La Rose des Vents

De Georges Zreik

Georges Zreik en territoire métaphysique
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La scène a lieu au pays de Zade, aux alentours de 2082. Par le plus fortuit des hasards, un promeneur solitaire nommé F.K. découvre une rose blanche aux effets surprenants. En effet, dotée d’une propriété jusque-là inconnue chez les rosacées, celle-ci communique enthousiasme, détermination et bonheur à ceux qui l’approchent. Humaniste, et convaincu que cette rose est un don de la nature, F.K. en propose la commercialisation libre de toute détention de brevet. Fournie et vendue en pot, la rose des vents n’en continue pas moins d’étonner par ses effets.  » La personne qui en coupe une tige fleurie se trouve envahie, enveloppée et saisie par une griserie de l’ordre de l’éblouissement et de la féerie  » (p. 40).
Seulement voilà, lorsqu’à l’extérieur du pays de Zade, de puissants groupes commerciaux, regroupés sous le label de l’Ordre ou G.G.M (Grands Groupes Mondiaux), cherchèrent à prendre le monopole de cette denrée rarissime, il se produisit une violente désillusion. Hors du pays de Zade, et malgré toutes les études scientifiques pour comprendre le fonctionnement de la rose des vents, celle-ci cessait purement et simplement de dégager ses effluves magiques. Ce qui n’est pas pour plaire à l’Ordre, lequel décide alors, dans un premier temps, d’organiser des rétorsions économiques contre le pays producteur, et programme dans la foulée l’assassinat d’un F.K. droit dans ses bottes, incorruptible et totalement insensible aux séductions. Un comité de crise, sorte de réunion au sommet des pays les plus riches du monde (les G.G.M. ?) trouvera finalement la solution pour étouffer la production de la rose au pays de Zade. La culture de la plante s’étant révélée possible sur les terres avoisinantes au pays de Zade, il a suffi d’organiser une production parallèle excédentaire et de faible coût pour induire la chute des cours et des tensions entre le pays de Zade et ses voisins nouveaux producteurs. L’analyse est imparable, et les conséquences catastrophiques sur les relations entre les peuples dans cette région du monde prévisibles. Ainsi que l’affirme le Grand Maître de l’Ordre,  » L’histoire de ces peuples n’a pas de secrets pour nous, ainsi que leurs comportements. Ils sont sentimentaux, impulsifs et non-cartésiens ; (…) nous guiderons leurs fiertés et convictions dans cette guerre et veillerons à ce qu’aucun d’eux ne puisse la gagner…  » (p. 65)
Ainsi la rose, messagère de paix et d’amour, devint une menace pour la paix d’une partie du monde. Et son découvreur une cible mouvante dans le collimateur des puissances commerciales !
On peut dire de La Rose des Vents qu’il est une tentative d’approcher par la fable romanesque les enjeux contemporains de la mondialisation commerciale, avec sa cohorte de cynisme et d’inégalités foncières, entre eux ceux qui contrôlent le marché (L’Ordre)et les producteurs dont l’accès au marché reste encore fortement contingenté. Étonnant roman, pionnier presque dans la littérature africaine par l’ouverture de sa thématique à un sujet aussi vaste. De plus, l’utilisation des techniques de la Science Fiction donne au récit (placé sous le double patronage d’Orson Welles et de Khalil Gibran) un ton singulier et le propulse dans la sphère de la réflexion métaphysique sur les thèmes du Pouvoir et de la Morale. Ce  » premier roman  » a obtenu en 2002 le prix littéraire Assedi qui porte le nom de l’écrivain et dramaturge ivoirien Bernard B. Dadié.

La Rose des Vents, Georges Zreik, Abidjan, CEDA, 2002
Disponible sur www.afrilivres.com///Article N° : 3141

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5 commentaires

  1. Ce résumé est très bien fait. J’ai un orale de français demain et grâce à vous je n’ai pas eu besoin de relire toute l’œuvre … Vraiment merci beaucoup .✨✨

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