Les chemins du Nil. Les relations entre l’Égypte ancienne et l’Afrique Noire

D'Aboubacar Moussa Lam

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Le chercheur sénégalais apporte dans cet ouvrage des éléments d’information en faveur de sa thèse : le véritable berceau de l’unité culturelle négro-africaine serait la vallée du Nil, notamment dans sa partie égyptienne. Cette thèse, qui s’appuie sur de récentes fouilles archéologiques et avancées scientifiques, vient contrecarrer l’idée d’une Égypte « extra-africaine » ayant connue une séparation précoce d’avec l’Afrique noire (Sahara oblige !), l’ayant influencé seulement à distance ou ayant eu des influences tardives et indirectes. Idée défendue depuis belle lurette par des égyptologues aussi éminents que Maurice Delafosse, Alfred Muzzolini ou D. E. Derry. L’auteur opte lui pour la thèse défendue par Cheikh Anta Diop qui parle de la négritude et l’africanité de la civilisation égyptienne, l’existence de liens privilégiés entre celle-ci et les civilisations négro-africaines et qui affirme que  » la civilisation égyptienne vient non seulement de l’intérieur du continent mais qu’avec la désertification du Sahara, les populations africaines ont reflué dans la vallée du Nil « . Alors que la plupart des égyptologues font une confiance aveugle à la seule archéologie, la réflexion de Cheikh Anta Diop repose sur  » le croisement de disciplines et le recoupement de preuves puisées à des sources différentes avec une place très importante accordée à la tradition orale « , ce qui lui permet de multiplier les preuves et les traits communs :  » c’est la finesse, le nombre et la variété des similitudes constatées qui accordent à la vallée du Nil ce statut privilégié (de berceau), faisant disparaître ainsi les multiples écrans de fumée dressés entre l’Égypte et l’Afrique Noire…  »
Dans un second temps, l’auteur s’attache à exposer tous les faits qui attestent de la parenté entre les deux parties du continent : faits relevant du pouvoir, de la religion, de la civilisation matérielle. Pour Moussa Lam,  » l’accumulation de ces faits doit permettre la reconnaissance sans restriction de l’origine nilotique de l’écrasante majorité des populations négro-africaines de l’intérieur du continent.  » En dépit de la complexité du sujet, l’auteur arrive à passionner le lecteur. La clarté du langage et de la démonstration y sont pour beaucoup.

Les chemins du Nil. Les relations entre l’Égypte ancienne et l’Afrique Noire, d’Aboubacar Moussa Lam, Ed. Présence Africaine-Khepera, 1997, 223 pp.///Article N° : 274

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