Fiche Structure
Cinéma/TV Histoire/société
Centre d’Études et de Développement Africain
CEDA
Statut : Société de droit privé
Genre : Production
Adresse : 01 BP 606 01 Ouagadougou
Pays concerné : Burkina Faso
Téléphone(s) : +226 50 31 57 79
Fax : +226 50 31 72 05
Site web : www.ceda.bf

Français

Présentation

Le Centre d’Etudes pour le Développement Africain (CEDA) fondé par le Professeur Joseph KI-ZERBO en 1980, a débuté ses activités sur le terrain en 1980. Ce Centre Africain situé à Ouagadougou se propose de participer à la recherche et à la formation sur le continent africain.


I/ POURQUOI LE CEDA ?

Il s’agit de contribuer à combler un vide.
En effet, après deux décennies des Nations Unies pour le Développement, les résultats quantitatifs et surtout qualitatifs obtenus dans et pour les pays du Sud de la planète restent médiocres et ambigus. Parfois même, sous l’effet de facteurs internes et externes, on assiste impuissant à l’aggravation de tendances négatives.

C’est ainsi que le nombre absolu des analphabètes dans le monde continue à augmenter en même temps que le taux de scolarisation.

L’autosuffisance alimentaire des pays dits en développement devient de plus en plus précaire.

La technologie et l’industrialisation des mêmes pays sont consenties à doses infinitésimales par les puissances industrielles ou par les firmes qui ont intérêt à la division actuelle du travail international.

Un dépérissement inévitable des cultures est engagé, naufrage massif des formes singulières de l’esprit humain, par la voie d’ethnocides »légaux » qui ressemblent à des apocalypses au ralenti.

Cependant des sommes gigantesques sont englouties dans des conférences, séminaires, colloques, bourses, contrats dont les productions intellectuelles s’intègrent surtout au bloc analyse-action des pays du Nord.

Dans cette sorte de clameur scientifique, documentaire ou journalistique, la part des Africains eux-mêmes demeure fort maigre : 90 % de la recherche sur l’Afrique se fait hors d’Afrique : d’où les risques graves de non-pertinence. D’autant plus que cette recherche ne comporte que de rares éléments sur le sens du développement : elle s’investit surtout dans le domaine des techniques et des moyens et non dans celui des valeurs et des fins.

L’Afrique reste un continent exploré, découvert, expliqué, présenté, représenté,. Un continent passif. Emmuré dans la multitude de ses langues. L’Afrique est un continent presque muet, environné d’interprètes et de traducteurs. Or, dit le proverbe italien : traduttore, tradittore. Le traducteur est toujours plus ou moins traître. L’Afrique est trahie chaque jour.

Devant l’ampleur des échecs dont certains ont été retentissants, le concept même de développement, défini unilatéralement, vacille ; et la nécessité d’un « autre développement » se fait jour au Sud et au Nord, alors que la force idéologique et matérielle du « développement » actuel est tellement violente, que l’on voit mal comment opérer la rupture ou les transitions nécessaires.

D’où la nécessité d’une réflexion fondamentale et séminale…

II/ OBJECTIFS, PRIORITES ET METHODOLOGIES

Le CEDA n’est pas un Institut de recherche fondamentale, abstraite. Beaucoup d’ouvrages dus en particulier à des économistes de talents ont déjà tenté de poser l’équation de l’Afrique, y compris en termes mathématiques. Un bon nombre d’auteurs, armés d’une grille conceptuelle rigide, ont casé le continent dans la camisole de force de tel ou tel catéchisme idéologique.

Le CEDA n’est pas non plus un lieu formation théorique ou pratique visant à conférer des diplômes comme dans les Universités ou Centres d’Enseignement Supérieur.

Son but est de cerner l’axe majeur et original du système africain d’hier et de demain.

Il s’agit d’explorer le (ou les) système(s) de production et de reproduction dans leur dynamique totale en vue de rechercher un schéma théorique de progression de nos sociétés.

Le CEDA a pour mission de mener donc une recherche concrètement enracinée dans nos terroirs, en vue de dégager une ou des hypothèse'(s) globale(s) de compréhension pouvant inspirer l’action des Africains, et intégrant la préservation écologique, la praxis sociale et l’identité culturelle, terrains centraux qui sont presque toujours mis entre parenthèses dans les projets de développement.


LA RECHERCHE

Dès le départ, il a été décidé que la recherche porterait sur :
– Les modes de production africains : bases historiques et socio-culturelles du développement. Les formations sociales d’un point de vue dynamiques.
– Les mutations historiques fondamentales qui ont affecté l’Afrique. Le mode de sous-production africain. Les traumatismes biologiques, démographiques, sociaux, psychologiques, psychanalytiques, culturels. Les contradictions majeures, internes et externes. Les modes d’articulation du neuf et de l’ancien. Couches et classes : statique et dynamiques. Les éléments moteurs de l’équilibre négatif qu’on constate dans nombre de pays africains aujourd’hui. Quels sont les nœuds fondamentaux de ce syndrome ? L’équation du mal « africain ».
– Quel avenir pour l’Afrique ? Du projet imposé et aliénant au projet autonome et libérateur.
– L’Afrique entre l’intégration et l’autogestion.
– Ruptures et continuités ou alliances nécessaires. L’histoire est-elle pertinente pour le développement d’aujourd’hui ?
– Les valeurs ne pouvant pas vivre en apesanteur, quel schéma de consommation et de production ?
– Comment infrastructurer la culture africaine : problème de l’espace économique viable.
– Comment superstructurer l’infrastructure, c’est-à-dire assumer la culture, source et ressource de développement endogène.
– L’éducation, reproductrice en pire du statu quo ou matrice d’une société nouvelle. ?
– La ville : moteur ou cancer ?
– Information et communication aliénantes ou libératrices ?
– Etat – Nation – Peuples : leurs rôles respectifs.
– Les langues comme handicaps et comme tremplins.
– Le rôle des religions.
– L’importance des idéologies
– Quel homme africain pour demain ?
– Comment bâtir un autre développement africain et planétaire, où l’Afrique et les Africains puissent apporter une contribution à la mesure de l’antiquité et la succulence de leur humanisme ?
– Une attention particulière devant être apportée au rôle des femmes dans le développement, ainsi qu’aux expériences à caractère collectif, communautaire, endogène, autogéré et soucieuses des équilibres écologiques.

Le souci a été également dès les débuts que le CEDA lie la pratique à la théorie par le biais de l’évaluation de programmes, et l’appui aux projets à la lumière de ces principes.

Les deux premiers projets de recherche du CEDA ont été :
– Développement endogène et exogène en Haute Volta.
– Les structures africaines de travail collectif ou communautaires en Haute Volta.


LA FORMATION
C’est un champ d’action secondaire, sinon accessoire pour le CEDA. Mais l’on ne saurait séparer totalement recherche et formation. (…)

Le travail de CEDA dans ce domaine a été envisagé dès sa constitution sous les formes suivantes :
> Formation de jeunes chercheurs sur le terrain au contact de cadres plus chevronnés, et cela, en association avec des Centres situés en Afrique, en Europe et ailleurs (stages croisés).
> Formation des enquêteurs par petits groupes réunis dans des localités sur le terrain.
> Formation par la Recherche-Action. Il s’agit d’accompagner la vie concrète des gens pour les inciter à mieux comprendre en vue de mieux agir. C’est ainsi que les paysans ont été « mis dans le coup » avant l’enquête, pendant l’enquête et au moment de l’interprétation et de la livraison des résultats. Il s’agit donc d’une recherche-participation à double voie : Participation des chercheurs dans la pratique des gens dans la pratique des gens et Participation des gens dans la démarche du Centre. Il en résulte une formation réciproque.
> Formation de groupes-moteurs, aux problèmes du développement autonome : cadre, jeunes citadins, Organisations et Associations, à partir de problèmes concrets liés au programme de recherche.

Le CEDA a travaillé sur les bases institutionnelles prévues dans les statuts sur la base de l’unité de direction et d’un maximum de concertation horizontale et verticale.



Historique

QU’EST-CE QUE LE C.E.D.A ?



Le Centre d’Etudes pour le Développement Africain (C.E.D.A) est un centre panafricain d’études et de recherches opérationnelles sur le développement endogène en Afrique.

Il a été fondé en 1980 par le professeur Joseph KI-ZERBO, à Ouagadougou (Burkina Faso) avec l’appui financier du Fonds International pour la Promotion de la Culture de l’UNESCO, et le soutien actif d’une équipe pluridisciplinaire de chercheurs et d’hommes de culture.

Organisme privé à but non lucratif, ce Centre africain a pour but d’entreprendre toute recherche et toute activité de formation ou de production pour le développement endogène et autonome intégrant les aspects socio-culturels.

La devise du Centre est : « On ne développe pas, on se développe ».

POURQUOI LE C.E.D.A ?

 » Dormir sur la natte des autres, c’est comme si on dormait par terre », affirme un proverbe mossi. Aujourd’hui en Afrique, la dépendance, l’extraversion et l’aliénation s’aggravent. Les capacités culturelles ne sont pas suffisamment mobilisées pour inventer de nouvelles dynamiques d’émancipation sociale et économique, et elles s’érodent sous l’action conjuguée des défoliants culturels et recettes-miracles infusées à forte dose par les principaux acteurs du système international.

Le C.E.D.A veut promouvoir une alternative à ce processus. Il veut forger une dynamique qui corresponde au génie des peuples africains eux-mêmes

En deux ans, le Centre a réalisé un programme très dynamique :
1) 1980 – Séminaire sur la méthodologie et la problématique du Centre.
2) 1981 – Colloque sur « Ethno-développement et Ethnocide en Afrique » avec l’UNESCO – Thème précurseur des convulsions du RWANDA…
3) 1982 – Enquête de terrain sur « Endogène et Exogène en HAUTE-VOLTA ».

Ces activités ont été accomplies grâce à des appuis résolus provenant de l’U.N.E.S.C.O.(Fondation Internationale de la Culture), des Pays-Bas, du Conseil Oecuménique des Eglises, de l’Académie des Sciences de Vienne, de la Fondation Dag Hammarskjöld, du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (C.C.F.D).

Mais en Octobre 1983, le Fondateur du C.E.D.A a dû partir en exil à DAKAR.
En 1986, il entreprit, non sans difficultés, de reconstituer au Sénégal, le C.E.D.A. rebaptisé « Centre de Recherches pour le Développement Endogène (C.R.D.E). Ces efforts ont abouti à trois résultats au moins.
1) Constitution d’une équipe de chercheurs et militants sociaux à DAKAR.
2) Reprise du travail de terrain « Endogène et Exogène » au Sénégal, en pays Séreer. Les résultats de cette enquête sont consignés dans deux rapports passionnants qui méritent une publication.
3) Un colloque interafricain (69 participants de 17 pays) et interdisciplinaire a été organisé en 1989 à Bamako. Il a jeté les bases d’une plate-forme théorique sur le développement endogène. Les actes de ce colloque ont été publiés par le CODESRIA, (Dakar), le C.R.D.E, et KARTHALA (Paris) sous le titre « La Natte des Autres ». Cet ouvrage a reçu un Prix de la Communauté Européenne à la Foire du livre de DAKAR (1993).

De retour dans son pays en 1992, le Professeur Joseph KI-ZERBO a décidé de reconstituer le C.E.D.A après neuf ans d’absence. Le C.E.D.A n’a d’ailleurs pas été dissout ou interdit, mais tout son équipement et son contenu, dont une bibliothèque de onze (11.000) ouvrages, avaient été confisqués et pratiquement dilapidés sous le Régime d’exception du Conseil National de la Révolution (C.N.R).


Après neuf années d’interruption de ses activités au Burkina Faso, le C.E.D.A a, dans le cadre de sa relance, élaboré et mis en œuvre des programmes successifs de recherche conformes à sa philosophie et à ses objectifs.