L’exposition Haïti Royaume de ce monde présentée à la Biennale de Venise

Entretien d'Ayoko Mensah avec Sylviane Tarsot-Gillery, directrice générale déléguée de l'Institut français

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Coproduite par le fonds de dotation Agnès b. et l’Institut français, « Haïti Royaume de ce monde » présente un choix d’œuvres puissantes d’artistes haïtiens contemporains (1). Conçue par le réalisateur et critique Giscard Bouchotte, cette exposition, dont Africultures est partenaire, est accueillie à la 54ème Biennale de Venise dans le premier Pavillon haïtien.
Sylviane Tarsot-Gillery, directrice générale déléguée de l’Institut français, revient sur la contribution de l’agence à cet événement.

Quel a été le rôle de l’Institut français dans la création de cette exposition ?
Il nous a semblé naturel de venir en appui au fonds de dotation Agnès b. dans la production de cette exposition. Nous avions déjà collaboré ensemble. De plus, depuis le séisme de janvier 2010, l’Institut français met en place des actions spécifiques en direction des artistes haïtiens. Notre premier objectif est de leur permettre de continuer à travailler. Nous avons donc, dans le cadre de cette exposition, passé des commandes à certains artistes et financé des résidences de création. Nous sommes également intervenus dans certains aspects logistiques : le transport et l’assurance des œuvres, le déplacement et les frais de séjour de créateurs.
Le fonds de dotation Agnès b. a pris en charge, quant à lui, la production même de l’exposition.
Quel regard portez-vous sur les œuvres exposées ?
Il nous semblait intéressant de donner à voir, dans les différentes disciplines, la créativité et la vitalité de la jeune scène haïtienne. Les œuvres présentées sont très différentes. Elles démontrent qu’il n’existe pas « un » art haïtien contemporain. Chaque artiste a son propre univers, qui ne fait pas nécessairement référence à un contexte national.
D’un point de vue esthétique, les créations exposées s’inscrivent totalement dans l’art contemporain international. Cela me frappe mais ne me surprend pas : cet état de fait reflète le monde tel qu’il est et une certaine maturité des artistes. Ils sont bien évidemment en résonance avec le monde. À travers l’art, la lecture qu’ils en proposent dépasse le cadre des nationalités. Il y a dans ces œuvres des messages très percutants sur des sujets qui nous concernent tous : la violence, la mort, l’exploitation, la pauvreté… Mais globalement il se dégage de l’exposition non de la noirceur mais de l’énergie. Cette vitalité m’a particulièrement touché.
L’enjeu était aussi de montrer un aspect positif d’Haïti, loin de l’image qu’en donnent les médias.
Cette exposition va être présentée dans quelques jours à la Biennale de Venise. C’est un défi important ?
Tout à fait. Nous soutenons la circulation de cette exposition à travers le monde et souhaitions qu’elle soit présentée dans le premier Pavillon haïtien que va accueillir la Biennale de Venise cette année. Cela nous demande une nouvelle recherche de fonds que nous sommes en train de mener.
Quelles sont les autres actions de coopération artistique que mène l’Institut français avec des Haïtiens ?
Nous menons également un projet d’édition solidaire intitulé « Cent titres pour Haïti » parrainé par Jean-Marie-Gustave Le Clezio. Il s’agit de travailler avec des éditeurs haïtiens pour permettre la parution d’une centaine de titres, qu’il s’agisse de textes inédits ou de rééditions d’auteurs du patrimoine. À l’occasion du dernier salon du livre, nous avons déjà sélectionné dans le cadre de ce programme de jeunes auteurs. Les premiers titres vont paraître avant la fin de l’année.
Par ailleurs, nous travaillons également avec le ministère français de la Culture sur un programme d’ouverture de bibliothèques en Haïti et de formation de bibliothécaires. Sur ce dernier aspect, nous collaborons également avec l’ONG Bibliothèques sans frontières.
Enfin, nous souhaitons intégrer Haïti dans les différentes actions que mène l’Institut français dans la zone caraïbe. Nous sommes particulièrement désireux de soutenir la présence d’artistes haïtiens dans les grands rendez-vous d’art contemporain de la région tels la foire internationale de Miami.

(1) Lire à ce sujet l’article d’Ayoko Mensah « Le chaos merveilleux des artistes haïtiens » paru sur africultures.com et afriscope.fr [à lire ici]Paris, mai 2011

Une exposition itinérante et un catalogue à paraître

L’exposition « Haïti Royaume de ce monde » va voyager durant trois ans en Europe, en Amérique, en Asie et en Afrique. Elle terminera son parcours en Haïti.De juin à août 2011, elle est présentée dans le cadre du Pavillon d’Haïti à la 54ème Biennale de Venise. En décembre 2011, elle sera à la Haïtian Cultural Arts Alliance à Miami, dans le cadre de la foire internationale Art Basel Miami Beach. En 2012, elle sera présentée en Afrique du Sud et en Asie.Enfin en 2013, l’exposition sera présentée au public haïtien, à Port au Prince ou en province haïtienneA l’occasion de l’exposition « Haïti Royaume de ce monde« , les éditions Beaux-arts de Paris, l’Institut français et le Fonds de dotation agnès b. coéditent un catalogue avec des textes de Maryse Condé, Frankétienne, Barbara Prézeau Stephenson, Jean-Marie Théodat et Yolanda Wood.///Article N° : 10200

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Les images de l'article
Killy, Croix des Bossales, 2011
Jean Michel Basquiat, Untitled, 1984
Pascale Monnin, Lʼange Sacrifié, 2011





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