Le soleil ne s’est pas levé sur une 3ème présence du Pavillon des lettres d’Afrique qui n’aura pas lieu cette année. Ce travail titanesque dont je ne suis que la cheville ouvrière n’a pas réussi à mobiliser à temps cette année toutes les ressources nécessaires pour permettre une présence du Pavillon digne des deux éditions précédentes. Les sonorités musicales du continent ne résonneront pas en 2019, pas plus que l’effluve des mets concoctés par les chefs africains que nous avons plaisir à faire découvrir régulièrement à notre public. La fête n’aura pas lieu cette année, il faudra faire sans le Pavillon des lettres d’Afrique.
Ma première pensée va aux auteurs qui attendent ce rendez-vous incontournable pour présenter leurs dernières œuvres, mes pensées vont également aux éditeurs, pour qui cet endroit a toujours servi à renforcer leurs échanges professionnels. La jeunesse connectée y trouvait un espace d’expression pour faire entendre sa voix aux côtés des jeunes du monde entier. Le jeune public laissait transporter son imaginaire au fil des contes africains et autres animations spécialement conçus pour lui.
Pour mettre en œuvre un tel projet, j’ai fait une rencontre décisive en 2016 : celle de Maurice Kouakou Bandaman, ministre de la culture de la Côte d’Ivoire. Il a immédiatement compris la nécessité d’une telle démarche que huit pays de l’UEMOA avaient tenté de réaliser en 2013, sans aboutir. Son soutien dès la première heure et sa totale implication dans la réalisation et la réussite de cette initiative a placé la Côte d’Ivoire comme pays chef de file, entraînant dans son sillage sept pays africains pour la première présence du Pavillon au Salon Livre Paris et douze autres l’année suivante. Sur mon chemin j’ai également pu compter sur le soutien indéfectible de l’Organisation Internationale de la Francophonie par l’action de sa Directrice langue française, culture et diversité, Youma Fall.
Je suis née sur la terre de Mariama Bâ, Birago Diop, Léopold Sedar Senghor, Aminata Sow Fall, Cheikh Hamidou Kane et tant d’autres illustres auteurs qui ont fait la noblesse des lettres africaines. C’est pour honorer leurs noms que j’ai accepté de relever ce défi en 2010, lorsque j’ai accompagné la création de l’espace Livres et Auteurs du Bassin du Congo pour la promotion de la littérature de l’Afrique centrale. C’était la première fois depuis sa création que le Salon accueillait un espace de cette ampleur dédié à la culture africaine. Sur ce stand, j’ai vu l’Afrique offrir au monde ce qu’elle avait de plus beau : sa culture ! Elle a rayonné, devenant le point de ralliement de tous les amoureux des lettres d’Afrique. La fierté d’accompagner ces talents, de porter cette richesse et de permettre la construction des passerelles entre différentes cultures n’a pas de prix. Pendant sept ans sur cet espace, j’ai vu :
• des jeunes plumes devenir de grands prix littéraires
• des auteurs confirmés toujours disposés à rencontrer leur public et toujours prêts à distiller un conseil à un auteur plus jeune
• des maisons d’édition africaines défendre leurs auteurs aux côtés de grands autres éditeurs internationaux.
Le besoin de sortir de la dimension régionale s’est fait peu à peu ressentir au fil des années pour parvenir à une dimension panafricaine en intégrant l’ensemble des pays africains, francophones et en mettant à l’honneur des pays non francophones. C’est ainsi que je me suis lancée dans le pari ambitieux de fédérer, dans un premier temps, toute l’Afrique subsaharienne autour du Pavillon des Lettres d’Afrique. J’ai pris mon bâton de pèlerin et suis allée à la rencontre des différents ministres de la culture africains. À leurs côtés, des entreprises privées impliquées en Afrique et des fondations œuvrant pour la promotion de la culture et de l’éducation, m’ont accompagnée, contribuant elles aussi au succès sans précédent des deux premières éditions. A cet égard, nous avons eu le privilège de recevoir lors de la première édition le prix Nobel de littérature, le Nigérian Wole Soyinka et, pour la seconde édition, Aminata Sow Fall, l’une des plus grandes plumes africaines. Je me suis faite la porte-parole de cette présence africaine au cœur des événements internationaux avec tous les sacrifices personnels que nécessitent cette mission. Le groupe Reed Expositions France a accompagné ce projet dès le début, lui apportant la visibilité nécessaire et en facilitant sa création, et je lui témoigne ma reconnaissance. Aucune barrière n’a entravé ma détermination, animée que j’étais par la conviction que l’Afrique ne devait pas être en marge des grands rendez-vous culturels internationaux. Les risques que j’ai parfois pris étaient justifiés et rendus nécessaires pour la construction d’un projet d’une telle envergure.
À l’aube de la saison culturelle 2020 qui mettra l’Afrique à l’honneur en France, mon combat avec le soutien de mes partenaires ne pourrait s’arrêter là. Plus déterminée que jamais à faire de nouveau résonner les voix africaines dans les grands événements culturels internationaux, je lance un appel à tous ceux qui partagent mon engagement à soutenir cette initiative. Cela fait près de 10 ans que je me bats pour assurer la visibilité des auteurs africains sur l’un des rendez-vous mondiaux de la littérature : le salon Livre Paris. Les Lettres d’Afrique seront au rendez-vous en 2020, vous pouvez compter sur moi !
Aminata Diop Johnson
2 commentaires
Le lien vers le site ActuaLitté ne fonctionne pas
https://www.actualitte.com/article/monde-edition/payetonstand-pas-de-pavillon-des-lettres-d-afrique-a-livre-paris-2019/93472
Pourquoi ne pas également relayer la présence éditoriale africaine au SDL 2019, Gary ? Lettres d’Afrique c’est une chose, la diversité éditoriale dont Actualitté se fait pourtant un faire valoir s’en est une autre… Il y avait une plus grande présence africaine que jamais à Livre Paris cette année… Elle était financée soit par les éditeurs eux-mêmes soit par leurs autorités culturelles. C’est bon signe. Je ne défends pas Lettres d’Afrique, bien au contraire, mais par contre je peux dire qu’il est bien dommage que ni Actualitté, ni aucun média à fort impact n’ai relevé cette présence. Il serait bien que les professionnels du nord prennent conscience des conséquences de certains de leurs positionnements sur l’industrie du Sud… Vous avez sans doute bien fait de publier votre article, j’aurais cependant préféré que vous le fassiez suivre d’une couverture de la présence du livre africain à Paris cette année…