72 heures dédiées au livre à Conakry : une quinzième édition en route vers la capitale africaine du livre

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À l’occasion de la quinzième édition des 72h du livre de Conakry, Sansy Kaba Diakité, le fondateur, revient sur les débuts de l’événement. Reportage depuis la Guinée de Annie Ferret.

Rentré de ses études en France, après un stage de six mois à l’Harmattan Paris, Sansy Kaba Diakité crée les éditions l’Harmattan Guinée. À l’époque, se souvient-il, le seul événement autour du livre s’appelait « Lire en fête » et était organisé par le centre culturel franco-guinéen. Son envie à lui est d’aller plus loin, de faire connaître les auteurs guinéens en faisant la promotion de leurs livres au niveau national et, plus largement, dans le monde. Il a alors l’idée de s’emparer de la date du 23 avril, consacrée mondialement « journée du livre ». De cette seule journée, il en fait trois, pour « rattraper le retard », dit-il, et c’est ainsi que naissent les « 72h du livre de Conakry ».

Depuis quinze ans maintenant, la capitale guinéenne vit donc au rythme d’un événement aujourd’hui bien installé. Pendant ces trois jours, un large espace accueille éditeurs et auteurs, qui reçoivent la visite de centaines d’élèves venus de toutes les écoles. L’entrée du salon ouvre sur le pavillon des enfants. Une bibliothèque, ainsi que trois grands panneaux colorés, riches d’animaux et de flore, racontent l’histoire de l’Afrique et mettent en valeur les richesses naturelles et patrimoniales de la Guinée. Les deux jeunes créatrices venues du Maroc qui animent avec dynamisme et chaleur cet espace ont lancé il y a quelques années Architopia et elles proposent des jeux éducatifs destinés aux enfants à partir de 7 ans et aux apprentis lecteurs. Quittant l’entrée du festival, on parcourt les différentes salles et les stands, où des éditeurs et libraires venus de toutes les régions, exposent les nouveautés et où il est aussi possible de se procurer les classiques africains. Enfin, parce qu’une part de leur culture est commune et qu’il y avait du sens à faire résonner ensemble des voix traversées d’une même histoire et d’un même passé, deux pays ont cette année été mis à l’honneur : le Bénin et Haïti. Il était naturel alors que la ville invitée, telle un trait d’union avec Conakry, soit Boffa, là d’où les esclaves partaient pour rejoindre Gorée et Ouidah.

Lors de la dixième édition, Conakry était consacrée capitale mondiale du livre par l’Unesco, aujourd’hui l’ambition clairement affichée par Sansy Kaba Diakité est de faire de la Guinée le pays de référence en Afrique pour la célébration du livre et de Conakry une ville capitale, au même titre que Bamako pour la photographie, Dakar pour l’art contemporain ou Ouagadougou pour le cinéma. Dans cet objectif, l’Académie du livre doit être créée en 2025 pour accompagner le lancement de la première Biennale, dont les 72 heures du livre resteront le cœur. Souhaitons longue vie à ces généreux projets et espérons que des auteurs venus de toute l’Afrique, mais aussi du monde entier, puissent se retrouver toujours aussi nombreux à Conakry chaque 23 avril.

Annie Ferret,

Le 26 avril 2023

 

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