Saïtane

De Oumarou Ganda

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Troisième film du réalisateur nigérien Oumarou Ganda, Saïtane – qui signifie Satan en français – est l’histoire d’un jeune couple dont la femme se laisse séduire par un riche commerçant. Ses amours clandestines seront organisés par un marabout qui la conduit sur un mauvais chemin. Brouille dans le ménage. Le père de la jeune femme veut reprendre sa fille et son petit-fils mais le mari s’y oppose car les considérant comme sa propriété. Quant au marabout, il sera puni, ridiculisé et perdra son influence sur le village. Il ne trouvera de remède à sa déconfiture que dans le suicide. Oumarou Ganda dénonce comme dans le Wazzou Polygame la tartuferie religieuse, le fétichisme et les croyances occultes faisant tant de dupes et enrichissant les escrocs en Afrique. Ainsi, il tourne ostensiblement en dérision un marabout qui, bien que semant la zizanie dans les ménages, était vénéré de tous dans son village. Saïtane est un remarquable tableau des mœurs et une merveilleuse satire sociale.
Grand cinéaste nigérien décédé en 1981, Oumarou Ganda fait son entrée dans la monde du cinéma par la grande porte. En 1957, il rencontre l’ethnologue cinéaste français Jean Rouch lors du tournage de son film « Moi, un Noir »dans lequel il décroche un rôle, « son rôle » car il y interprétera un ancien militaire d’Indochine, fonction qu’il a occupée de 1951 à 1955 dans le corps expéditionnaire français dès l’âge de 16 ans.
Mordu par cette expérience, Ganda s’inscrit à la section cinéma du Centre culturel de Niamey et s’initie pendant un an à l’art de la caméra. En 1968, il tourne son premier scénario Cabascabo grâce à une bourse. C’est un film autobiographique où il relate une partie de sa vie de soldat en Indochine et les conditions de son retour au pays. Le film sera présenté au festival de Cannes en 1969. C’est le début d’une brillante carrière : Le Wazzou polygame (1970) tiré d’un fait divers, Saïtane (1973), et son dernier film L’Exilé qui pose la problématique de la parole donnée, considérée comme sacrée dans l’Afrique ancestrale. Digne représentant de son pays, Oumarou Ganda est au Niger ce qu’Ousmane Sembène est au Sénégal. Homme modeste, autodidacte au franc-parler et considéré comme l’un des meilleurs sur le continent par ses collègues, ses films sont à son image : criants de simplicité.

1972, 35 m coul., 55 min. avec Zalika Souley, Moussa Alzouma, Damouré Zika, Oumarou Ganda, Amadou Saley, I. Hassane.///Article N° : 2193

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Un commentaire

  1. Affre catherine le

    Bonjour, pensez-vous qu’il est possible de trouver un enregistrement de Saïtane quelque part? DVD ou autre.
    Cordialement. Catherine

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