Tout est affaire d’ambiance dans Tèt Grené. Et de cassure. Aux marges de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Il y a ceux que la vie a déjà cassé : le père devenu alcoolique, sa fille qui dérive mentalement et sa relation avec le ténébreux qui ne travaille plus pour s’occuper d’elle
Et il y a le tout jeune qui risque bien de faire comme les adultes, un pied dans les trafics et dans les drogues. Sally, une Dominicaine qui doit se ranger après avoir affronté un trafiquant, débarque dans leur monde déjanté et apporte détermination et positivité. On croit un moment que face à l’expulsion du terrain vague qu’ils occupent, la folle constellation pourra réagir. Le projet de resto « paillote » dans le bus retapé pourrait réussir, on y travaille, on repeint, on mécanique
Mais la vie aura raison de leurs efforts, ne laissant plus que l’impossible révolte.
On ne captera que des bribes d’une histoire qui dépasse l’instant présent : reste le créole si fort comme culture de la relation, et l’épaisseur dramatique de personnages emblématiques d’un mal-être qui semble bien être celui de nos pays de vacances. Loin d’y être un décor, la Guadeloupe est dans Tèt Grené un destin intérieur. Magnifiquement tourné et interprété, captivant de tension humaine, le film de Christian Grandman ouvre une vraie compréhension, autrement plus complexe que les habituelles exotisations, du vécu antillais.
Sur Arte le 23 mai 2002.Coprod Arte, Athénaïse, RFO, avec Alex Descas, CCH Pounder, Mbembo. ///Article N° : 2751