Iya et Abou Traoré sont des stars du ballon rond. Mais ce n’est pas sur la pelouse verte, ni entourés de neuf coéquipiers qu’ils excellent. Rencontre sur le bitume de Montmartre et de Châtelet avec ces deux frères d’une vingtaine d’années.
Montmartre, un après-midi ensoleillé, sous l’ombre d’un réverbère, le temps d’un quart d’heure, il vole la vedette au Sacré- Coeur. Les smartphones et les reflex dirigent leurs objectifs vers lui, histoire de capturer un bout du spectacle d’Iya Traoré, freestyler professionnel. Le show se déroule toujours un peu de la même façon. Iya fait retentir sa playlist via son ampli, grimpe sur un monticule d’1m50 de hauteur et commence une série de jongles avec un ballon de football. Il ne faut pas plus de deux minutes avant que le public se densifie autour de lui, admirant son adresse et sa souplesse. Le jongleur se mue alors en acrobate réalisant des figures sans jamais perdre le contrôle du ballon, en équilibre sur son crâne, sa nuque ou sur le dessus du pied.
Performances
Au même moment à Châtelet, place Igor Stravinsky, près du Centre Georges Pompidou, entre un show de capoeira et de breakdance, Abou Traoré danse avec un ballon. Sous des airs de musique classique, le petit frère d’Iya virevolte, glisse et danse le moonwalk. Usant de toutes les parties de son corps, il fait tournoyer la sphère à la manière d’une gymnaste. Sa maîtrise du ballon donne l’impression qu’il le contrôle par la pensée. Comme un basketteur, il le met en rotation sur un doigt, puis sur un crayon, avant de le poser sur la casquette d’un gamin pris au hasard dans le public. Abou et Iya Traoré sont nés en Guinée et ont rejoint leur père, marchand d’art africain à Paris, dans le cadre d’un regroupement familial. En 1998, pour Abou, qui a alors huit ans. En 2000 pour Iya, âgé de 14 ans. La famille Traoré loge à l’époque dans un squat à Stalingrad (Paris 19e). Une situation préoccupante pour le père qui redoute que ses enfants tournent mal. Le paternel insiste lourdement sur l’importance de l’école quitte à ce que ses fils négligent le football malgré des carrières prometteuses. En effet, lors de la saison 2002-2003, Iya évolue avec les jeunes du Paris Saint-Germain. Écarté en raison de ses nombreuses absences, le jeune Guinéen joue pour son plaisir dans la rue, suscitant l’intérêt des badauds. Les pubs Nike ou Adidas très populaires à l’époque, où les stars du football exécutaient des prouesses techniques irréalisables lors de matchs officiels vont fortement inspirer son style. En 2010, il participe à l’émission « Incroyable talent » sur M6 et termine à la seconde place lors de la finale. Si Iya a tout appris sur le tas et virevolte avec le ballon pour son plaisir, son frère cadet en revanche travaille tous les jours. Il surveille son alimentation et s’entraîne à la salle de sport.
Une carrière
Les deux frères se retrouvent néanmoins pour faire des shows sur des plateaux de télévision et des événements culturels ce qui leur permet de vivre exclusivement du freestyle. Ils ont ainsi fait des démonstrations du Brésil au Japon en passant par le Mali et le Qatar. Dans le futur, Iya espère pouvoir se retirer afin de manager la carrière de son frangin. Abou rêve quant à lui d’avoir son propre show itinérant et pourquoi pas faire du cinéma dans une comédie musicale autour du freestyle façon Street Dancers !
Iya & Abou en 5 dates
1986 & 1990 : Naissance en Guinée / 2000 & 1998 : Arrivée en France. / 2004 : Iya entre dans le livre des records en effectuant 63 « soleils » en une minute. / 2010 : Iya est finaliste de Incroyable Talent (M6). / 2014 : Abou prépare un show dans le noir avec un ballon et une tenue fluorescente.///Article N° : 12447