Il est toujours intéressant de souhaiter la bienvenue à une nouvelle revue, surtout quand elle soutient une position originale dans le paysage culturel. La jeune revue Point d’orgue publie de janvier à juin 2011 son numéro 5 avec, comme pour les précédents, un titre en créole réunionnais : « Zarlor ». Celui-ci est traduit et commenté par le rédacteur en chef Stéphane Hoareau dans son éditorial bilingue : il s’agit de la jarre d’or des pirates et, par extension, du patrimoine de l’île. Les articles, les entretiens et les reproductions qui suivent illustrent donc, chacun à sa manière, ce patrimoine insulaire qui va de la musique aux paysages. La rubrique « Tribunes » rassemble ainsi de solides analyses sur les conséquences du classement du patrimoine par l’UNESCO, l’emblémisation du maloya, la nécessité de classer aussi les petites îles du canal du Mozambique. Un court article sur les femmes gujaraties et une longue étude sur l’illetrisme mettent en lumière l’extrême diversité des populations vivant à La Réunion. Les rubriques « Portraits » et « Entretien » présentent, en version bilingue, le poète Mikael Kourto et le chanteur Tiloun Ramoune ainsi que des textes d’eux puis un entretien avec Bernard Leveneur, attaché de conservation du patrimoine du musée Léon-Dierx de Saint-Denis. Enfin, la section « Pièce jointe » permet de lire un extrait du roman En attendant la montée des eaux de Maryse Condé qui a reçu le Grand Prix du roman métis 2010 en décembre à Saint-Denis et un chapitre entier du feuilleton de la revue, L’enfant loué de Jean Lods. Les dernières pages rassemblent des comptes-rendus bilingues d’ouvrages de divers genres (cuisine, poésie, CD, BD) se rapportant aux îles. Précisons enfin que les petits dessins qui parcourent le volume sont des Zazous signés Fred Theys, que les photos sont de Jean-Noël Enilorac, et que les deux artistes sont réunionnais.
Le format « carnet » assure une manipulation facile de cette revue qui, tout en étant pour le moment entièrement réunionnaise, a des ambitions archipéliques. On lui souhaite de partager ses trésors et de devenir un lieu de rencontre des artistes de cette zone indianocéanique loin des centres. Elle devra probablement ne pas en rester à un seul créole, traduire, ouvrir, découvrir les richesses culturelles de ces insulaires si différents les uns des autres. Les lecteurs trouveront des renseignements sur le site : www.maloya.org
20 avril 2011.///Article N° : 10096

