« Thomas Sankara n’est plus parmi nous depuis dix ans. Artiste et poète, cet homme d’Etat africain, qui a présidé aux destinées du Burkina Faso, reste pour moi une flamme d’espoir, un modèle de courage et d’abnégation, un compagnon avec qui l’on peut oser inventer l’avenir…« . Tout est dit. Koulsy l’artiste aux multiples facettes, Tchadien de naissance, Burkinabè d’adoption (depuis 14 ans), a choisi de remuer la terre et de redonner de l’âme au mythe du combattant de la liberté, brutalement interrompu dans sa course un jour de 1987. Tout en refusant de jouer au poète des funérailles, Lamko, son double, l’assiste dans le désormais triste mausolée des idéaux d’hier. Tous deux nous parlent de justice, de fraternité, de solidarité, d’hospitalité, de dignité, de femmes et d’enfants opprimés… Des thèmes que chérissaient Thomas Le Rouge, sur de belles ballades acoustiques (violon, banjo, sanza, birimbau…), inspirées par la légèreté des mélodies populaires de l’univers « sara mbay ». L’artiste se fait conteur, pendant que l’idole nous revient démiurge, buffle des marais, coq dressé sur ses ergots annonçant l’aube, du haut de la colline des morts. Au passage, tableaux champêtres, ironie des femmes, malheurs de réfugiés… On se laisse gagner peu à peu par la nostalgie d’une Afrique qui n’existe plus. Car la musique de Koulsy Lamko a un air de continent mutilé aux matins de l’innocence joyeuse par moments. Cela laisse au final un goût amer malgré la douleur ensevelie par le temps. On l’aura compris, cet album est un hommage.
(Production Case Culture)
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