Bernard Nguyen

Asieco Communications
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Ne pas être enfermé dans sa différence : c’est à cette condition que l’artiste peut enrichir une société qui s’ouvre à sa pluralité.

 » Selon si on se situe dans un modèle d’intégration ou d’insertion, l’artiste, le créateur, veut de plus en plus être reconnu comme artiste plutôt que comme appartenant à une communauté culturelle. Il sait qu’il possède un bagage culturel différent de celui des autres mais en même temps, il est là pour en faire profiter les autres, la société québécoise dans son ensemble. Il va puiser dans ses réserves culturelles et les insérer dans une pratique contemporaine : on se pose en rejet face à des critères bien établis. Tant que dans le mode éducatif il n’y a pas d’ouverture vers la culture plurielle, on retombe malheureusement très vite dans les mêmes travers.
Cette première définition de l’artiste est suivie par la définition de l’individu par rapport à sa communauté. On est artiste, on est créateur, on est issu d’une certaine communauté : est-ce qu’on parle nécessairement au nom de la communauté ? La plupart du temps, non. Est-ce qu’on est peu représentatif de cette communauté ou bien est-ce parce que la communauté reste figée dans une vision très traditionnelle de l’art, et lorsqu’on veut s’en démarquer, on entre dans un conflit qui peut être douloureux.
Ensuite, être artiste, pour certaines communautés, c’est presque être un parasite, un idéaliste, un rêveur : on lui dit,  » amène l’argent, nourris ta famille et fais de l’art le dimanche quand tu as le temps !  » On se retrouve en porte-à-faux avec sa propre communauté. À moins qu’on ne devienne célèbre. À partir du moment où on est louangé sur une scène nord-américaine, dès le retour, on se souvient qu’on est voisin et que l’on fait partie de la même communauté.
L’artiste est un individu à part entière qui doit trouver sa place dans la société. C’est une démarche personnelle qui définit sa propre identité. On peut y vivre un isolement qui peut procurer un sentiment d’échec : difficulté de percer, d’être reconnu. Et puis on vit en Amérique du Nord où l’individualisme est à son paroxysme. Il y a une autre vision redéfinie par l’artiste qui se réclame de diverses expériences et qui revendique chacun des groupes qui se croisent en lui, ou diverses politiques de l’identité, un rattachement à une origine ethnique, à une couleur de peau, à une orientation sexuelle.
Dans une perspective future, autant les publics que les créateurs, dans le contexte montréalais avec des enfants porteurs de diverses cultures, les publics vont se sentir de moins en moins attachés à une culture unique ou être totalement insérés dans une culture plurielle. « 

Bernard Nguyen : président de Asieco communications, une entreprise spécialisée en consultation interculturelle, en communications et en développement de marchés. Journaliste.///Article N° : 703

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