La Danse des Passions

D'Édouard Al-Kharrat

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Cette danse des passions de l’écrivain égyptien, recueil de sept nouvelles écrites entre 1969 et 1990, commence par deux rendez-vous avec la mort. Rendez-vous choisi pour cet instituteur solitaire qui veut en finir avec sa solitude en décidant un soir de changer, dès le lendemain, de lieu de vie et de se trouver une femme pas « nécessairement belle » mais douce et compréhensive pour lui tenir compagnie. Toutefois, avant de basculer dans ce nouveau monde de félicité, il s’empresse de noyer dans le fleuve Noussa, sa petite chienne si dévouée et si bonne. La volonté défaillante après le triste abandon de Noussa, l’instituteur manque de peu sa propre noyade. Il rentrera chez lui, sans Noussa, plus solitaire que jamais.
Rendez-vous imposé, par contre, pour Haneyya. Une jeune veuve, courageuse, fière de sa relative liberté, de la frêle beauté de son corps, amoureuse de la vie simple et le coeur plein de petits défis. Tous comportements qui tranchaient et choquaient énormément dans ce village de Haute Égypte. Y compris ses trois cousins, Boctor, Chafik et Zekri, qui transformèrent le rendez-vous d’affaires avec Hanneya en piège violent et mortel. La suite est pratiquement de la même veine. Suicide, viol, meurtre, misère, à la campagne comme dans la ville… les nouvelles venues d’Égypte, par la grâce du talent d’Édouard Al-Kharrat, ne sont pas particulièrement bonnes. Mais elles disent aussi la réalité d’une terre rugueuse, ingrate, dure à vivre, où les hommes ne prennent pas toujours des gants pour laisser libre cours à leurs passions. Une terre où le désir de vivre est immense mais où les contraintes sociales, économiques et religieuses sont si lourdes et frustrantes. Le style de l’auteur est sculpté, aérien, imposant. Al-Kharrat, fidèle en cela à la tradition arabe, use souvent de la métaphore, fait appel à la rondeur des mots, aux couleurs chatoyantes de la poésie pour dire certaines réalités dérangeantes.

La Danse des Passions, d’Édouard Al-Kharrat, Actes Sud, 125 p., 78 F///Article N° : 196

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