Dilo

De la Cie Gaara

Print Friendly, PDF & Email

Autre rencontre forte à faire en Avignon cette été, celle du danseur kenyan Opiyo Okach qui interprétait au studio des Hivernales une pièce chorégraphique de la Compagnie Gàara inspirée du Kit Jajuok ce rocher légendaire au coeur de la mythologie Luo le groupe ethnique auquel appartient le danseur. Fondée en 1996 autour d’Opiyo Okach, de Faustin Linyekuela, originaire du Congo-Kinsasha et de la danseuse germano-ethiopienne Afrah Tenambergen, la Compagnie Gàara sort de l’ombre en 1998 avec Cleansing un magnifique spectacle sur le thème du nettoyage et de la purification de la banalité des tâches quotidiennes aux monstruosités politiques. Ce ballet remporte un prix aux Rencontres Chorégraphiques Africaines de Luanda en Angola et est bientôt programmé à Montpellier Danse, tandis que Régine Chopinot découvre la jeune compagnie à Nairobi et l’invite en résidence au Ballet Atlantique, un échange qui débouche sur plusieurs créations notamment Rituals of the Rock, un duo avec Régine Chopinot, Borders lines et dernièrement Dilo, pièce dans laquelle Opiyo Okach danse seul.
Dilo, c’est d’abord une présence au plateau, une présence sans musique, celle d’un corps solitaire et pourtant curieusement catalyseur. Une présence traversée par le mouvement, traversée de part en part par un flux d’où naît le rythme, puis seulement ensuite la musique, une musique de vie, de voix, un brouhaha de marché, des sons, d’Afrique ou d’ailleurs, qui bercent le silence. La recherche chorégraphique d’Opiyo Okach est dans l’écoute du corps, l’écoute du mouvement qui vient l’habiter et le déploie dans l’espace comme une fleur qui s’ouvre et pousse, cette expression suprême de la vitalité : une graine recroquevillée qui recèle soudain la vie et l’abondance. La danse est ramenée au sens de l’expression première, elle est révélation de l’espace. C’est pourquoi l’univers que convoque Dilo évolue avec le public dans un rapport d’entente et d’échange, la bande son renvoyant au danseur la pluralité cacophonique tapie dans le public et la multitude des regards. Et à la fin de la performance, le mouvement persiste dans le noir comme si la chorégraphie se donnait manifestement plus à sentir qu’à voir.

Chorégraphie et interprétation : Opiyo Okach
Scénographie et costume : Faustin Linyekula ///Article N° : 2395

  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Laisser un commentaire