Mada Gasy Art, des œuvres plasticiennes aux sonorités colorées

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Du 30 mai au 11 juin, à Paris, le 59 Rivoli accueille l’exposition artistique annuelle Mada Gasy Art qui, après trois années d’absence fait son grand retour sur le thème de la musique et des instruments traditionnels malgaches (Kanto Gasy). Une 9ème édition très particulière puisque le collectif rend un hommage très appuyé à Nirina Muriel Ratsimahalo cofondatrice de Mada Gasy Art disparue le 2 janvier dernier. Focus sur Dina Rabearivelo, plasticien qui y présente ses dernières œuvres.

Une pancarte au 59 rivoli avec l’écrit « Jao’s Pub », nom d’un cabaret situé dans le quartier estudiantin Ambohipo (qui se prononce Ambouypou) dont le propriétaire est le célèbre chanteur de salegy Eusèbe Jaojoby, indique la buvette installée pour l’occasion. De bon aloi vu comment le climat parisien se tropicalise ces derniers jours. Avec ses rythmes endiablés, Jaojoby oblige l’Olympia à se débarrasser de ses fauteuils quand il est à l’affiche. Ce grand nom de la musique malgache est le parrain de Mada Gasy Art.

De nombreuses œuvres malagasy sont exposées pour cette neuvième édition. Parmi elles, on trouve celles de l’artiste plasticien Dina Rabearivelo venu tout spécialement d’Antananarivo, capitale de la Grande île. Crayon, peinture, poésie, mise en scène, Dina Rabearivelo est un artiste tout terrain. Originaire de la côte Est de Madagascar, là où pousse la vanille l’or noir de Madagascar, il est issu d’une famille d’artistes mélomanes. N’ayant pas hérité du don familial il explore d’autres voies d’expression et se passionne pour les arts plastiques.

L’art sur le tempo du changement climatique

Les questions environnementales lui offrent une source à laquelle il puise son inspiration. Les matériaux qu’il utilise sont souvent issus du recyclage. Le papier journal est pour lui un support incontournable. Bien que le feuilles des tabloïdes soient difficiles à appréhender, il y couche ses pensées poétiques au-dessus des mots de l’actualité qui agite le monde. Il vient d’achever une série d’œuvres qu’il regroupe sous ce titre onirique : « Senteurs des îles ». Les toiles de jute qui ont permis de transporter les gousses de vanille, les grains de café, la cannelle ou encore les clous de girofle après avoir été ramassé en brousse près de Sambava ou d’Antalaha, prennent une nouvelle vie. Dina dit aimer solliciter ses sens dans son processus créatif particulièrement l’odorat et la vue.

Dina Rabearivelo (c) Mehdi Lamda

Dina Rabearivelo (c) Mehdi Lamda

 

 

 

 

 

 

 

 

Il évoque la période du confinement, moment où il reconnaît avoir travaillé avec les feuilles de palmier. « D’ailleurs, durant ce temps très compliqué où les activités humaines étaient en retrait, le titre : « #papier #Pas piller ! » m’est apparu comme une évidence », nous livre le jeune tananarivien. Il réitéra l’expérience en France. « Quand je me suis rendu à Paris, et me suis baladé la première semaine dans ses parcs et je suis tombé sur des feuilles mortes de Magnolia Grandiflora ainsi que des écorces d’arbres que j’ai utilisé comme support pour peindre dessus » raconte Dina.

Dina Rabearivelo (c) Mehdi Lamda

Aux côtés de David, Vincent et Marie, Dina veille sur les œuvres de ses autres compatriotes Nady, Fad Madart, Joey Aresoa, Rastefa, Mendrika Ratsima et Michel Randria qui eux n’ont pas eu cette année l’opportunité de faire le déplacement. C’est justement cet écueil que souhaite résoudre à terme le collectif Mada Gasy Art en facilitant les déplacements d’artistes entre la Grande Île et l’Europe. Avant de se refermer, Mada Gasy Art proposera ce samedi 10 juin à 18h aux visiteurs un concert gratuit aux sonorités du sud Malagasy avec Hazolahy pour affiche.

Mehdi LAMDA

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