Monique Ntoutoume, alias Moon, se définit comme un peintre épisodique. Autodidacte, son uvre naissante est pleine d’intensité et hors normes. Une diseuse d’avenir le lui avait prédit, et bien d’autres choses. Depuis, certains la qualifient de peintre médium. Sa production est empreinte d’une grande mystique qui semble lui plaire et avec laquelle elle joue. Comme en quête d’un moi en villégiature.
Comment arrives-tu à la peinture ?
C’était comme une forte envie de fumer. Ça m’a pris comme ça. Cela revenait moins cher que d’aller chez un « psy »
La première fois je suis tombée dans une période d’anorexie inconsciente, je ne voulais que ça : peindre. En trois semaines j’ai produit 40 toiles. C’était violent. Je me disais : « Ou je peins ou je meurs ! » De toute façon, je n’arrive pas à travailler dans un programme, à préparer une exposition. Je peins quand je suis en crise. Cela devient essentiel, plus rien n’existe ! Pendant deux ans, je n’ai plus rien fait
Récemment tu as produit des sculptures
Au départ, je dois dire que la sculpture m’intéressais. Parce que je sentais les formes, les lignes et les volumes. Je m’imaginais même sculpter sans yeux. Mais j’ai eu peur pour mes doigts
Il me fallait faire des choses fines, élancées. C’est donc en me rendant l’année dernière chez un ami garagiste, que le choc s’est produit. Il y avait dans son garage une pièce avec une tête. L’idée m’est donc venue de mélanger du fer avec de l’écorce, mais je n’avais pas encore de sujet. Ils sont arrivés dans un rêve, en sautant sur moi : c’était un troupeau d’éléphants, ils étaient nombreux et partout. Je me suis réveillé en sursaut, mais j’étais contente.
Quelle est ta source d’inspiration ?
Souvent des masques, des masques cachés
des têtes, la nature ciel ou forêt. Evidemment, ce n’est pas du figuratif. Je ne sais pas dessiner. Après avoir fait mes premiers tableaux, j’ai eu envie d’apprendre à dessiner. Je me suis inscrit à l’atelier Minkoë-Mi-Nzé pour une année. Mais je n’ai pas été au-delà de trois mois, en étant très irrégulière. Ce n’était pas pour moi. De toute façon, je ne peux pas provoquer ma création. C’est elle qui m’emporte.
Le masque comme inspiration, et pourtant votre peinture tranche avec tout ce qui se fait au Gabon
.
Nous peignons un peu tous notre culture. Le masque c’est l’imaginaire
Ça fait peur, ça angoisse. Mais paradoxalement ça rassure aussi. C’est ma culture que je peins, mais je ne choisis pas de le faire. Impression et atmosphère en jet parce que je ne veux pas faire comme les autres. Je badigeonne
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