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Haïti Royaume de ce monde

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Du 8 avril au 18 mai 2011, agnès b. accueille l’exposition « Haïti Royaume de ce monde », réunissant des oeuvres de :

Sergine André
Elodie Barthelemy
Mario Benjamin
Jean-Herard Celeur
Maksaens Denis
Edouard Duval-Carrié
André Eugène
Frankétienne
Guyodo
Sébastien Jean
Killy
Tessa Mars
Pascale Monnin
Paskö
Barbara Prézeau
Michelange Quay
Roberto Stephenson
Hervé Télémaque

ainsi que Jean-Michel Basquiat et un hommage à Édouard Glissant




L’exposition Haïti Royaume de ce monde est née de la nécessité de dresser un état des lieux de la création contemporaine en Haïti, de donner à voir les travaux des artistes qui, au quotidien, questionnent le chaos. Ils sont plasticiens, photographes, sculpteurs, peintres, performeurs, vidéastes, ils sont les acteurs essentiels de leur époque. Lʼexposition est pensée comme un laboratoire dont ils sont les dépositaires.

Elle présente principalement des œuvres récentes ou inédites, commandes faites aux artistes spécifiquement pour l’exposition, témoignant ainsi de leur vitalité créatrice et, dans le même temps, nous interrogeant sur la difficulté pour ces artistes et leurs œuvres, de circuler, d’échanger avec la Caraïbe et le reste du monde.

Haïti Royaume de ce monde veut aller au cœur du drame, pour mettre en cause le caractère fatal du malheur et proposer un autre visage d’Haïti à travers le regard de ses créateurs. Le titre de l’exposition, inspiré du roman d’Alejo Carpentier, est une manière de revenir sur des mythes fondateurs liés à Haïti et, sans en faire son éloge, de sublimer le chaos haïtien et ses possibles.

Le real maravilloso (réel merveilleux) d’Alejo Carpentier a depuis longtemps fait place au « chaos merveilleux ». Frankétienne, avec ses ovnis littéraires et picturaux, crée un univers apocalyptique depuis une quarantaine d’années. Mario Benjamin, lui, habite le temps et apprivoise l’espace. Maxence Denis, à travers ses sculptures-vidéos, poursuit sa réflexion sur la déferlante d’images propre à notre époque. Mais comment continuer à créer après une catastrophe comme le séisme et tous les drames du quotidien qui s’y ajoutent ? On aime à rappeler la « résilience » du peuple haïtien, mais si Haïti veut bien se prendre pour le Phénix qui renaît de ses cendres, elle doit compter avec le temps. Trop long hélas. Un an après le séisme, ce n’est que via des initiatives privées qu’elle commence à envisager l’avenir. Seuls l’imaginaire et la créativité, pour l’instant, permettent aux Haïtiens de se dépasser et de se reconstruire petit à petit.

Avant le séisme, Haïti n’était pas intégrée aux circuits officiels de l’art contemporain, aujourd’hui c’est encore plus complexe. L’effet du séisme rend compliqué toute tentative de rapport professionnel pour se complaire dans la solidarité et l’humanitaire. Cette exposition dépasse cette approche et mise sur ce royaume de la création comme la plus belle des cartes de visite du pays. En présentant au monde ses créateurs, Haïti espère transformer la charité qu’on lui propose en échange.

Malgré le grand écart entre les discours qui jurent qu’Haïti ne s’en sortira que par sa culture, et la réalité du budget qui lui est allouée, Haïti concentre une grande part des artistes et artisans de cette « nouvelle région du monde » qu’est la Caraïbe. Une friche qui a inspiré des ambassadeurs et penseurs illustres, tels Aimé Césaire, Maryse Condé, Edouard Glissant, Graham Greene. Bienvenue dans une Haïti debout. Une Haïti où la vie reprend ses droits. !

Giscard Bouchotte
Commissaire de l’exposition
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