La 3ème édition du Festival du théâtre des réalités (12 au 20 décembre 1998) de Bamako, organisé par le comédien et metteur en scène Adama Traoré, a tenu ses promesses : spectacles de qualité, concerts, ateliers de mise en scène et d’expression corporelle, théâtre d’intervention dans les quartiers. Pourtant, le public a boudé les représentations : ni la presse ni la télévision ne se sont mobilisés pour médiatiser l’événement, également largement ignoré des autorités culturelles.
Dommage : en ouverture, Une hyène à jeun de Massa Makan Diabaté (disparu en 1988) offrait un spectacle historique grandiose entre trois superbes tentes plantées sur des plateaux figurant le campement de l’Almany Samory Touré. Bois bambous et textiles traditionnels complétaient un dispositif scénique en demi-cercle. Les cinq compagnies invitées étaient toutes d’excellente qualité : l’Imako Teatri (Côte d’Ivoire) présentait une adaptation très personnelle de La Légende de Kaïdara, d’Amadou Hampaté Ba ; les Jeunes tréteaux du Niger torpillaient joyeusement Le Cid dans Kasko ; Urbain Adjadi, de la Cie Wassangari (Bénin), illustrait poétiquement le chômage dans Ce soleil où j’ai toujours soif ; le Fadjirilolo Théâtre (Burkina Faso) et son actrice Anne-Marie Béré adaptaient avec rage Les Travaux d’Ariane, une nouvelle de Caya Makhele où une femme règle leur compte aux hommes ; les 7 Kouss (Sénégal) emportait l’adhésion du public avec deux spectacles originaux mettant en scène le quotidien familial et urbain : Moments privés et Visions de l’avenue Ponty.
La Coopération française et l’Agence de la Francophonie se partageaient avec la ville d’Angers (jumelée avec Bamako) et Helvetas le soutien de cet important festival : était-ce la raison du désintérêt officiel local et de ce manque de soutien médiatique ? Ostracisme ou manque d’organisation ?
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