Murmures

AFRICAN WOMEN IN CINEMA BLOG – Hachimiya Ahamada : De quoi rêvent nos Comores ?
décembre 2011 | Faits de société | Cinéma/TV | États-Unis
Source : AFRICAN WOMEN IN CINEMA BLOG

Français

Entretien avec Hachimaya Ahamada par Beti Ellerson, décembre 2011
Hachimiya Ahamada, diasporienne des Comores et Française issue de l’immigration comorienne, embrasse ses deux cultures, tout en recherchant une identité qu’elle ne connaît que par les récits de ses parents et par les images reçues. C’est à travers le cinéma, avec sa caméra, qu’elle retrouve ses racines comoriennes.


Hachimiya, vous êtes née et vous avez grandi en France, faisant partie de la diaspora comorienne avec des racines bien ancrées aux Comores. En tant que comorienne de la diaspora en France, quelle est votre relation avec les Comores?

Je suis née à Dunkerque où la diaspora comorienne y est très présente. On dit parfois que c’est la 3è ville comorienne de France (après Marseille et Paris ou le Havre- les premières migrations venant des ouvriers marins). C’est une grande communauté qui reste pour le moins très discrète dans la ville.
Je suis partie pour la première fois aux Comores à l’âge adulte. Un peu tard pour connaître sa famille et ses origines. Avant cela, depuis mon enfance dunkerquoise, les Comores restaient un pays imaginaire et je le devinais à travers les yeux de mes parents. Je découvrais l’archipel également sous forme d’images d’Epinal: des timbres postaux, des cassettes vidéo, des photos, des posters touristiques, des tableaux naïfs…

Mon père travaillait comme manutentionnaire dans une usine de métallurgie. Son rêve était de construire une maison pour la famille dans son village natal (Ouellah Itsandra- Grande Comore). Toute son économie était pour concrétiser cela. Tant que la maison n’était pas finie, on ne partait pas aux Comores. Voilà pourquoi on a mis du temps à partir même si la maison est à ce jour pas tout à fait terminée.

Je me définis comme une enfant de la diaspora comorienne qui a la richesse de posséder deux cultures (de naissance et d’origine). Par le biais du cinéma, j’essaie de comprendre mes racines comoriennes. Je souhaite filmer les Comores avec des sujets qui soient différents du folklore, des grands mariages, des traditions, de Bob Denard…montrer les Comores autrement que par les idées reçues.
Quelles ont été vos expériences avec le cinéma en grandissant et comment êtes-vous arrivée au cinéma?

À l’adolescence, je passais presque tous mes mercredis et mes samedis après-midi dans un atelier vidéo qui s’intitulait « l’Ecole de la Rue » au sein d’une MJC (Maison des jeunes et de la culture) à Dunkerque. C’est là que furent mes premiers pas en cinéma. Avec mes amis, on échangeait autour de nos premiers essais filmés et également autour d’œuvres cinématographiques. On forgeait notre regard à travers des films exigeants. Il y avait une telle alchimie dans notre groupe qu’aujourd’hui beaucoup d’entre nous avons un métier qui touche au cinéma (projectionniste, producteur, réalisateurs, coordinateur dans la diffusion auprès des écoles…). ‘L’Ecole de la rue’ était nôtre âge d’or : on vivait notre adolescence à travers les images!

À l’époque, il y avait également ‘Les Rencontres Internationales Cinématographiques de Dunkerque’ (qui n’existe plus aujourd’hui). Les réalisateurs confirmés croisés lors de ce festival, nous avaient incités à poursuivre le désir de réaliser. Je n’osais pas trop passer le cap, je ne m’en sentais pas capable même si j’en rêvais. C’est avec l’impulsion de mes amis que j’ai osé passer un concours d’entrée dans une école de cinéma. J’ai fait la formation de Réalisation à l’Insas (Institut National Supérieur des Arts du Spectacle et de la Diffusion) à Bruxelles. J’ai eu mon diplôme en 2004. Quatre ans plus tard, j’ai réalisé mon premier court-métrage de fiction La résidence Ylang Ylang sur l’île de la Grande Comore. À ma grande surprise, ce film a été diffusé à la Semaine Internationale de la Critique à Cannes en 2008.

LIRE l’article en intégralité sur [http://africanwomenincinema.blogspot.com]

English

Interview with Hachimiya Ahamada, and translation from French to English by Beti Ellerson, December 2011.
Hachimiya Ahamada, diasporian of the Comoros and French of Comorian origin, embraces both her cultures, while at the same time in search of an identity she knows only from her parents stories and images that she has seen. It is through cinema-the lens of her camera, that she finds her Comorian roots.

Hachimiya, you were born and raised in France, part of the Comorian Diaspora who has deep roots in the Comoros. What is your relationship to the Comoros as a Diasporan in France?

I was born in Dunkerque where the Comorian Diaspora is very present. It is considered the third city of the Comorian Diaspora in France (after Marseille, Paris or le Havre-the first migrations coming with maritime workers). While a large community it is a rather quiet one.

I went to the Comoros for the first time when I was already an adult, a bit late to search for one’s family and origins. During my childhood in Dunkerque, the Comoros remained an imaginary country and I envisioned it through the eyes of my parents. I also discovered the archipelago through the images of an idyllic island: postage stamps, videos, photos, tourist posters, naive paintings…

My father worked as a packer in a metallurgy factory. His dream was to build a house for the family in his native village (Ouellah Itsandra in the Grande Comore). All of his savings went towards the realisation of this dream. Unless the house was completed we would not go to the Comoros. That is why it has taken so long to go there, even though the house is still not quite finished.

I define myself as a child of the Comorian Diaspora who has the wealth of two cultures (that of birth and of origin). Through cinema, I try to understand my Comorian roots. I want to film the Comoros from a different perspective than the folklore, large weddings, traditions, and the legendary Bob Denard. I want to show a different Comoros than preconceived ideas of it.

What were your experiences with cinema while growing up and how did you come to filmmaking?

During my adolescent years, I spent most of my Wednesday and Saturday afternoons in a video workshop entitled « School of the Street » in a youth and culture centre in Dunkerque. It is there where I took my first steps in filmmaking. Together, my friends and I came together as we made our first attempts at filming and also to watch films. We learned to see critically by watching challenging films. There was such a chemistry between us that today many of us are connected in some way to cinema (projectionist, producer, director, coordinator in the distribution to schools and so on). The « School of the Street » was our golden age: we lived our adolescence through moving images!

At the time, there was also « Les Rencontres Internationales Cinématographiques de Dunkerque / The International Film Festival of Dunkerque » (now defunct). Mingling among these established directors at the festival stimulated our desire to make films. I did not dare try. I did not feel capable even though I dreamed of doing it. With the motivation of my friends I found the courage to take the film school entrance exam. I studied film directing at Insas (Institut National Supérieur des Arts du Spectacle et de la Diffusion) in Brussels, graduating in 2004. Four years later, I made my first short fiction film The Ylang Ylang Residence about the Grande Comore Island. To my surprise, the film was screened at the International Critics Week at Cannes in 2008.

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