« Onèmè n’orèma w’inongo »
La langue est le cur d’un peuple
Proverbe Omyènè (Gabon)
Comment donner l’envie de culture quand on parle du Gabon ? Il est encore bien difficile de répondre, tant le fait culturel y est inhabituel ou événementiel !
Depuis toujours, l’intérêt porté sur notre pays est dirigé vers son économie. Ses extraordinaires ressources naturelles, une certaine richesse matérielle proclamée, la faiblesse de sa démographie et une absence de politique culturelle conséquente ont été des freins au développement d’un environnement favorable à la création.
Tout cela rend la condition des artistes improbable et fait du Gabon un pays où la tradition de l’art est à faire naître. Quand ils ne font pas le choix de l’exil, le lot quotidien de ceux qui ont la prétention de vouloir vivre pleinement de leur art reste survie, absence de reconnaissance et inexistence.
Il n’empêche, le talent est au rendez-vous ! Les quelques rares Gabonais à avoir émergé ont marqué de leur empreinte le continent : l’immense André Raponda-Walker ; le conteur Tsira Ndong Ntoutoume ; le musicien poète Pierre Akéndéngué ; le cinéaste iconoclaste Philippe Mory ; le dramaturge-romancier Laurent Owondo
Les artistes gabonais sont inventifs, mais ils ont besoin de mieux structurer leurs professions pour gagner la bataille des droits d’auteurs qui laisse indifférente les pouvoirs publics. Une indifférence et une passivité qui caractérisent l’attitude d’un Etat en crise, complice « légal » d’une situation anarchique.
La génération d’aujourd’hui est inventive, audacieuse, opiniâtre et courageuse dans ses réalisations. Il faudrait un travail de communication plus efficace auprès des médias, une véritable implication du ministère chargé de la Culture pour une promotion internationale de ces artistes méconnus.
Le ministère pourrait ainsi profiter de l’intérêt porté récemment au Gabon à travers le succès africain des rappeurs Siya Posse X, la signature de Justine Mintsa avec Gallimard pour son roman Histoire d’Awu, le succès européen d’une autre romancière, Bessora, pour son 53 cm ou même l’attribution du Tanit d’Or à mon film de long métrage Dolè à Tunis lors des Journées Cinématographiques de Carthage
Les artistes gabonais ont la chance de bénéficier d’une certaine virginité au plan international, mais la synergie doit avoir lieu au plan national pour s’imposer durablement au-delà des frontières.
///Article N° : 1778