Fiche Personne
Musique

Rim’k (Rim’k)

Chanteur/euse, Auteur-compositeur/trice
Algérie, France

Français

2012, année particulière pour Rim’k, avec le cinquantième anniversaire de
l’indépendance de l’Algérie, sollicité pour les concerts en sa commémoration. Audelà de son statut d’artiste, le leader du groupe 113 a une vision bien ancrée dans laréalité sociale, la crise et son histoire. Présentation du gros et de son nouvel opus.
Avec son troisième album « Chef De Famille » Rim’k expose un background dequinze années dans la musique, le cinéma et même la bande dessinée ! Le gros -auteur des albums solo : L’enfant Du Pays, Famille Nombreuse ou avec 113, songroupe : Ni Barreaux, Ni Frontières, Ni Barrières, Princes De La Ville (2 victoires dela musique en 2000), 113 fout la merde, 113 Dans L’urgence, 113 Degrés, Universel,ainsi que ses compilations d’inédits « Illegal radio » & « Maghreb United » – cumuleun lourd CV discographique et a exploré le rap sous tous les angles : la rue, l’électro,le raï ou la funk. Comme il l’affirme dans l’intro de son nouveau solo « On est pas des anciens fréro, on est des tauliers »

Jamais dépassé, il se surpasse dans son art en harmonie avec son temps et les courants musicaux qui l’inspirent: Les combinaisons avec les portes paroles de l’électro Daft Punk, Kavinsky, Mehdi, Demon…, les invités pour les compositions raï Khaled, Cheba Zahouania, Cheb Mami…, les featurings avec Booba, Kery James ou ses collègues de la Mafia K1 fry. Vous l’aurez compris Rim’k n’a jamais été sectaire et à l’image des quartiers populaires,il est très ouvert, créatif et fédérateur. Au delà
des transversales musicales, Rim’k, avec ses formulescinématographiques, ses punch-lines tabassantes ou prenantes jusqu’aux tripes, est également un globe trotter qui a sillonné l’hexagone, l’Europe, l’Afrique et s’est produit sur plus d’un millier de dates. L’apogée de sa longue carrière, c’est Maghreb United « J’ai fait le disque d’or, rempli le Zénith et entièrement géré le projet, de son élaboration jusque sa mise en place » Avec ou sans disque, avec ou sans équipe, « j’arrive seul je
n’ai que ma mère et mon kalashnivov » le vitriot déboule sur scène et ce depuis le 113. Bien évidemment le vif du sujet n’est pas sa longue carrière, ses disques d’or ou ses featurings mais son troisième solo.

Pour « Chef De Famille », album de l’expérience, il fait appel aux producteurs capables de réaliser des sons sur mesure : Therapy, Cannibal Smith, Blastar, Demon, Skalp… Dans le premier titre « Portrait Robot » Rim’k donne sa position dans le rap et ce n’est que la mise en appétit d’un album cohérent musicalement, riche et profond en terme d’écriture. Si il sait fédérer et faire danser les communautés à l’image de ses nombreux tubes, il sait aussi peindre des fresques musicales assez sombres, graves et pertinentes sur notre société. Le morceau « Les Oubliés » a cette
portée sociétale de constater et d’amener à la gamberge. Le refrain retentissant sonne le glas et rend hommage à ces populations délaissées pourtant investies pour l’Hexagone : « Je combats mes peurs, plus rien à perdre, hommage aux travailleurs, aux tirailleurs morts pour la France, oubliés par la France ». A l’heure des débats stériles et inutiles sur la population d’Afrique qui a servi la France, gommée, restée au fond du front trouée par les balles de métal ou impacts d’obus.
Rim’k leur rend hommage et explique cette rupture entre les enfants d’immigrés et la France : « Ce titre, c’est comment on vit avec ce poids, celui des nôtres morts pour la France, qu’on oublie. Ils font style, ils ont découvert le peuple arabe avec les révoltes du printemps arabe mais on est là depuis très longtemps ! ».
Autre moment fatal de l’album et significatif du malaise social dans notre pays : « Bad trip ». Le track vous prend à l’estomac, projette une pléiade d’images d’une population dans le désespoir, vous laisse sans voix par ses images choquantes, ses punch-lines, sa véracité. « Les gens des quartiers ont les ambitions coupées à la racine, ils ont du mal à voir plus loin que le bout de la rue : le décrochage, la stigmatisation. Au tribunal de Créteil, on dit que le nom de ta ville peut être une peine de prison en plus. Et cela concerne même les français de souche » souligne l’artiste « et ce qui définit notre place dans la société, c’est notre milieu social » conclut justement Rim’k. Plus léger mais révélateur, « Addict » passe en
evue les nombreuses addictions de chacun d’entre nous, d’Internet, aux jeux d’argent, du football, aux femmes etc. L’album ne tombe pas dans le misérabilisme mais le constat, car le rap reste avant tout un point de vue sur la société. Rim’k maîtrise avec brio ce moyen d’expression.

« Chef de Famille », c’est aussi de la performance avec « I Love My Bled » aux sonorités club et un clin d’oeil aux courants actuels outre atlantique, tout en restant en 504 break ; « Bac-5 » à l’aspect documentaire sur le parcours dans le milieu populaire avec Awa Imani au refrain. Et « GPS », une performance sur une production musicale de Demon, un délire dans une autre veine, au volant d’une grosse caisse.
Le rappeur nous offre aussi des moments traditionnels comme « On reste fiers »avec Kader Japonais, ou purement festifs comme « Tonton Music Club »avec Francisco, morceau dancefloor dans la même lignée que ses titres « Jackpotes 2000 », « Au Summum », « Par Tradition » ou « Célebration ». Un casting de choix en guise de feat. Vient compléter ce nouvel album : Booba, Grand corps malade, AP, DespoRutti, Toma, Awa Imani… Avec « Chef De Famille », malgré sa ganache cramée, sa calvitie et le poids de sa vision sur la rue, Karimovitch imbibé du milieu populaire, de ses rencontres humaines et musicales, a de quoi divertir le public mais
aussi éclaircir les grands médias sur les quartiers qui cataloguent parfois le rap  » J’ai de belles couvertures médiatiques, et je vois bien que les médias n’ont pas de problème avec le rap mais ils le prennent trop au sérieux. Certaines de mes images prises au premier degrés peuvent interpeller mais il s’agit de rap et ma musique doit à la fois être forte mais doit aussi parler aux gens des quartiers populaires ». Vous comprendrez à l’écoute de cet opus et en entretien avec Tonton(référence à son hit Tonton du bled) qu’il ne fait plus de la musique sous pression mais qu’il met la pression à la musique tel un chef de fil.

Rachid Santaki
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