopération dans l’audiovisuel en Méditerranée.
Je vais d’abord prendre la parole pour vous présenter rapidement les premiers résultats. Je vais ensuite passer la parole à trois représentants du groupe de réflexion, qui présenteront à la fois le document et la façon dont il est perçu pour le moment, ainsi que le déroulement de sa rédaction. Je voulais en premier lieu évoquer brièvement la situation au Liban. Je viens d’apprendre qu’une représentante libanaise a finalement réussi à arriver, ce qui est une très bonne nouvelle étant donné que jusqu’à présent, les Libanais rencontraient d’énormes difficultés pour venir à cette édition du Festival. C’est un des grands regrets de ceux qui travaillent pour le programme Euromed.
Je souhaitais également saluer Catherine Buresi, project leader du programme Euromed Audiovisuel. Je parle évidemment en son nom, et si je dis des bêtises, elle me corrige et complète ! (Rires)
Vous avez pu voir le spot réalisé dans le cadre des activités de communication de l’assistance technique. Il vous a présenté les principales activités d’Euromed. Ce programme a été doté d’un budget de 15 millions d’euros sur trois ans. Il a commencé au début 2006 pour se terminer en cette fin d’année. Il finance un projet d’assistance technique qui a entre autres réalisé ce film et chapeaute les douze projets qui ont été financés dans quatre secteurs clés, dont la formation. Sept projets de formation, tous européens, ont été financés. Je sais que plusieurs représentants de ces projets de formation, qu’il s’agisse EURODOCmed ou de MFBS, sont présents ici. L’objectif de ces formations est de créer des plateformes de transfert de connaissances, mais aussi et surtout d’insérer les professionnels méditerranéens dans les réseaux professionnels. La plupart des formations ont été associées a des événements importants : l’an dernier, deux formations ont été organisées à l’occasion du Festival de Cannes.
Je voulais souligner l’importance de la coopération avec le programme européen Media. En effet, à son lancement, tous les projets de formation se sont beaucoup appuyés sur l’expérience européenne de Media. Plusieurs d’entre eux sont aussi des projets qui ont eu une vie propre du côté européen, ce qui est très important.
Deuxième type de secteur dans lequel Euromed Audiovisuel intervient : la promotion. Nous avons deux projets, un en Egypte (« la Caravane du cinéma euro-arabe ») (1) et l’autre au Liban (« Med-Screen ») (2) avec deux objectifs. D’une part, nous voulons éduquer les publics méditerranéen et européen, leur faire prendre goût à ces deux cinématographies. Ensuite, nous voulons éduquer le marché. Cette année encore, Med-Screen est présent au Festival à travers un stand présentant plusieurs films méditerranéens.
Le troisième axe important est le développement. Cela se fait à travers deux projets : M.F.D. (3) pour la fiction, basé au Maroc et dont le représentant est présent également ; et le projet « Green House », représenté ici par David, pour les documentaires.
Enfin, dernier élément important pour l’industrie du cinéma : la distribution/exploitation. C’est véritablement le volet le plus important d’Euromed Cinéma, aussi représenté ici. Je vous redonnerai les chiffres du financement et de l’impact. L’objectif d’Euromed Cinéma est donc bien sûr d’encourager la circulation des films entre le Nord et le Sud et, surtout, de créer un marché.
Voilà une petite présentation des projets d’Euromed Audiovisuel. La plupart d’entre vous connaissaient déjà ces projets, mais il est important de les présenter à nouveau. Aujourd’hui, il est intéressant de vous communiquer les premiers résultats chiffrés d’Euromed Audiovisuel. Le programme visait à apporter des solutions d’avenir, des solutions structurantes. Les choses ont vraiment commencé à se mettre en place à travers Euromed Audiovisuel. Nous avons des résultats probants et très concrets.
Pour vous donner des indications parlantes, nous avons eu 550 bénéficiaires du programme. 520 professionnels ont été formés, 40 films sont en chantier, 1.600.000 spectateurs ont été réunis par les projets de promotion et de distribution. Depuis mars 2006, cela représente environ 40 événements en Europe et dans les pays du Sud de la Méditerranée. 150 films soutenus sont sortis, concernant 90 titres dans 22 pays, tant eu Europe (pour les films méditerranéens) que dans les pays méditerranéens pour les films européens et méditerranéens. Cela s’est fait en partenariat avec 200 distributeurs et exploitants, ce qui me parait vraiment important.
Je voulais également ajouter quelque chose sur l’importance des pays européens qui ont participé à ce programme. En effet, 14 pays européens ont été, à un moment ou à un autre, impliqués dans le programme Euromed Audiovisuel : la France et l’Italie, déjà, mais il faut également citer des pays comme la Pologne, la Lituanie, les nouveaux Etats membres. Grâce au programme, ils ont pu faire venir et montrer des films méditerranéens, ce qui n’est pas forcément dans la culture des nouveaux Etats membres, notamment.
Une étude de l’impact est en cours pour les premiers résultats du programme. Pour l’instant, nous avons des chiffres de participants, mais il est aussi important pour l’Union européenne de connaître l’impact à long terme de ses activités. Celles-ci ont toujours une vie qui se poursuit ensuite. Cette étude vient tout juste de débuter, car il ne nous est pas possible de connaître les évolutions tant que les projets ne sont pas achevés. Les premiers résultats de l’étude d’impact ont montré en l’occurrence que 60% des participants aux projets ont sensiblement amélioré leurs capacités de pitch. 70% d’entre eux ont amélioré leurs relations avec les professionnels du secteur. Cela fait vraiment partie des choses essentielles qui ont un impact dans la durée.
Grâce à Euromed Audiovisuel, nous avons également créé un réseau, que ce soit à travers les marchés, les films montrés mais aussi à l’intérieur des formations, des projets eux-mêmes. Aux premiers résultats, 80% des participants sont encore en contact les uns avec les autres. Nous savons que les contacts intrarégionaux en Méditerranée ne sont pas des plus faciles, nous sommes donc contents qu’un tel programme puisse permettre de poursuivre véritablement ces échanges.
Ces résultats seront affinés et iront certainement plus loin. Ils seront synthétisés dans un document que nous présenterons à la conférence finale d’Euromed Audiovisuel, qui se tiendra en fin d’année. À cette occasion, nous présenterons également une étude sur le paysage audiovisuel méditerranéen, sur laquelle nous avons commencé à travailler.
À travers ce programme, nous avons travaillé avec des professionnels, mais nous avons également travaillé sur les cadres institutionnel et législatif, toujours dans cette vision à long terme. Les projets visaient à mettre à disposition des professionnels des outils de travail. Notamment grâce au travail considérable fourni par l’assistance technique, nous avons pu mobiliser les autorités nationales en charge de l’audiovisuel dans les dix pays méditerranéens et les associer aux activités. Cinq ateliers ont déjà eu lieu ; trois autres sont prévus d’ici la fin de l’année 2008. Les thèmes ont été choisis sur les suggestions de ces autorités nationales. C’était très important : au tout début du programme, nous avons passé beaucoup de temps à définir les priorités pour les ministères de la Culture, de la Communication et les Centres de la cinématographie de la région. Les ateliers qui ont eu lieu traitaient du droit d’auteur, de la question des archives… Un nouvel atelier aura d’ailleurs lieu au mois de juillet autour de cette question. Un de nos ateliers a traité de la distribution à Marrakech, un autre de l’exploitation… Ces thèmes sont donc véritablement essentiels pour la région.
140 représentants des autorités nationales de ces dix pays ont participé à ces ateliers. Comme pour les professionnels, une mise en réseau s’est faite à travers ces ateliers.
Euromed Audiovisuel avait également pour objectif de créer des outils de connaissance et de communication, faits pour durer. Un énorme travail a été fourni pour constituer une base de données juridiques, présentée l’année dernière à certains d’entre vous, ici même. Cette base donne accès au droit d’auteur et de l’audiovisuel dans les dix pays méditerranéens. Elle est mise à jour en collaboration avec les pays concernés. Cette base de données est en passe de devenir incontournable et se montre vraiment utile, notamment pour les professionnels qui veulent travailler avec la région. En effet, si on ne dispose pas d’informations facilement accessibles, non traduites de l’arabe, c’est plus compliqué pour les professionnels européens. Le programme a également mis en place une base de données de 1.700 contacts professionnels et d’institutions dans la Méditerranée. Elle n’a été lancée qu’il y a quelques mois et elle fonctionne apparemment très bien. Nous avons beaucoup de retours au sujet de cet outil essentiel au travail dans la région. Ces bases sont bien sûr accessibles via le site Web d’Euromed Audivisuel, qui collecte et diffuse les informations sur tout ce dont je vous ai parlé.
Sur tous les programmes qu’elle finance, la Commission européenne travaille surtout sur le long terme. Nous travaillons avec les professionnels, les institutions. Nous réfléchissons également à des stratégies de long terme. C’est dans cet esprit que le programme Euromed Audiovisuel a fait appel à des professionnels européens et méditerranéens, ainsi qu’à 17 représentants d’institutions pour travailler dans le cadre d’un groupe de réflexion sur le futur des politiques communes dans le domaine de la coopération audiovisuelle. Je vais vous présenter trois participants de ce groupe. Les dix-sept représentants étaient de la région Euromed, c’est-à-dire l’Algérie, l’Allemagne, l’Autorité palestinienne, la Belgique, l’Egypte, la France, la Grèce, Israël, l’Italie, la Jordanie, les Pays-Bas, la Suède, la Tunisie et la Turquie. Il s’agissait donc véritablement d’échanges entre professionnels des deux côtés de la Méditerranée. Le programme s’est également attaché à recevoir des représentants conscients des préoccupations des professionnels de la région. Parmi ces membres, il y avait des producteurs, des réalisateurs ; des représentants de ministères, de chaînes de télévision, de Centres de la cinématographie, de la distribution ; des directeurs de festivals, des journalistes etc.
Je vais donc passer la parole aux membres du groupe de réflexion. Luciana Castellina a participé à toutes les réunions du groupe de réflexion. Luciana, je vais vous demander de faire une présentation de ce document. Je demanderai ensuite à Ceyda Tufan et à Katriel Schory, respectivement de Turquie et d’Israël, de nous donner leur point de vue sur le document et d’évoquer leur contribution. Merci !
Luciana Castellina : Merci. Je n’ai pas besoin de vous rappeler l’importance de la Méditerranée. Hérodote nous raconte qu’Europe est née au Liban, qu’elle a été enlevée par un dieu grec qui l’a emmenée en Crète. Elle est la mère de Minos, inventeur du labyrinthe, c’est la raison pour laquelle les traités de l’Union européenne sont si incompréhensibles ! Les liens entre Europe et la Méditerranée sont extrêmement étroits et notre culture en garde des traces encore aujourd’hui.
Vous savez que la Méditerranée n’est plus un « lit », comme disaient les anciens pour faire référence à un lieu de rencontre. C’est plutôt un endroit de tensions dramatiques. Ce programme est donc tout à fait particulier, je ne pense pas qu’on puisse le mettre au même niveau que tous les programmes européens à destination du monde. C’est un monde qui nous est très proche et a des problèmes très particuliers, mais qui n’a pas toujours une place des plus importantes dans les activités de l’Union européenne.
Il y a urgence à nous connaître à nouveau, à nous reconnaître à travers la Méditerranée. Nous devons partager nos imaginaires. Les nouvelles technologies nous donnent d’ailleurs de plus grandes possibilités. Désormais, l’Europe et le bassin méditerranéen sont couverts par des signaux de télécommunications qui permettent l’échange. Il y a une nouveauté très intéressante : auparavant, c’étaient surtout les programmes télévisés du Nord qui allaient au Sud alors qu’à présent, des programmes du Sud vont au Nord grâce aux systèmes par satellite. Ces programmes peuvent donc atteindre en Europe les 12,5 millions d’émigrés de cette région. Malheureusement, si les immigrés regardent leurs télévisions par satellite, les Européens le font très peu. Il n’y a donc pas véritablement un dialogue mais une fragmentation du marché. Notre but est, je crois, de créer un marché commun dans lequel chacun pourrait regarder ce que font les autres. C’est un peu là le but de ce programme !
Le programme sur lequel nous avons travaillé n’est pas défini ; il s’agit d’une road map, d’ailleurs intitulée « Vers une stratégie ». Cela montre son ouverture à toute suggestion, toute recommandation qui serait émise. Le point central du programme est de reconnaître que la Méditerranée est un grand marché unitaire qu’il faut exploiter réellement.
Je ne vais pas entrer dans les détails car vous disposez de fiches sur les dispositions que nous avons prises ainsi que les chiffres. Les recommandations portent sur la formation comme socle fondamental des cultures, des qualifications et du partage. Nous avons travaillé sur la formation initiale, c’est-à-dire à destination des écoliers (éducation à l’image, à la culture audiovisuelle etc.) et des cadres professionnels. Les structures de production, aspect épineux, doivent être renforcées. Les structures et infrastructures audiovisuelles dans les pays de la Méditerranée doivent être consolidées, de même que leur internationalisation afin que les produits puissent circuler. La diffusion et toutes ses composantes (distribution et exploitation en salles) doivent être améliorées. Les salles ont besoin d’être modernisées et les techniques numériques pourraient nous aider dans cet effort. Il faut bien évidemment lutter contre la piraterie aussi, en trouvant de nouveaux business qui ne puissent plus donner lieu à ce phénomène. Ils doivent rémunérer l’auteur et la production tout en utilisant les nouveaux vecteurs, les nouvelles chaînes de diffusion comme Internet. Cela me semble être l’aspect le plus complexe et le plus urgent, compte tenu des potentialités. Nous devons collecter des données statistiques. Cela n’est pas facile quand on doit gérer les droits d’auteur et les législations en général.
Voilà donc les objectifs que nous proposions. Par ailleurs, nous devons garder à l’esprit qu’un énorme patrimoine audiovisuel risque d’être détruit par le temps. Il faut donc trouver les ressources pour pouvoir le conserver et le diffuser. L’harmonisation des cadres législatifs et des pratiques professionnelles est également essentielle. En Europe, nous avons l’expérience du programme Media et de la directive « Télévision Sans Frontières » (qui a changé de nom mais existe toujours) qui nous montre combien il est important de faire collaborer télévisions et cinéma, pour la production du cinéma. Les expériences positives que nous avons menées en Europe doivent nous servir à discuter afin d’établir comment elles peuvent être reprises par les pays de la Méditerranée et du Sud.
Enfin, nous avons quelques regrets. Nous avions imaginé ce programme comme un premier pas avant les applications. Malheureusement, nous nous sommes rendus compte que les prochains budgets n’incluent pas de ligne particulière suite aux recommandations d’Euromed. Les parlementaires européens nous ont aidés, ils ont initié des interrogations mais les réponses ont été malheureusement très vagues. Les parlementaires de la commission Culture ont également présenté un amendement au budget afin de réintégrer les recommandations d’Euromed. Nous n’avons pas encore de réponse.
Je vous dis tout cela car si vous êtes convaincus que ce travail doit avoir une suite, que cet effort doit être poursuivi, nous avons besoin de votre mobilisation, d’une pression envers la commission exécutive et le Conseil. Ce travail ne doit pas être qu’un document destiné aux archives ; il doit être un commencement, un premier pas et non pas le dernier.
Ceyda Tufan : Bonjour. Luciana a parlé des grandes lignes et des objectifs, elle a résumé. Pour ma part, je vais vous raconter un peu comment nous en sommes arrivés là. Lorsqu’en 2006, nous nous sommes retrouvés pendant le Festival de Berlin, à 8 heures du matin sous la neige, les dix-sept membres du groupe de réflexion ne savaient pas du tout pourquoi ils étaient là ! Nous nous sommes réunis régulièrement pendant plus d’un an et demi, tous les mois ou tous les deux mois. C’était donc un grand effort pour nous de nous déplacer, de quitter nos pays. Certains pays ont en effet des problèmes, nous avons eu par exemple des difficultés dans des pays arabes. Il fallait des autorisations spéciales pour pouvoir voyager. Nous avons finalement pu nous réunir, et dès le départ, nous avons pu nous rendre compte que la tâche ne serait pas facile. L’espoir était faible, mais nous n’avons pas renoncé et nous avons continué les réunions. En dehors de celles-ci, nous sommes restés en contact.
Il s’agissait d’un groupe de réflexion. Nous avons commencé par nous connaître, nous avons réalisé combien nous étions différents et à quel point nos problèmes se ressemblaient. Je trouve que l’échange entre l’Europe et les régions méditerranéennes prend tout son sens. Comme l’a dit Luciana, la Méditerranée est véritablement le berceau, et on a tendance à l’oublier. N’oublions pas que l’Europe a besoin de la Méditerranée. Ce besoin est réciproque, nous avons besoin de l’Europe pour avancer et améliorer les législations et les règles.
Quand la dernière version du document fut achevée, nous avons commencé à échanger dessus. Pour nous, à présent, l’important est effectivement que ce travail ne reste pas qu’un papier. Nous avons deux objectifs, dont le premier, qui est encore le plus difficile : convaincre les institutions européennes. Elles n’ont pas les mêmes priorités que d’autres institutions plus anciennes en Europe. Déjà, pour ce qui est de la diffusion du papier, il y a eu des fuites au cours de la traduction et Israël a réagi. Jusqu’à présent, MEDA était considérée comme une région de langue arabe. Il ne faut pas oublier que dans cette région existent d’autres cultures et d’autres langues. La plupart de ces pays sont musulmans, mais la pratique et l’observation de la religion y sont très différentes d’un pays à l’autre.
Cette réunion de deux ans nous a permis en premier lieu de nous comprendre. Avec nos collègues européens, nous avons découvert quel chemin prendre. La solidarité a été formidable. Désormais, c’est un peu à vous que revient la tâche de nous épauler afin que nous puissions avancer ensemble. Si le programme n’a pas de suite, l’avenir des collaborations est en péril. Je vous remercie !
Chrystelle Lucas : Katriel, do you want to say a few words about the contribution of production in this document? And as Ceyda said, maybe how Israel reacted to it?
Katriel Schory : OK. I would like to point out a few things. First of all, as a sort of bystander, I watched very closely the Green House and M.F.D. initiatives; I talked to Israeli filmmakers who took part in them, so I can really say that they gained a lot and they learnt a lot. It’s really been productive, practical. For me, we owe that to David Fischer, to Ahmed and all. They managed to initiate these movements. I could really see the issues improve from one meeting to the other. There were changes in the relationships, friendships and cooperation between filmmakers in our region. From my viewpoint at least, in Israel, it’s been really important. It’s opened up and enhanced a dialogue that was not easy. It gives a tremendous contribution to the possibilities of cooperation in filming in our region.
As far as the document itself is concerned, we met several times, we discussed several matters: development, exhibition, distribution, training etc. I must say the meetings were very well organized. Catherine and Chrystelle really cared for us and made us work! But to be serious, at the end of the day, I think this document is of a tremendous importance for a few reasons. We are the next door; we are the closest neighbours to Europe. Yet, there was a lot of energy in our meetings in Marrakech and in all the other places. We met other filmmakers, and we’ve taken part in pitching sessions. We listened to a lot of projects coming from our region, as in Locarno a few months ago, or San Sebastian. The issues were important, the stories were great, the talent is there and it needs an access. Obviously, the training schemes are very important, and development, exhibition and distribution as well. But we need the products. We need films, and we need films to be made! In all these initiatives, we’ve seen a structure coming. It’s actually a funding support mechanism.
I’ve been a producer for years and I have my own experience. You go through all those training schemes, you understand how Europe works and how to access; you learn a lot of things, you have a lot of help through cooperation, trainings etc. But then you return home, you cannot even get 50,000$ to keep your project going! In this committee, we thought that you needn’t tremendous sums, but you need something to give hope! I saw filmmakers, either from our region or other regions, going to big institutes etc. and when they returned to their home countries, there was no supporting mechanism or place where they could carry out their projects properly. And we don’t have to talk about millions of dollars. Of course, the dream would be eventually, one day, to create a simplified version of « Eurimages » in the region. But this is a long quest, a mere dream. Yet, I think the document gives some ideas for a very clear and simple support mechanism, on a country-by-country base in our region. We realize that finding a way to harmonize things is one of our goals. But the countries are so different, the commitment and style are different, so we have to find specific schemes. My hope would be that in the near future, the Euromed scheme would support and help set up small systems in countries in the region. Such systems could really help.
I have two examples. Yesterday, the Piedmont regional Film Fund was launched. A lot of people showed up. At the end of the day, we talked about 1 million euros. It’s a lot of money, but it’s not that much. If you consider the World Cinema Fund, they make a difference with a relatively small amount!
From my own experience, my first two years as the aide of the Israel Film Fund, I can say that with my entire 2.5 million dollars budget, we did quite a lot! So I think that within the framework of the document issued by the reflection group, we should really try to build up some concrete hope and mechanisms so that the filmmakers may have something to carry on practically. They must make products; they must be able to make films.
Now, to broach the other subject, it is true there was some kind of breach. I don’t understand how it happened. The document fell in the hands of some Israeli journalists, it was really widespread and I was even contacted, as well as others. But in the end, it’s fine. In Israel, the industry is very much organized and structured, people exchange a lot. We are able to raise support for the upcoming meeting of the ministers. There are more tools of communication today, and we can already see actual results and benefits of the existing Euromed program. I believe indeed that this will help us in the future.
Chrystelle Lucas : Merci Katriel et merci à tous les trois. Je voulais préciser une chose très importante sur le groupe de réflexion : le document rédigé par le groupe n’a pas du tout été piloté par la Commission européenne. Ce ne sont pas les idées de la Commission qu’on retrouve dans le document mais bien celles des membres du groupe, des professionnels informés sur les besoins de la région. Cet aspect est très important. Il y a des points sur lesquels, évidemment, nous ne sommes pas d’accord, et si un nouveau programme existait, il n’est pas certain que toutes les idées du document seraient reprises. Notre idée est que ce document pave la route vers une structuration de l’audiovisuel en Méditerranée. Si certaines recommandations ne sont pas prises en compte et mises en œuvre à travers des programmes spécifiques financés par l’Union européenne, elles pourront l’être via d’autres organismes de coopération, avec les Etats membres par exemple. Egalement, la coopération pourra se faire avec les bénéficiaires, les pays du Sud de la Méditerranée eux-mêmes.
Préciser cela est donc très important, et c’est aussi la raison pour laquelle les membres du groupe sont aussi impliqués dans ce document et éventuellement la poursuite d’un nouveau programme Euromed Audiovisuel. En effet, nous leur avons vraiment laissé la marge de manœuvre qu’ils souhaitaient pour le rédiger.
Suite à la diffusion de ce document, un certain nombre de voix se sont élevées vers l’Union européenne, de la part du Parlement, du Conseil… La Commission européenne a été interpellée également, nous avons été très sollicités aussi. Nous avons entendu le message et sommes en train de réfléchir en interne sur le moyen de poursuivre les activités initiées que je vous ai présentées. Les choses étant ce qu’elles sont, c’est très compliqué. De nombreux projets sont par ailleurs en cours ; vous avez entendu parler de « l’Union pour la Méditerranée », programme d’activités déjà lancé. Il a pour le moment tendance à faire un peu d’ombre à d’autres types de chantiers. Nous avons commencé à réfléchir en interne pour voir si, dans le cadre de cette union, nous pourrions proposer des activités dans le secteur Euromed Audiovisuel. En effet, il nous semble important que l’Union pour la Méditerranée se penche également sur la culture. Par ailleurs, la Commission européenne a proposé de présenter ce document, intitulé « Vers une stratégie pour l’audiovisuel », aux ministres de la Culture euro-méditerranéens (les 17 européens et les 10 méditerranéens) qui se réuniront à Athènes à la fin du mois. Ce document leur sera présenté et nous espérons qu’il pourra bénéficier d’un soutien politique. Le but de cette aide ministérielle est de réfléchir à une stratégie culturelle en Méditerranée de façon plus globale et de souligner l’importance de l’audiovisuel dans le domaine culturel.
Voilà ce que je peux vous dire pour le moment. Je suggère à présent d’ouvrir la discussion ; je pense que vous aurez des questions à poser, surtout aux membres du groupe de réflexion. Le document circule déjà depuis un peu plus de deux mois ; avez-vous déjà eu l’occasion de le lire ? Avez-vous des réactions, même complémentaires ? Peut-être avez-vous des critiques sur son contenu. Il est encore ouvert, et je pense que les membres du groupe de réflexion sont également prêts à vous écouter, et nous aussi. Je vous laisse donc la parole !
André Lange : Bonjour. Je suis responsable de département à l’Observatoire européen de l’audiovisuel, au Conseil européen à Strasbourg. En premier lieu, je souhaiterais présenter nos regrets au sujet d’Euromed, car Catherine Buresi nous avait sollicités pour une collaboration, notamment pour la collecte de données statistiques. Il faut reconnaître qu’à l’Observatoire, la Méditerranée ne fait pas vraiment partie de nos priorités, mais les pays de la rive nord sont tous membres donc nous collectons l’information sur eux. En revanche, la rive sud ne fait pour le moment pas partie des pays sur lesquels on investit, sauf dans le cadre du focus que nous réalisons ici pour le Marché de Cannes. Je dois d’ailleurs dire que cette région du monde est presque celle qui nous donne le plus de difficultés pour la collecte minimum de données statistiques.
Luciana nous dit que c’est lié à la question des droits d’auteur. Il est vrai que ce problème se pose en Italie pour la collecte de certaines données, mais c’est différent dans les autres pays. J’ai l’impression qu’il y a un manque d’efforts de la part des structures publiques. On a fait le tour des différents centres de cinéma de la rive sud et nous n’avons quasiment rien trouvé. On aimerait bien pouvoir publier dans le focus des données relatives au nombre de films produits dans les pays arabes, mais on ne les trouve pas. Pour nous, même l’investissement minimum que nous sommes en mesure de faire n’est pas très productif. Je pense qu’il faudrait tout de même réfléchir à cela : si vous voulez défendre la crédibilité d’une activité audiovisuelle dans les pays méditerranéens dans un contexte de collaboration, la collecte d’informations statistiques de ce type est essentielle. On le voit bien en Europe : le travail qu’on a pu faire à l’Observatoire depuis quinze ans pour le développement européen est crucial pour pouvoir justifier les politiques. Vous avez déjà fait de nombreuses choses, mais il me semble qu’il faudrait aussi réfléchir à l’amélioration des politiques d’information au niveau national afin de pouvoir ensuite élaborer des synthèses multilatérales. Nous sommes prêts à collaborer davantage, mais au niveau politique, il faudrait améliorer la définition d’une mission pour l’Observatoire.
Ceyda Tufan : Merci beaucoup pour votre remarque. La collecte de données statistiques est d’ailleurs une priorité de notre réunion à Rome. La Turquie, entre autres, fait partie de l’Observatoire. Puisque celui-ci est en place, cela témoigne déjà d’une certaine volonté. Nous avons pensé utiliser ses infrastructures et encourager les responsables de ces pays à fournir davantage d’informations au centre afin que tout le monde puisse en profiter. Cela permettra de créer de nouveaux liens. Nous sommes pleinement conscients de l’importance de cette question, mais nous avons besoin de savoir-faire.
Luciana Castellina : André, je parlais des droits d’auteurs simplement par rapport au problème d’obtenir des modèles. Là, la question des droits d’auteur complique tout. Pour la collecte de données, c’est différent. Ce problème est effectivement surtout lié aux structures publiques qui devraient fonctionner mieux. L’Observatoire nous apporte une aide extrêmement précieuse, et véritablement centrale pour le programme.
Romano Fattorossi, Medscreen : Je suis également très préoccupé par l’éventualité que tout le travail qu’on a mis en place soit perdu et dispersé. Ce serait fort dommage. Cela dit, j’ai regardé rapidement votre document, qui est très intéressant. Je n’y ai pas trouvé de référent spécifique à la promotion, peut-être cela m’a-t-il échappé. Il est certes très important de produire, mais la promotion est un aspect indispensable, parallèlement à la distribution ou à l’organisation des salles, pour que le produit ait une circulation réelle. Peut-être n’ai-je pas vu cet aspect, ou alors il faudrait le rajouter au document.
Ceyda Tufan : En fait, nous avons discuté de tous les aspects de l’industrie, du commencement du projet jusqu’à la promotion et la circulation. Le papier initial que nous avions préparé est beaucoup plus épais, et donc plus détaillé. Là, nous étions contraints de nous limiter à quelque chose de plus simple et synthétique, qui s’adresse également à des non-professionnels. En effet, le but de ce document est avant tout d’obtenir un soutien politique. Evidemment, nous avons songé à ces aspects et à toutes les phases.
Katriel Schory : The issue of promotion came out in a specific session which dealt with marketing, distribution and promotion held in Rabat, I think. Actually, each of the members concerned by these issues in the region presented a specific problem related to that, and a mode of operation. I think there was a really fruitful exchange in terms of learning and how things work in each of these countries. People learnt from each other. I’ve seen quite a few discussions and talks about regional promotion between Arab member countries. What was interesting too is that I saw people, distributors from Morocco, Algeria, Tunisia, Lebanon, Syria etc. who didn’t know each other before they came to discuss these different matters and various ways to promote regionally, with specific options, possibilities and schemes. It’s in the more detailed document. The MEDA issue came up, and the question was to do it either on a regional base or a national base. The situation of cinema and the exhibition market in Jordan is definitely different, as well as in every member country. When I listen to the problems with exhibition in Syria, it’s really hard to think of a system that would harmonize and relate all countries… But obviously, the basics and principles were there, as well as the awareness. And from all I learnt, I think there’s awareness about promotion. The systems, the support mechanisms for this specific area are detailed in the bigger document. Of course, you can do a lot more.
Chrystelle Lucas : Je constate que plusieurs collègues de Média International sont présents. Voulez-vous dire quelques mots sur Media International ? Quelle est donc votre opinion sur ce document ?
>> Bonjour. Effectivement, par rapport à ce qu’on appellerait de façon générale les pays « tiers », la direction générale va lancer en 2008 une action préparatoire qui vise à renforcer la coopération audiovisuelle entre les pays tiers, les professionnels de l’Union européenne. Un appel à propositions pour cette action préparatoire a été lancé en avril et il se clôturera en juin. Un panel se tiendra en juillet, pour des actions qui débuteront en 2009. Il y a trois lignes d’action principale : la formation professionnelle, la distribution/promotion et le soutien à un réseau de salles international.
Cette action préparatoire sera basée sur la réciprocité entre les actions à destination des pays tiers et leurs œuvres, et les œuvres et les professionnels des pays européens. Elle n’est pas limitée sur le plan de son ouverture géographique. Evidemment, les professionnels de la zone MEDA peuvent proposer des projets dans le cadre de cette action préparatoire. À court terme, cet élément peut potentiellement prendre une forme de relais, car je pense avoir compris qu’a priori,Euromed Audiovisuel 2 s’arrête et qu’il n’y aura pas de prolongement à court terme. Cela peut donc être une soupape de sécurité dans le court terme. Ensuite, il est intéressant de savoir que cette action préparatoire constitue une phase de test qui devrait annoncer (après processus politique) la mise en place d’un programme qu’on espère pour 2011, plus important en terme de dotation budgétaire. Ce programme pourrait s’appeler « Media Mundus » et s’inscrirait dans cette phase de coopération audiovisuelle entre pays tiers et européen.
Il serait complémentaire à Euromed dans la mesure où avec Media Mundus, la coopération serait véritablement basée sur la réciprocité Europe/reste du monde. Bien entendu, on n’est pas dans une logique d’installation et de structuration d’un marché au sein d’une zone spécifique, je pense donc que cela serait plutôt complémentaire d’un programme ou d’une troisième génération d’Euromed Audiovisuel.
Après, il est essentiel de ne pas répéter l’erreur d’avoir laissé passer deux années entre les programmes Euromed et Euromed 2. En effet, selon les professionnels impliqués, un des gros avantages d’Euromed Audiovisuel 2 a été de colmater les brèches ouvertes suite à l’arrêt du premier programme, et de limiter les conséquences dramatiques de cet arrêt sur la structuration du marché. Il ne faudrait pas réitérer ce gâchis, c’est donc une question en suspens.
Au sujet du processus de Media Mundus, un questionnaire public a été lancé sur le site du programme Media. J’invite les professionnels à y répondre car c’est essentiel pour nous aider à comprendre quels sont leurs besoins en terme de ligne d’action, par rapport à un programme que nous sommes en train de concevoir. Ce questionnaire est accessible en ligne jusqu’au 13 juin. C’est très simple et demande deux minutes, et c’est très utile. Merci !
>> There is also going to be a public hearing event in Brussels on the 25 of June. I think it should be launched these days on our website. You’re all welcome to register, to come and to discuss with us. Also, sharing your experience during that hearing is something really important.
>> Le budget pour l’année 2008 s’élève à 2 millions d’euros. Pour 2009, nous verrons ; tout cela dépendra du Parlement européen. Nous espérons pouvoir tabler sur 5 millions d’euros, et la même chose pour l’année 2010. Il faut savoir que cette action préparatoire se déroulera sur trois ans, ce qui nous laisse le temps de réfléchir à la mise en place, la structuration du programme Media Mundus.
Chrystelle Lucas : Merci ! Je crois qu’en effet, toutes ces choses sont véritablement complémentaires dans le cadre des réflexions politiques de structuration de la Méditerranée et de l’Euromed, dont parlait Luciana. De notre côté, la Commission européenne est plutôt tournée vers les relations extérieures mais nous avons vraiment cette préoccupation, qui est de nature politique et revient sur le devant de la scène avec l’ensemble des réflexions menées sur l’Union pour la Méditerranée. Je pense donc que nous sommes réellement complémentaires. Nous sommes très sensibilisés et nous espérons pouvoir poursuivre nos activités Euromed Audiovisuel, afin de continuer à structurer le secteur, en plus des relations Media International et Media Mundus. Celles-ci ont plutôt une vocation internationale.
Luciana Castellina : Je voulais simplement dire que la mer Méditerranée représente 0,7% de la quantité totale d’eau présente sur terre. Géographiquement, la Méditerranée est donc peu étendue, mais elle est proportionnellement très importante ! Il y a donc une spécificité pour ces 0,7% d’eau ; il vous faudra en tenir compte.
>> Justement, nous sommes en train d’y réfléchir. Vous disiez tout à l’heure que la Méditerranée était le berceau de l’Europe, il y a donc des liens privilégiés, des relations concrètes et fortes existent entre professionnels… Il y a en effet des besoins, des difficultés et des objectifs qui ne sont pas forcément les mêmes que ceux d’une collaboration avec des pays asiatiques ou d’Amérique latine, par exemple. Par conséquent, dans le cadre du programme Media (et éventuellement Media Mundus), nous essayons de voir comment nous pourrions travailler de manière assez subtile sur ces liens privilégiés. Ce n’est pas évident car il y a des bases légales complexes, mais nous essayons justement de trouver une possibilité pour cette proximité évidente, qui tranche avec nos relations avec le reste du monde. C’est donc à suivre !
Chrystelle Lucas : Il y a une question, au fond de la salle…
>> It’s not a question but a statement. My name is Ahmed, my association is part of Green House and Med-Screen. So now, it’s been almost two and a half years. I remember the first meeting in Rabat, Catherine desperately trying to teach us how to work together. I remember the Green House launching at the Berlin film festival; it’s been two years and three months now. It’s been very successful. There were colleagues I already knew before, and others I had the chance to meet during this program. We asked the Europeans to give us the chance to work with them, with their money and our efforts. So we did it! I’m not going to beg for another program; in German they have an expression which means « this is your problem ». It’s their policy. That’s it, thank you.
Chrystelle Lucas : Juste pour préciser à nouveau : il s’agit vraiment de programmes de coopération. Comme vous dites, c’est notre argent et vos efforts, mais c’est également une question de volonté. Ces programmes n’ont pas une visée strictement européo-européenne ; pour le cas d’Euromed, toutes les priorités sont discutées à 37, notamment dans le cadre du processus de Barcelone. Il y a une très forte implication de la part des dix pays du partenariat euro-méditerranéen.
Y a-t-il des représentants de projets Euromed qui souhaiteraient également dire quelques mots ?
Anne-Marie Luccioni :Bonjour, je suis en charge d’Eurodoc. Nous avons eu la chance de pouvoir accueillir pendant un an et demi un groupe de professionnels méditerranéens. Une soixantaine de projets sont en cours de production, certains ont été réalisés et sont sélectionnés dans des festivals. Cela m’a semblé assez positif pour l’ensemble des participants. Nous avons aussi beaucoup appris grâce aux échanges Nord-Sud, mais beaucoup d’échanges Sud-Sud ont également eu lieu, notamment entre les pays du Maghreb et ceux du Moyen-Orient, qui n’ont pas si souvent la possibilité de se réunir. C’était donc très intéressant, il y a eu beaucoup de débats politiques.
Il est très regrettable que le programme s’arrête. Pour l’Europe, le travail de Media représente vingt ans de continuité et de soutien. Il est très important de pouvoir se revoir, de consolider les réseaux, c’est donc très déstabilisant pour les professionnels de ces pays qui ont commencé à coopérer. Mais nous avons beaucoup appris et nous espérons que ce travail a permis une continuité. Merci.
Magda Wassef : je représente la Caravane du cinéma euro-arabe qui se déroule en Egypte, en Jordanie (à Amman), en France (à Paris et ailleurs) et à Rotterdam, aux Pays-Bas. Je pense que cette action a été très bénéfique, surtout dans les pays arabes. Un public nouveau découvrait des cinématographies auxquelles il lui est impossible d’accéder autrement, à travers ces programmations régulières de plus en plus connues. Les gens qui se sont investis dans ces programmes ont appris énormément de choses, et l’arrêt soudain prévu pour la fin 2008 coupe court aux efforts de tous ces groupes de jeunes. Ils ont beaucoup donné et ont envie de continuer. Je ne sais pas si le programme sera éventuellement prolongé sous cette forme, mais nous devrions peut-être réfléchir à un compromis. Je songe notamment à Europa Cinéma et ce qui s’est passé entre 2004 et 2005… Je ne sais pas si cette possibilité existe, mais dans tous les cas, toutes ces structures n’ont pas les moyens d’investir réellement pour obtenir ces films, notamment européens.
Ensuite, j’avais une question au sujet des bases de données. Qui va s’en occuper ? Qui va les suivre ? Comment cela va-t-il être géré si ce programme est interrompu ?
Chrystelle Lucas : Je vais répondre. Merci, Magda, pour ta question. Les bases de données font partie de nos premières préoccupations, car nous savons bien que ce genre de chose ne peut pas vivre tout seul, il faut les alimenter… Nous avons déjà eu des réunions avec les représentants des ministères qui fournissent les textes afin de réfléchir à la façon dont ils pourraient se structurer ensemble et alimenter la base de données. Egalement, nous discutons avec des collègues qui travaillent sur des coopérations plus ponctuelles. La Commission européenne a saisi l’importance de cette question, Media International peut intervenir pour les formations et être un relais intéressant. C’est un long et lourd travail, nous espérons pouvoir compter sur des relais avant d’annoncer un nouveau programme, notamment si nous bénéficions d’un soutien politique à Athènes à la fin du mois. Cela augmentera nos chances de dégager des fonds.
Bahija Lyoubi : Je représente M.F.D., dont le chef de file est le Maroc. Je me joins à ce que viennent de dire les représentants d’Eurodoc et de la Caravane. Il est vrai que nous avons énormément appris, que de gros efforts ont été fournis, et j’espère que cet investissement ne sera pas un gâchis. Nous souhaitons vivement que le relais soit pris par Media International ou un autre programme. Il est effectivement dommage de recommencer chaque fois ; on a vu Euromed 1, Euromed 2… et c’est un réel gâchis que les choses se passent ainsi. Voilà ce que j’avais à dire. Je veux aussi dire merci de faire en sorte que ces programmes existent. Merci à toutes les personnes qui ont contribué à faire d’Euromed 2 ce qu’il est maintenant.
Chrystelle Lucas : Je parlais tout à l’heure de coopération. Il est très important pour la Commission européenne que nous ayons un soutien de la part des pays du processus de Barcelone afin d’assurer la continuité d’Euromed Audiovisuel.
Euromed Audiovisuel n’est pas dans la nouvelle programmation. Ce n’est pas parce que les pays européens ont voulu le supprimer, mais parce que d’autres priorités nous sont apparues plus importantes. Cela a fait qu’aucun budget n’a été dégagé ; je pense que nous sommes tous d’accord sur l’importance de la dépollution de la Méditerranée. Or, cet effort nécessite beaucoup d’argent. L’énergie est également un secteur très important, de même que les efforts de maintien de la paix (peace process)… Malheureusement, c’est probablement ce qui s’est passé et les discussions dans les milieux politiques doivent absolument se poursuivre. Le mouvement doit être poursuivi, à la fois du côté européen et de celui des pays du partenariat, dans toutes nos discussions au Conseil, et avec la Commission et les délégations dans ces pays.
Merci beaucoup pour votre présence. Je vous invite à poursuivre les discussions en bilatéral avec les membres du groupe de réflexion, ainsi qu’avec nous, avec l’assistance technique, au cocktail qui a lieu sur la terrasse, juste en face de la mer. Merci beaucoup !

1. http://www.cinemacaravan.com/Francais/caravan-01F.html
2. http://www.med-screen.com/indexfr.html
3. MEDA Films Development : http://www.mfd.ma/
Transcription : Thibaud Faguer-Redig///Article N° : 7685

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