Le Train des sables

De Jamal Mahjoub

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Jamal Mahjoub est un écrivain nomade. Né de père soudanais et de mère anglaise, il a passé son enfance à Khartoum qu’il quitta pour l’Angleterre, puis le Danemark, pour atterrir finalement à Barcelone. Ce cosmopolitisme se reflète dans ses romans qui portent tous le sceau de la diversité : la quête du jeune métis Tanner au pays de son père dans La Navigation du faiseur de pluie, le parcours du savant Rachid d’Alger vers le Danemark dans Le Télescope de Rachid.
On retrouve le même souci de diversité dans Le Train des sables qui relate l’épisode du Mahdiyya (1880-1899), période charnière dans l’histoire soudanaise. Le peuple était alors uni autour d’un prédicateur islamique, le Mahdi, prêchant la guerre sainte face aux envahisseurs britanniques et turcs. Mahjoub accorde peu de place aux deux protagonistes de l’histoire, le Mahdi et Sirdar Gordon Pasha, gouverneur britannique de Khartoum. Il préfère laisser la scène aux gens du peuple en utilisant des voix multiples : un soldat anglais, une jeune femme épileptique, un érudit islamique, un cuisinier de l’armée, un palefrenier. Le récit semble constamment rebondir vers d’autres personnages, ce qui ne facilite pas la lecture. Mais la multiplicité des points de vue fait le charme et l’originalité du roman.
De longues recherches ont précédé l’écriture, la fiction est parsemée de détails historiques précis. « A un certain point, il faut laisser tomber les recherches et commencer à écrire. Quelque chose se développe sur la page, les personnages se profilent, leurs voix émergent« , dit Mahjoub.
Un de ces personnages est le désert, allié silencieux des mahdistes qui « sortent littéralement du sol« , « si bien que vous pouviez avoir cent hommes allongés sous votre nez sur une plaine rocheuse, la plus plate et la plus banale que l’on puisse imaginer, sans que vous puissiez les voir« . Le titre anglais du roman, The Hour of Signs, est évocateur de cette relation au paysage, orné de signes invoquant la victoire ou la défaite. Les colonisateurs ne s’y trompent pas et entament une agression ultime par la construction d’un chemin de fer, imposant un ordre unique et marquant la fin d’une époque.

Le Train des sables, de Jamal Mahjoub, traduit de l’anglais (Soudan) par Madeleine et Jean Sévry, Ed. Actes Sud, 2001, 342 p. 21,9 €, 143,65 FF.
Du même auteur :
La Navigation du faiseur de pluie, Actes Sud, 1998.
Le Télescope de Rachid, Actes Sud, 2000. (en poche dans la collection Babel)///Article N° : 2138

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