» Tu me dis » Liberté « . J’entends en écho » réduit, barricade, prison, liens, nuds, carcan, emprise ou limites « . Mais ce sont là des mots que je ne veux dire avant de les avoir pensés dans la langue intime de ma parole propre »
Christiane Rafidinarivo
à Johary Ravaloson*
Liberté Plastik, Mélanges, Editions Grand Océan, 2000
Je te sens arrimé
Et te suis, attachée
Dérivée d’oralité
De ta bouche dévorante
De ta bouche signifiante
Chavirée d’éternité
Dans l’instant de tes mots
Et le dard de tes yeux
Enfonce mes orbites
Enfonce mes invites
Je roule dans l’océan
L’océan de moi même
Aux maux liquéfiés
D’une langue oubliée
Je me répands infinie
Tu te répands insoumis
Je te réponds dans la nuit
Tu te répands infini
Tu te donnes enfin
Tu te laisses, tu te lâches
Tu fermes les yeux, enfin
Tu te livres en relâche
Tu apprends la vague
Tu la prends sans la voir
Aveugle, tu veux entendre
Et je t’entends, je t’entends
Tu te tends au creux du chant
Tu n’entends plus et tu sens
L’aspiration du moment
Le volcan de l’instant
Et je t’entends, je t’attends
Jaillissement du présent
Sillon dans l’océan
Océans et grondements
Avalanches et tempêtes
Tornade à l’instant
Et je te sens, et je me sens
Et je te prends et je te prends
Corps et âme fugitivement
Corps et âme infiniment.
* Johary Ravaloson, écrivain, plasticien, juriste, prix littéraires de l’océan Indien///Article N° : 2929