Afrika Afrika d’André Heller

Cirque et spectacle pour une autre vision de l'Afrique

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Faire découvrir une autre image de l’Afrique par les sens et le spectaculaire, telle est l’objectif du projet « Afrika Afrika », initié par l’artiste multimédia André Heller, actuellement en tournée en Allemagne. Atteindre le grand public non par l’intellect mais par la joie de vivre, les couleurs et le rythme.

« Le chemin de l’amour culturel », c’est ce que Doudou Diène, conseiller du spectacle « Afrika Afrika », appelle le meilleur chemin pour s’opposer au nivellement culturel et au racisme culturel subconscient. « Afrika Afrika », un projet initié par l’artiste multimédia autrichien André Heller, se veut avant tout un plaisir sensuel de la découverte de l’Afrique, destiné aussi bien aux enfants qu’aux adultes, aux ouvriers qu’aux intellectuels. « Afrika Afrika » est un cirque magique qui réunit 105 artistes, 34 danseurs et 13 musiciens de l’Afrique et de la diaspora, pour un spectacle qui offre des éléments d’acrobatie mélangés au monde de la danse, des masques et des costumes. Après la première qui a eu lieu en décembre 2005 à Francfort, le spectacle est en tournée dans plusieurs villes allemandes en 2006 et continuera ses représentations en 2007 entre autres à Vienne, Zurich et Bâle.
« Afrika Afrika » n’a pas de prétention intellectuelle, et comme le dit André Heller, l’idée n’est pas de créer un travail fatigant pour un congrès ethnologique mais un spectacle divertissant et fantastique pour des spectateurs de tous âges et de tous niveaux d’éducation. On pourrait lui reprocher justement ce manque de profondeur, d’efforts demandé au spectateur. Mais l’idée est d’atteindre le grand public, non « les habitués » de la culture africaine. L’idée est de séduire ceux qui ne connaissent de l’Afrique que les gros titres des journaux et qui citent Bob Geldorf en guise de culture africaine, et de les séduire par le tempo, l’énergie, la diversité et surtout la joie de vivre d’un continent.
Evidemment, c’est tout d’abord le nom bien connu d’André Heller qui attire le public germanophone. André Heller, chanteur, acteur mais surtout grand artiste multimédia a mis sur pied un grand nombre de spectacles dont des jardins poétiques, des variétés, des films, des pièces de théâtre, des opéras et des chambres des merveilles. Heller est surtout fasciné par les arts du cirque et leur renouvellement. Il est cofondateur du « Cirque Roncalli » et a présenté le cirque national chinois dans une tournée mondiale. En 1989, il a présenté « Body and Soul », un spectacle destiné à présenter sur scène la richesse de la culture noire américaine.
Le nom d’André Heller est garant de divertissement de haut niveau – et il a le génie du marketing également. Le spectacle est présenté dans une grande tente du style berbère marocain qui héberge également un café africain, une exposition d’art et met des produits en vente. Comme sponsor, André Heller a notamment South African Airways. L’organisation du projet est prise en charge par une S.A.R.L. fondée à cet effet, le patronage est assuré par l’UNESCO. 1 € de chaque billet vendu est versé à des projets culturels en Afrique, sélectionnés avec l’aide de l’Institut Goethe et l’UNESCO.
Le risque est là, bien sûr: que le marketing, le spectaculaire, le divertissement et la mise en scène prennent le dessus sur une vraie réflexion sur une culture africaine que l’on ne rencontre que très peu en Allemagne. Mais Heller limite son rôle à mettre à disposition les conditions de travail, les fonds et une plateforme voyageante digne de « ces hommes et femmes qui pratiquent leur art dans des conditions extrêmement difficiles mais qui vivent leurs rêves avec une volonté admirable et un optimisme rayonnant. » Sa fascination pour l’Afrique commence dès l’âge de 5 ans, pour, dira-t-il, « sa sensualité, la somptuosité de ses couleurs, sa folie et son influence sur le cubisme ». L’Afrique est peu visible en Allemagne et l’intention de Heller est de faire en sorte que les artistes africains disposent d’une plateforme égale aux arts occidentaux.
Le danseur ivoirien Georges Momboye, qui a sa propre compagnie à Paris, est responsable de la chorégraphie. Le Sénégalais Doudou Diène, envoyé spécial des Nations Unies pour le racisme, la xénophobie et la discrimination, assume le rôle de conseiller. Les collaborateurs de « Afrika Afrika » ont voyagé presque deux ans munis d’une caméra vidéo dans toute l’Afrique à la recherche de talents pour le casting du spectacle.
Le spectacle réunit des danseurs de Côte d’Ivoire, d »Afrique du Sud, du Sénégal et de Guinée, des breakdancers des Antilles, du Cap Vert et d’Haïti, des danseurs sur corde de Colombie, des jongleurs d’Éthiopie, des Gnawa du Maroc, des monocycleurs de New York, des contorsionistes angolais et beaucoup d’autres. La représentation mélange l’acrobatie, la danse, le chant, la musique, le sport, le spirituel, le sérieux et le rire. La musique va de Youssou N’Dour à la kora, de Pata Pata à une grande finale sur un air de Stevie Wonder. Fidèle à la philosophie de « Afrika Afrika », le connaisseur de musique africaine n’y découvrira rien de nouveau mais plutôt les tubes bien connus, présentés par d’excellents musiciens et des chanteurs de haut niveau. Et qui entraînent le public et le font bouger – ce qui n’est pas une mince affaire avec un public allemand ! Les transitions entre le sport et l’acrobatie, la danse et la musique, le sérieux et l’amusement et le spirituel sont insensibles, les limites n’existent pas.
Selon Doudou Diène, la présentation de l’Afrique dans les médias implique que l’état de beaucoup de pays d’Afrique ne serait que la conséquence logique d’une infériorité culturelle. La perception déformée de la culture africaine, sa réduction à un folklore exotique est d’après lui la vraie cause du racisme et de la discrimination. « Afrika Afrika » peut-il contribuer à ouvrir un large public à d’autres expressions culturelles africaines ? Au moins sort-il du spectacle enjoué, même si cette exubérance s’arrête souvent à la lutte pour récupérer son manteau aux vestiaires. Mais « Afrika Afrika » aura peut-être semé des envies d’en découvrir davantage. Le programme du spectacle cite le Togolais Raymond Johnson: « Ils dansent en marchant ou ils marchent en dansant au son d’une mélodie intérieure, car avec leurs corps, ils transpercent le monde – à la recherche d’une harmonie dont ils gardent la mémoire. »

Dates du spectacle 2006:
jusqu’au 16 avril : Hambourg
27 avril au 24 juin : Munich
5 juillet au 16 septembre : Berlin
27 septembre au 18 novembre : Düsseldorf
D’autres spectacles sont prévus en 2007, à Vienne, Stuttgart, Zurich, Bâle, Cologne, Hanovre. Paris est envisagé mais à confirmer. ///Article N° : 4351

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Un commentaire

  1. Clémence Edith MONNEY le

    Impressionnée par vos spectacles de cirque, je souhaite avoir vos differentes adresses pour une meilleure collaboration.
    Merci.

    La Collaboratrice de
    Georges MONBOY

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