Le Triomphe du Chaos, de Midnight Ravers

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Initié par Dominique Peter, producteur, Dj et musicien averti, le collectif « Midnight Ravers » nous présente son premier opus « Le triomphe du Chaos » sorti sur le label Irfan en ce mois d’octobre.

C’est en 2010 que Dominique Peter, batteur du groupe High Tone découvre non sans fascination Bamako, intrépide capitale du Mali. Revenu au bercail, plus précisément à Lyon, il entame un travail de composition, les premières ballades empreintes d’électro vont voir le jour… Retour au Mali en mars 2012. A l’Humble Ark Studio chez l’inévitable Manjul, les premières sessions d’enregistrements vont démarrer.
Avec la synchronicité que seuls les projets novateurs autorisent, les prises de son s’enchaînent pour les futurs « Midnight Ravers ». Comme par enchantement, la fine fleur des musiciens maliens se rassemble : Assaba Dramé (N’Goni et Tama), Samba Diabaté (guitare), Cheik Diallo (flûte peul), Madou « Sidiki » Diabaté (Kora), Fodé Kouyaté ainsi que Lamine Tounkara (Dumdum et batterie) et enfin Fatim Kouyaté, Cheik Sirima et Shanti D pour les voix.
L’ouïe trouve ici matière à se réjouir : de jolies mélopées, des riffs bien sentis, quelques chorus inspirés, on sent que les intervenants ne sont pas là pour faire de la figuration. Dans l’ensemble, ils font valoir une technique maîtrisée au service d’un discours musical de qualité. Les chants, en bambara et en anglais, empreints de sensibilité oscillent par exemple entre ballade amoureuse et cri du cœur pour rappeler le peuple malien à l’unité. A cette musicalité « roots » répond le plus souvent un basse-batterie compact et puissant qui ravira les amateurs de dub. Sans se renier, Dominique Peter sort ici des sentiers battus et de son champ de prédilection habituel. Défi relevé avec succès !

Entre urbanité et musique traditionnelle

Un soin particulier a aussi été apporté aux arrangements et au mixage, réalisé à Lyon par Mr Peter himself. Pas question de sombrer dans le « tout au dub », le traitement du son est de bonne facture, les effets, en général, utilisés à bon escient.
L’illustrateur et graphiste Emmanuel Prost est aussi du voyage au Mali. Il apporte à cette œuvre, crayon en main, une dimension nouvelle, débordant le champ musical pour le plaisir de nos rétines. Là encore, l’ambiance des lieux est là, et pas simplement sous la forme d’un coup de marketing savamment orchestré. Ce carnet de voyage mesdames, messieurs, c’est 50 planches, des toiles et dessins, le genre de bel ouvrage dont on ornerait son salon avec plaisir…
Pour revenir à la musique à proprement parler, « Le Triomphe du Chaos » métisse donc avec sagesse, sonorités dub-électro et musiques traditionnels mandingues, deux univers aux textures sonores à priori bien distinctes. Dès la première plage, on se sent comme invité à un voyage méditatif sans qu’aucune substance psycho-active ne soit requise, la musique laissant libre cours à l’imaginaire. C’est bien que sans atteindre l’épure, les « Midnight Ravers » évitent la surcharge pondérale. En d’autres termes, « ils n’en mettent pas plein partout ! », comme on dit dans le jargon des musiciens. Et l’auditeur de balancer entre urbanité et musique traditionnelle, un peu à l’image de Bamako, la ville qui a porté cette aventure.
Dominique Peter et ses acolytes ont préféré la qualité à la quantité. Par les temps qui courent, c’est une bonne nouvelle mais il faut bien avouer que ça aiguise l’appétit ! Arrivé à la huitième et ultime « track », on se prend à rêver que d’autres échantillons soient dans les cartons et qu’une suite puisse voir le jour…
A entendre et à voir donc, sur vos enceintes, en « live » ou lors des expositions sonores itinérantes !

///Article N° : 11834

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