Expositions à Douala

Koko Komégné, Kouoh Eyango, Martin Njombè II

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A l’atelier Viking, Koko Komégné expose du 18 décembre au 4 janvier 2003 tandis qu’à la Gallery off Creation, plane l’ombre du regretté plasticien Kouoh Eyango et que Martin Njombè II expose de novembre 2002 à février 2003 à Squart’Net à Bonapriso.

Atelier Viking : Koko Komégné
L’espace alternatif Atelier Viking à Bonakouamouang propose  » Sweet Again « , résultat de la résidence du plasticien à Njombé, chez son collègue et ami artiste belge Stéphane Dedheene dont le dernier vernissage individuel date de la mi-mars 2002 à l’espace Doual’Art.
Trente œuvres ont ainsi été réalisées qui font la part belle au paysage pittoresque de la ville de Njombé  » avec ses vastes bananeraies, ses grands champs de papayes solo aux troncs filiformes et tortueux, ses immenses ananeraies, son sol rocailleux ô combien fertile, ses filles aux sourires enchanteurs, ses nuits chaudes, à la Côte d’Azur, chez Franco Bar, à Kompita, à Vitalux, à Luxor Hôtel et j’en passe « , lache Koko avec sa verve habituelle. Mais Njombé c’est encore, dit-il encore,  » deux mondes, deux destins, aux antipodes, d’un côté les Blancs, de l’autre, les Noirs qui se côtoient sans pourtant se fondre.  »
Koko fit son apparition dans le monde de la peinture à l’âge de 16 ans. Après plus d’une trentaine d’années de carrière, il a à son actif une centaine d’expositions dans les salles les plus huppées du pays. On citera : 20 ans de peinture – Hôtel Méridien, décembre 76 ; Variations plastiques – Immeuble Socar, 1993 ; L’art au maximum – Hôtel Hilton, 1993 ; Tele Miso – Galerie Mam, 1996 ; Quand saignent les masques – Doual’Art ; Fragments – Institut Goethe, 2000.
Koko Komégné qui parle de  » Diversion optique  » pour qualifier son style a eu pour essentielles influences Picasso, Matisse et Kit Siba, un peintre congolais décédé.
Sa prochaine actualité est toute orientée vers l’organisation de Squat Art Three qu’il souhaite voir se tenir cette année à Yaoundé.
Les toiles ont pour titre assez évocateur Bend Skin, Retour de champs, Epanouissement, Visages de femmes, Rite Expiatoire, Convergences, etc. Leur tarif va de 90.000 à 500.000 francs Cfa.
Gallery off Creation : l’ombre du plasticien Kouoh Eyango
Le 23 décembre 1998, sous l’impulsion du regretté artiste plasticien Kouoh Eyango et de sa compagne Christine Goethe, la salle qui accueillait depuis de nombreuses décennies le studio photo Goethe, premier photographe de la ville de Douala, prenait une autre orientation en s’ouvrant aux expositions d’arts plastiques. Du 20 décembre au 20 janvier 2003, Sokpoli Koffi y expose ses toiles.
Tout part de l’installation en 1998 de Kouoh Eyango dans les lieux. Ce dernier, bardé de ses quelques trente années d’expériences picturales, en fait un espace d’exposition permanente de ses nombreuses créations. Il excellait autant dans la peinture sur toile, la sculpture, la décoration, que dans la transformation en mobilier sculpté des essences locales.
Après son décès le 23 novembre 2001, Christine Goethe, petite fille du célèbre photographe, pour pérenniser le souvenir de son peintre ami mais aussi par conviction personnelle, elle qui a toujours baigné dans les arts, maintient le cap et alterne expositions de mobiliers, de décorations et évidemment d’arts plastiques. La galerie a donc eu à accueillir le 31 mai 2002 Aser Kash dans une expo intitulée les  » Feux Noms Mens de Transition « . Christine Goethe, directrice de la maison voudrait s’en tenir à un programme d’une exposition d’arts plastiques tous les 3 mois, les creux étant laissés pour la déco et le mobilier.
La galerie est ouverte tant aux jeunes talents qu’à ceux confirmés qui ne trouvent pas toujours d’espace où accrocher leurs toiles. Le passage de Sokpoli Koffi illustre parfaitement cet état d’esprit, lui qui est dans le milieu de la peinture depuis une dizaine d’années mais dont le parcours n’est pas encore émaillé d’une foison d’expositions. Ayant essuyé les plâtres dans les restaurants et autres Freau Jardin de Lomé, ce féru de menuiserie et de décoration expose ses premières toiles à Lomé, en 1996 et 1998, et en 2001 à l’hôtel Parfait Garden de Douala avec Feu Kouoh Eyango.
A mi-chemin de l’expression abstraite, il avoue s’appesantir dans un travail sur les couleurs. Privilégiant la peinture acrylique, il ne se réclame d’aucune école particulière même si des peintres tels que Koko Komégné et pourquoi pas Salvador Dali font partie de ses préférés. Son objectif est de pouvoir exposer ses œuvres au moins tous les trois mois. Quelques titres de ses tableaux : l’instant présent – la pêche miraculeuse – Seins et calebasses – Fantasia Feu Kouoh Baby. Les prix vont de 55.000 à 100.000 F Cfa.
Martin Njombè II : à travers les mailles du temps
Il a vécu la grande époque de production des peintures  » naïves « dans la ville de Douala. Il a assisté à l’émergence de la stylistique contemporaine auprès des jeunes plasticiens de la place. Il est le trait d’union entre des pratiques lointaines et un monde qui s’est tourné résolument vers l’avenir, celui des arts plastiques africains intégrant dans leur développement actuel les techniques venues du monde entier.
Les cheveux cendrés de blanc. L’œil incisif sur une silhouette d’écorce noire bien trempée, bien sèche, tout en muscles. Martin Njombè II, peintre de son état, né en septembre 1943 à Douala, a une allure qui atteste peut-être de ses sempiternels combats pour exister en tant que plasticien, dans ce pays qui ne délivre pas de chèque en blanc à ses artistes. Son parcours à travers les époques, les métamorphoses de son milieu professionnel, comme pour bon nombre des ténors de la profession qui n’ont pas voulu baissé l’échine, a été des plus sinueux.
Le temps de la peinture naïve – Martin Njombè II entre en peinture à l’âge de 9 ans. A l’époque, il a pour maître le Grand maître Lobè Lobè Rameau (décédé en 1988). Ce dernier artiste-peintre et musicien, célèbre pour son jeu de guitare, allait aussi contribuer avec d’autres à l’éclosion d’un genre musical du terroir Sawa, devenu international : le Makossa.
Les productions de la majorité des peintres de l’époque (Martin Jombè I – Edimo Lazare – Massoma Jean – Seppou Jacques – Eyidi Ngimè, tous décédés et Mbongolo Paul – Ngimè Joseph – Berville Bernard, encore vivants) se limitaient à une transcription figurative naïve de leur environnement : des scènes paysagistes et de la vie quotidienne ou en milieu paysan. Des toiles plus entachées d’exotisme que de véritable recherche et justification plastiques. Et les principaux clients de ces productions se trouvaient généralement parmi les Occidentaux de passage ou établis dans la ville :  » Dans les années 60-70, nous vendions nos toiles aux Blancs au Mess des Sous-officiers du camp militaire français. Nous les vendions aussi sur les quais, aux marins et aux passagers des bateaux. Nous sillonnions aussi les rues de Bonanajo, d’Akwa et de Bonapriso (1) pour proposer nos toiles aux passants. Les Noirs qui achetaient nos tableaux étaient vraiment très peu nombreux « .
Et notre homme aurait pu continuer sur cette lancée (malgré les toiles qui se vendaient à faible prix) s’il n’avait rencontré en cours de chemin des jeunes qui démarraient et apportaient dans leur besace, une autre manière d’entrevoir la création plastique,   » C’est grâce à Koko Komégné que j’ai admis la peinture dite moderne ou contemporaine, appelez ça comme vous voudrez ! Je ne pouvais donc plus me cantonner dans la peinture   » naïve « . La reconversion n’a pas été évidente. Mais j’avais autour de moi beaucoup d’exemples de jeunes s’adonnant à la nouvelle manière de faire. Viking, Emati etc. Certains de mes compagnons de l’époque qui sont restés dans le Naïf ont du abandonner la peinture tandis que d’autres se sont entêtés « .
Cependant chemin faisant, la rencontre avec la peinture moderne avait aussi ses figures imposées,  » plusieurs d’entre nous travaillaient genre Picasso pur et simple. Ce n’est qu’avec le temps que chacun s’est donné une personnalité artistique correspondant à sa sensibilité. L’apparition des techniques mixtes (collages, reliefs, etc.,) ont aussi contribué énormément à la libération des styles.  » Et les espaces de peinture consacrés en ces moments où l’art en était à des balbutiements où à un renouveau,  » Nous pratiquions généralement le dépôt permanent. Il y en avait un en face de l’Immeuble Soudanaise. (2) Il y avait aussi la Maison de Michou, actuelle Mèche à Mèche où peignait le regretté peintre congolais Adonis. (3) C’était l’un de nos doyens.  »
A la recherche d’une nouvelle dynamique – Martin Njombè II (4) qui accuse une préférence dans ses créations plastiques pour le style impressionniste et le réalisme, avoue avoir eu pour influence William Deconnets, Cézanne et apprécié le travail de Blaise Bang et Mpah Dooh, ses jeunes collèges camerounais. Il travaille généralement au couteau à peindre. Il espère surtout faire partie d’une nouvelle dynamique qui lui permettra de mieux affirmer son art car si comme il le soutient,   » si les artistes ont enrichi depuis les indépendances leurs expression artistiques, les moyens financiers ont toujours du mal à suivre. Ceux-ci sont même en nette régression. Produire une œuvre de qualité en tenant compte de ce que coûtent les tubes de peinture et les différents accessoires est pratiquement impossible, même en passant son temps à mendier de gauche à droite ! Mais nous n’avons pas le choix. Il nous faut donc trouver des moyens pour continuer à vivre de notre art, sans cela, il n’y aurait pas de véritables artistes plasticiens dans ce pays. « 

1. Les plus vieux quartiers de la ville de Douala, poumon économique, où résidaient la plupart des Occidentaux
2. De 1963 à 1990 environ.
3. Années 1989-1990.
4. Il expose de novembre 2002 à février 2003 à Squart’Net à Bonapriso. Montant des tableaux de 150000 à 300 000 Fcfa.
///Article N° : 2773

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Les images de l'article
Koko Komégné au cours de l'exposition Sweet Again © Essombe Mouangué
Christine Goethe à la galerie Off Creation © Essombe Mouangué
Feu Kouoh Eyango à la Galerie off Creation © Essombe Mouangué
Jombé1 : La tête du grand voyant . Peinture huile et acrylique, au pinceau. 200 000 Fcfa © Essombe Mouangué
Martin Jombè II à côté d'une de ses oeuvres intitulée : Sans titre. © Essombe Mouangué





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