Fiche Film
Cinéma/TV
COURT Métrage | 2012
Singerie (La) – القردانية
Pays concerné : Maroc
Durée : 19 minutes
Genre : drame
Type : fiction

Français

Sur une plage aride, j’ai dessiné un palais… J’ai demandé aux enfants qui jouaient avec moi : « bientôt mes frères on habitera ce palais. On ne rentrera plus chez nous. Tous les adultes du village seront à notre service et nous obéiront… » Un vieux pêcheur s’est précipité pour effacer le dessin du palais et m’a pris en chasse…

BENDAOUD, un Jeune garçon de 12 ans vit dans un petit village côtier au Maroc. Mue d’un profond désir de découvrir le monde extérieur, Bendaoud s’exprime viscéralement à travers ses dessins, moyen pour lui de donner vie à ses rêves (devenir un sultan, découvrir ce qui se cache derrière les bikinis des femmes, s’amuser au lieu d’apprendre les sourates du Coran…) et de briser inconsciemment les tabous du sexe, de la politique et la religion dont souffre la société qui l’entoure.

Notre protagoniste se retrouve donc malgré lui en conflit avec une société prisonnière de la HCHOUMA (ou Honte en français) et qui le puni injustement.

Directement ou indirectement, toute la société pratique une pédagogie de la répression sur Bendaoud…

Une société, beaucoup plus forte que Bendaoud, et qui insiste à le faire rentrer dans son moule. Une société qui essaie d’effacer ses rêves. Y arrivera-t-elle… ?

Réalisateur : Abdellatif FDIL

Maroc, court métrage de fiction, 19 minutes,

Acteurs
Reda FDIL, Nourdine TOUAMI, Moubarak EL MAHMOUDI, Rabab EL OMARI…

Tourné au Maroc

Note d’intention

La Singerie ou (القردانية) est inspirée d’une nouvelle de l’écrivain marocain Mohamed CHOUIKA intitulée القردانية.

Comme indique le mot en arabe, la singerie est constituée du terme ‘singe’. C’est alors une traduction de l’arabe au français. Le choix de ce titre est né du rapport comparatif Homme, considéré comme un être vivant libre et intelligent, et le singe, vu aussi comme un être vivant libre et résistant à la domestication. Même si les êtres humains n’acceptent en aucune question le formatage et l’apprivoisement; ils admettent cependant, l’éducation comme un acte légitime idéologique dont le formatage et la domestication font partie. L’écrivain marocain Mohamed CHOUIKA abord plusieurs thématiques socio-psychologique dans son ouvrage Alkirdanya. Il utilise le symbolisme et l’humour noir pour critiquer et diagnostiquer la société de son enfance. C’est pour une telle raison qu’un enfant de 12 ans serait le protagoniste de l’histoire de mon film. A cet âge, il a déjà commencé ses aventures et recherches des réponses à des interrogations considéré comme tabous pour ces sociétés. L’écrivain marocain appelle cela ‘le refrain de la suppression, le refrain du formatage,… etc.’

Au Maroc, même si, encore aujourd’hui, certains estiment que le fait de parler librement et publiquement de sexe, de la politique ou encore de la religion constitue une transgression des mœurs, nombreux sont ceux qui y voient une révolution et un acte de courage.

L’idée de ce film est donc née d’une envie de rendre compte du niveau de censure et de répression que subie encore l’éducation sexuelle, religieuse et politique dans les sociétés arabo-musulmanes et d’exprimer le ras le bol et la curiosité des jeunes générations face à cette situation.

L’histoire de Bendaoud reflète une image de mon identité en mon enfance. Le Maroc, comme tous autres pays arabes en pleine transformation réclame un changement qui peut accompagner l’individu à sortir de sa coquille et exister autant que singulier et non pas comme une copie qui fait l’ensemble. Mon enfance au Maroc n’était pas très l’histoire de Bendaoud. Dans une petite ville montagnarde, j’ai subi à différentes agressions menées par la société. Le châtiment corporel, les insultes, l’isolement et le rejet ont été des mécanismes de punition que j’ai supportée. En lisant la nouvelle de CHOUIKA, je me suis représenté dans son personnage impersonnel que j’ai transformé en protagoniste. Un personnage à qui CHOUIKA n’a pas proposé un prénom pour répandre la situation. A l’école comme au cinéma on n’avait pas le droit de choisir ce qu’on a envi.

Pour moi, le tabou est une prison dangereuse et je rêve comme le protagoniste de mon film d’une société qui brise enfin les murs du silence et ose s’exprimer.

English

Monkey Business
On a dry beach, I drew a palace…I asked the children playing with me: « Brothers, we will soon live in this palace. We will not go back home. All the adults in the village will serve and obey us… » An old fisherman rushed to erase my drawing and ran after me…
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