Fiche Personne
Arts plastiques Design

Soly Cissé

Plasticien/ne
Sénégal

Français

Né à Dakar en 1969, Soly dessine beaucoup dès l’école primaire. Sa mère pressent ses envies mais son père est opposé à ce qu’il arrête ses études pour se consacrer au dessin. En classe de 1ère, un jour, il quitte les cours. Il est sûr de son choix. « Pour moi, c’est l’amour du métier qui prime », « Le métier d’artiste est un métier noble. Il permet de terminer ta vie avec intelligence et imagination ». Seul, il apprend à dessiner avec des bandes dessinées.
« Formé à la peinture et à la sculpture, sorti major de sa promotion à l’École des Arts de Dakar en 1996, il opte cependant pour la section design : le mobilier, les objets, l’environnement et l’aménagement. Par là, il choisit d’emprunter un détour : sa vision plastique exigeait, dit-il, d’échapper à l’emprise académique pour sauvegarder sa liberté créative. Son père sans le savoir l’a inspiré, dit-il. S’il y a des squelettes, des os, et du noir et blanc dans ses oeuvres c’est parce que son père, médecin, ramenait à la maison des radios de patients. Soly Cissé s’amusait à les redessiner. »1 A sa sortie d’école, il participe à un concours international de photo au Centre culturel français de Dakar, qu’il gagne et qui lui permet de partir en France pour présenter son travail de photomontage ; puis à un concours Kodak qu’il gagne avec un travail de photos sur les graffitis en banlieue. Il part étudier 3 mois à l’école de Photographie de Bruxelles, pendant lesquels il suit également des cours de peinture et de théorie des arts.
De retour à Dakar, il organise sa première exposition, au Centre culturel français, en 1997.
Suite à cette exposition, il en réalise une autre chez Aissa Dione, en 1998, à la galerie Atiss à Dakar.
Il est ensuite invité en résidence à Olurun Espace, à Ouagadougou, un lieu de formation pour les jeunes aux métiers de l’artisanat, où il fait alors des rencontres qui le mènent à la Biennale de Sao Paulo, puis de la Havane. Il expose ensuite à Arte Fondation en Italie, à Madagascar, et enfin à Ottawa, où il obtient le prix spécial pour les arts plastiques.
A la fois peintre, sculpteur, scénographe, Soly représente des personnages mi-hommes, mianimaux, sculptures totems, arbres imaginaires aux couleurs vives, séries de dessins en noir et blanc dans un univers mythique et mystique qui sont au coeur de son travail, effaçant ainsi les frontières entre le monde réel et l’imaginaire. Le travail de Soly, campé dans la solidité du trait et de la figure, impose une présence massive et inquiétante comme une menace, une accusation des laissés pour compte à l’encontre de l’ordre mondial qui les écrase.
« Soly Cissé semble bien assumer la première fonction d’artiste, dans tous les temps, sous tous les cieux : contester rôles et normes. Il ne clame qu’une seule influence, celle du fulgurant plasticien d’origine haïtienne, Jean Michel Basquiat. Cette unique référence balise clairement le chemin que Soly choisit : « Ceux que je fréquente ont des références extérieures, extraverties et la touche africaine? » Soly Cissé peint, sculpte, façonne le papier mâché, le kraft, l’argile, la cire à bois, il travaille l’accumulation de petites toiles en série graphique, recycle le bois et se réapproprie au passage l’un des plus antiques agencements africains : l’installation.
Pourtant, Soly se défait de toute référence identitaire ou ethnique. Restent des histoires à raconter, toujours. »

Florence Alexis, in « Au détour de la colère, les contours du monde », exposition’Couleurs d’Afrique’, Apt, 2003, p. 5, 6 et 7.

1 Florence Alexis, in « Au détour de la colère, les contours du monde », exposition’Couleurs d’Afrique’, Apt, 2003,7 p. 5,6 et 7.




Un homme perdu

« Soly Cissé est un homme précis, un homme pressé
Un trait, c’est tout
Entre la fin d’un monde et sa naissance d’un nouveau, la série « la palette » est une
étape dans sa démarche, entre bilan et renouveau.
Partout des personnages torturés par les doutes de l’artiste.
Entre déshumanisés, animaux s’humanisant.
Chiffre, code-barres, pictogrammes, graffitis, silhouettes sénoufos.
Sa marque de fabrication.
Lire entre les lignes.
Un seul acteur, l’Homme.
S’interroger sur son existence, passé, présent, futur.
Son trait, décidé, nerveux, agile, reprend le fusain là où l’avait laissé ses ancêtres.
Il dessine le vide.
Rapide, il capte l’être par défaut.
Vive, sa ligne danse autour de l’informe sans le brusquer.
Juste un clin d’oeil au destin, au plein. »


Hélène Leray et Olivier Sultan
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