Speed dating politique – round 2

Éducation et représentativité politique

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Le 26 février 2012, Afriscope et plusieurs acteurs de la diversité ont interrogé dans le cadre d’un « speed dating politique » les présidentiables ou leurs représentants. À l’ordre du jour : représentativité, laïcité, statistiques ethniques, immigration. Africultures reprend ces débats animés et publie les trois rounds de ce rendez-vous politique. Au cours de ce second round Philippe Poutou, Camille Bedin, Patrick Lozès ont présenté leur position respective sur l’éducation et la représentation politique.

Éducation, l’école en panne ?
Ayoko Mensah, rédactrice en chef du magazine Afriscope : Comment faire pour que l’école valorise la diversité ethnique et culturelle de ses élèves ?
Philippe Poutou, candidat à la présidentielle pour le NPA : « Il faut davantage de postes d’enseignants », telle est la priorité selon le candidat d’extrême gauche. Il reprend les propositions du Nouveau Parti Anticapitaliste pour l’école et souligne que « l’éducation est un service public, qui doit rester libre et gratuit pour tous ». L’école n’est pas le monde de l’entreprise, martèle-t-il. Il exige par ailleurs « la suppression de la loi sur les aspects positifs de la colonisation » et veut que les manuels scolaires mentionnent « les horreurs que la France a commises au nom de la République ». Selon lui un débat public et démocratique devrait permettre de définir les programmes d’une nouvelle école républicaine. « Chaque jeune doit pouvoir être reconnu et son parcours d’apprentissage adapté, sans logique d’échec. »
Camille Bedin, secrétaire nationale en charge de l’égalité des chances pour l’UMP : « Les chefs d’établissement pourraient développer leur projet pédagogique davantage en relation avec les milieux associatifs et les parents d’élèves. Ensemble, ils établiraient un cursus cohérent pour chaque élève en fonction de ses besoins. » La représentante du parti de Nicolas Sarkozy appelle de ses vœux une éducation « sur mesure » pour contrecarrer les dysfonctionnements actuels. « 40 % d’enfants d’ouvriers redoublent le CP contre 4 % d’enfants de cadres, il y a un réel problème. » Rappelant son engagement de terrain à Nanterre, aux côtés de deux associations de soutien aux lycéens, elle réaffirme que « l’éducation nationale doit savoir s’adapter aux besoins des élèves et donc donner plus à ceux qui en ont besoin. »
Patrick Lozès, candidat à la présidentielle du parti centriste « Allez la France » : « Pur produit de l’école républicaine » comme il se définit, il aimerait que « ce qui a marché pour (lui) marche pour les autres. » Avec son parti, il propose de supprimer les zones d’éducation prioritaires et de mettre en place un statut de l’élève à besoin éducatif prioritaire avec plus de moyens et un soutien scolaire individualisé. « En 1870, Jules Ferry disait qu’il fallait faire reculer la dernière inégalité, qu’il appelait « inégalité d’éducation » et regardez où nous en sommes aujourd’hui. De graves inégalités demeurent ! » Patrick Lozès déclarait il y a quelques mois : « la formule « Nos ancêtres les Gaulois » ne me gêne pas mais j’aimerais que « Nos ancêtres les Antillais » ne gêne personne non plus. » Le candidat d’Allez la France rappelle son engagement pour l’enseignement de la diversité à l’école : « il n’y a pas de raison que certaines pages de notre histoire soient absentes de nos manuels scolaires. »

L’AFEV lance un cri d’alarme
Alors que 150 000 jeunes sortent actuellement du système scolaire sans qualification ni diplôme, l’Association de la Fondation Étudiante pour la Ville (AFEV) lance un Pacte national contre l’échec scolaire, véritable cri d’alarme auprès des responsables politiques. 52 personnalités ont déjà adhéré à ce pacte pour que « chaque élève trouve une place dans la société quelles que soient ses difficultés ou ses appétences ». À retrouver sur : [pacteechecscolaire.org]
Représentativité politique, tout reste à faire !
Ahmed Nadjar, directeur de publication de Med’in Marseille : Va-t-il y avoir enfin en 2012, sur la scène politique, une place pour les personnes issues des migrations, des quartiers populaires, celles qui sont actuellement « bannies de la République ? »
Patrick Lozès, candidat du parti centriste « Allez la France » : L’ancien président du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) insiste sur la dimension interculturelle de son parti. « Je ne suis pas le candidat des noirs. J’ai un programme sur l’égalité. L’objectif, c’est que la diversité soit dans toutes les institutions. » En colère, il constate amèrement : « cela fait des années que la question de la représentativité se pose à l’ensemble des partis politiques. Quand on va les voir, ils disent qu’ils sont favorables à la diversité. Mais dans les faits, rien à voir. Dans toutes les assemblées représentatives, on cherche en vain la diversit酠» Pour lui, une seule mesure pourrait réellement combler cette fracture : « le non-cumul des mandats. »
Camille Bedin, secrétaire nationale en charge de l’égalité des chances au sein de l’UMP : « L’égalité des chances passe évidemment par la représentativité politique. Notre parlement doit représenter l’ensemble des Français. Personne n’est contre cette idée. La question est de savoir comment on y arrive. Avant toute chose, on doit inciter les habitants des quartiers à voter. Quand on ne vote pas, on n’est pas représenté et on ne s’intéresse pas suffisamment à vous. » La représentante de l’UMP a également insisté sur la valeur essentielle de son parti : la méritocratie. « Nous n’investirons pas des candidats uniquement parce que ce sont des femmes ou des personnes issues de la diversité. » Camille Bedin a publié aux éditions Plon Pourquoi les banlieues sont de droite.
Philippe Poutou, candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) : « Pour nous, la question d’éligibilité ne se pose malheureusement pas puisque nous n’avons pas de représentants à l’Assemblée nationale. Ceci dit, nous sommes pour l’adoption de lois en faveur des personnes issues de la diversité, comme pour la parité homme-femme. Nous militons pour une diversité sociale. Le racisme cache souvent une exclusion des pauvres. Les immigrés sont au premier rang de la précarité, des discriminations et de la violence policière. »

Les propositions phares d’AC-LEFEU
À l’initiative de l’éphémère ministère de la crise des banlieues et d’une tournée des quartiers dans toute la France, l’association AC-LEFEU, milite pour la représentativité politique. Elle propose notamment le vote obligatoire, la prise en compte du vote blanc, le départ à la retraite à l’âge légal pour les élus de la République et un nombre limité de mandats autorisés.

Les propositions du collectif sont présentées dans [l’article 10688].

Le samedi 14 avril 2012 à 10 h 30, le collectif organise un grand débat national sur les quartiers populaires au Centre Culturel de L’Espace – 93 Place de l’Orangerie – 93390 Clichy-sous-Bois (en face de la mairie).Cet article est extrait du numéro spécial « Speed dating politique » paru dans le magazine Afriscope n° 25 du 15 mai 2012.///Article N° : 10687

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Les images de l'article
© Afriscope
Ouverture du speed dating politique. Philippe Poutou tire au sort la composition de son plateau © Noémie Coppin





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