Fiche Groupe
Musique
Bnet Marrakech
Maroc

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Les Bnet (filles de) Marrakech maîtrisent tous les styles berbères marocains, citadins et ruraux, et se sont peu à peu forgé une réputation d' »ambianceuses » hors pair. Mélodies pentatoniques d’un temps reculé : une musique à mi-chemin de la musique noire africaine et de la musique arabe.

On connaît l’importance sociale et l’impact émotionnel du chant chez les femmes berbères dans la vie de tous les jours. Ces femmes chantent traditionnellement pour le seul plaisir d’exprimer ensemble leur appartenance à une tribu et l’idée même d’entrer dans la profession de chanteuse leur semble inconcevable.

A l’inverse, les Bnet Marrakech sont devenues professionnelles au fil du temps. Originaires des quartiers populaires de Marrakech, ces cinq femmes chantent ensemble depuis une quinzaine d’années et ont investi tout leur savoir et leur talent pour se produire à la demande au sein de la communauté berbère, surtout pour des fêtes religieuses telles que mariages, naissances, circoncisions, et « Mouled » (Fêtes des saints de l’Islam)… Ainsi ont-elles pu s’affirmer comme des femmes libres et être acceptées comme telles dans la société marocaine, ce qui leur confère un statut à part et leur donne une réputation les plaçant comme le groupe le plus éclectique de chanteuses d’origine berbère !

Côté chant, les Bnet Marrakech se sont emparé du genre typiquement citadin communément appelé chaâbi, très populaire par les chansons fredonnées au fil des succès d’interprètes de Casablanca ou d’ailleurs. Ces femmes se sentent proches des Gnawa par les rythmes, l’accès à la transe musicale, tout comme dans leur façon de vivre et d’interpréter l’islam dans sa forme à la fois populaire et mystique (tasawwuf). Leurs premiers succès locaux puis de maintes tournées à l’étranger les ont incitées à apprendre d’autres chants berbères de l’Houara, puis à reprendre deux autres traditions : celle de la musique Robi pratiquée à Rehamma, où apparaît le tubsil, assiette métallique frappée avec des cymbalettes attachées aux doigts ; celle de la région de Haouz, au style rythmique vif et reconnaissable entre autre à l’utilisation particulière du daâdouâ (sorte de darbouka) dont les graves sonnent comme une basse, grâce aux mouvements d’aller-et-vient de l’avant-bras à l’intérieur du tube, ainsi qu’aux bendirs maintenus en inclinaison entre les genoux et frappés avec vigueur par en-dessus.

C’est dans les chants chaâbi qu’intervient l’atout spectaculaire des Bnet Marrakech en la personne de Malika Mahjoubi, qui possède d’une façon innée le punch et l’audace d’une star du Rythm & Blues. De sa voix de chanteuse de blues, Malika mène le spectacle avec un charme plein de candeur et un magnétisme irrésistible, invectivant le public pour mieux le chauffer et communier avec la musique. Mais le pivot musical du groupe est « Aziza » Ait-Zouin, chanteuse, percussionniste des naqqous, joueuse à la fois de kamantche (violon joué verticalement) de oud et de gembri . De sa voix solide, elle répond avec la conviction et la rythmique idéale pour relancer le chant.

Avec pour seuls outils expressifs leurs voix et diverses percussions, elles interprètent leurs chants d’amour et de révolte s’égrenant au fil de rythmes hypnotique.

Formation
Aziza Ait Zouin : Chant, naqqous, violon, oud ; Halima Chamkhi : Chant, daadour, darbouka ;
Fatima Bakkou : Chant, tarija, tubsil, bendir, triar ; Malika Mahjoubi : Chant, bendir, tarija, danse ;
Fatima Malih : Chant, tarija, bendir.

Discographie
« Chaam’a »
Emprunte Digitale

© Photo. Patrick Glaise