Les éditions XYZ Books basées à Lisbonne publient Moçambique, une anthologie des travaux du photographe José Cabral.
Né en 1952, à Maputo où il vit actuellement, José Cabral a commencé à travailler comme photographe après l’indépendance du Mozambique en 1975. Les années suivantes, on le retrouve comme photojournaliste, photographe documentaire freelance, professeur, artiste. Il voyage et expose en Italie en 1987, aux États-Unis en 1996, au Portugal une première fois en 1999 puis dix ans plus tard en 2009.
Les éditions XYZ Books permettent de (re)découvrir la photographie intimiste de Cabral, et avec elle, son regard personnel sur un Mozambique en profonde mutation. Influencé dès le début de sa carrière par les codes internationaux de la photographie Cabral, tels ses contemporains Moira Forjaz, Filipe Branquinho, est désormais une des références de la nouvelle génération de photographes mozambicains.
La publication de cette anthologie de Cabral sera suivie de deux expositions qui se tiendront à Maputo : Camões au Centre Culturel Portugais du 11 avril au 25 mai et parallèlement à Associação Kulungwana du 26 avril au 25 mai.
2017, XYZ Books & Associação Kulungwana
176 pages, 18 x 22 cm
First edition
Edition of 800
ISBN 978-989-99063-7-2
TOUTES LES IMAGES DE LA SEMAINE
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#Faces Project de Badr Bouzoubaâ
Si nous connaissons une sublimation constante de nous-mêmes à travers nos Selfies sur les réseaux sociaux. Face à ces surreprésentations de l’individu, le photographe marocain Badr Bouzoubaâ a cherché à aller vers l’essence de l’être et le mettre à nu. Pas de fioritures, un décor minimaliste et le choix du noir et blanc pour protocole. Une expression neutre est demandée au sujet afin de laisser échapper ce qui est indicible, ce qui est incontrôlable en nous. Il en résulte des clichés d’hommes et femmes libérés de tout artifice.
#Faces Project est exposé du 17 janvier au 28 février à la Galerie 121 de l’Institut français de Casablanca, un studio photo est installé afin d’alimenter l’exposition au fur et à mesure. -
Africolor de Amina Zoubir
Amina Zoubir vit et travaille entre Paris et Alger. Artiste plasticienne, elle est également réalisatrice et commissaire d’exposition d’art vidéo.
L’œuvre Africolor réalisée en 2017 est une composition à partir d’une trilogie de mots en anagramme : « Afrique, fric et couleur », nous explique la plasticienne. Lumineuse, la police choisie reprend celle de la marque Coca-cola, marqueur du rêve américain.
Amina Zoubir aborde ainsi le concept de progrès et de bonheur en liant, dans un mot composé, l’anagramme de l’argent, du continent africain et de la couleur jaune. Couleur de joie, couleur des pièces de monnaie, le jaune est aussi associé aux traitres, à l’adultère et au mensonge. Ainsi, Amina Zoubir veut questionner l’industrialisation obsolète qui n’enrichit guère les Africains. Rapprochée à l’art, la question est celle de la consommation d’œuvres.
Africolor ouvre la publication Something we Africans got #3. On retrouvait déjà des œuvres formées de néons dans les précédentes publications, coordonnées par Anna-Alix Koffi : Emeka Ogboh avec Food is ready et Dana Whabira avec It’s not the end of the world. La nouvelle édition de Something we Africans got a comme pays focus le Mali, avec Les Rencontres de Bamako comme actualité.
Publication : 21×28 cm, 224 pages, 1er décembre 2017, papier mat 90g et 300g, Lieux de vente sur somethingweafricansgot.com -
Que reste-t-il de nos amours ? de Vincent Michéa
Né en France et vivant entre Paris et Dakar, Vincent Michéa est avant tout un collectionneur d’images. Dans son œuvre ses propres prises de vues côtoient des clichés empruntés à une iconographie africaine vibrante.
Jusqu’au 10 février, la Galerie Cécile Fakhoury présente à Abidjan les dernières séries de peintures et collages de l’artiste dans l’exposition Que reste-t-il de nos amours ?. L’ensemble est composé de moyens et grands formats suivant la ligne de son travail commencé dans le milieu des années 90. On retrouve en trame des personnages sur des aplats de couleur superposés. La notion de réécriture de l’image est très présente : « Je coupe, je tranche, je taille, j’incise, je cisaille, je lacère, j’ampute, je décapite, je démembre…» explique Vincent Michéa pour décrire son processus de travail. Devant l’œuvre, l’œil reste sans repère de temps, de lieu, d’histoire. Une réorientation s’opère, comme dans la série Fatou Pompidou qui nous entraine dans un univers psychédélique, un nouvel espace-temps.
Que reste-il de nos amours ? se dessine alors comme une quête, celle d’aimer et être aimé, ici, maintenant, hier ou demain. Avec ce témoignage de fascination pour la vie quotidienne Vincent Michéa nous invite à une permanente réinvention.
A voir : Que reste-t-il de nos amours ? de Vincent Michéa, jusqu’au 10 février à la Galerie Cécile Fakhoury – Abidjan.
Légende : Fatou Pompidou #2, 40x30cm, 2017, Tirage photographique, papier et acrylique sur papier © Vincent Michéa, Courtesy Galerie Cécile Fakhoury – Abidjan -
Malick Sidibé, Mali Twist
Malick Sidibé, Mali Twist offre une plongée historique dans le Bamako des années yéyé, au temps du twist et du rock’n’roll, alors que le Mali vient d’accéder à l’indépendance. À travers plus de 250 photographies, cette vaste monographie montre comment le photographe Malick Sidibé a saisi la joie de vivre et l’élégance de la jeunesse bamakoise, que ce soit dans son studio de la rue Bagadadji ou lors des nombreuses surprises-parties qui se prolongeaient le dimanche sur les rives du fleuve Niger. Dirigé par André Magnin et Brigitte Ollier, cet ouvrage réunit les photographies les plus remarquable de Malick Sidibé, des tirages d’époque inédits réalisés entre les années 1960 et 1980, ainsi qu’une sélection de pochettes dans lesquelles le photographe archivait ses reportages de soirées.
La publication : Malick Sidibé, Mali Twist Coédition Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris / Éditions Xavier Barral, Paris Versions française et anglaise Relié, 20 × 26,7 cm, 296 pages 250 reproductions couleur et noir et blanc Textes de Manthia Diawara, André Magnin, Brigitte Ollier, Malick Sidibé, Robert Storr ISBN : 978-2-36511-151-5 Prix : 45 € Parution : octobre 2017 Diffusion : Interforum -
Rouge comme une pivoine de Marcella Martial
Photographe et plasticienne, Marcella Martial réalise des portraits de muses : des portraits de femmes noires associées à des univers où fusionnent l’empreinte du terrestre, de la nature et de la spiritualité. Reconnue pour ces icônes fortes en symboles, Marcella Mariel a réalisé une commande pour l’Assemblée Nationale française dans le cadre de l’exposition « Marianne noire au bonnet phrygien ».
La photographe a été retenue, en ce mois de décembre, pour l’exposition When Art is #TotallyMegalo, It’s Beautiful de la BAB’S galerie à Paris. Sa fondatrice, Elisabeth Ndala, telle une coach en art de vivre, nous invite à oser. Elle a invité des artises à s’emparer de la thématique de l’estime de soi. Aux côtés des œuvres de Marcella Martial, retrouvez, en peinture Anissa Lalahoum, en sculpture Jean-Christophe Cronel, etc. Ces œuvres seront complétées par des lectures et des performances. Une visite qui pourrait bien vous transformer ! A retrouver aussi dans le magazine papier d’Africultures, Afriscope.
A voir : BAB ’S galerie : 27 rue Casimir Perier, Paris 7e / Vernissage le 12 déc. de 18h-21h30 puis ouverture le 19 déc. et les 4 et 11 janv. de 18h à 21h30 et sur rendez-vous au 06 52 58 57 42. -
Untitled de Alain Ngann
Le photographe camerounais Alain Ngann est exposé jusqu’au 10 décembre à la galerie MAM dans le OFF du Salon Urbain de Douala – SUD 2017. Evoluant dans le monde de la mode, sa recherche porte principalement sur les corps, sa série #itsjustacolor s’intéressait à l’albinisme. Avec Siaka Soppo Traoré, ils répondent à la thématique « Who are my people » proposée par MAM, et qui se décline également par un atelier Atwork animé par le commissaire reconnu internationalement Simon Njami.
Quant au SUD, il est installé dans le paysage des rendez-vous culturels incontournable depuis 2007. Aux manettes ? Le centre culturel doual’art. La vocation du SUD est d’aller à la rencontre des habitants et d’enrichir le patrimoine contemporain de Douala, poumon économique du Cameroun. SUD2017 a pour thème « la Place de l’Humain », qui se confronte aux notions d’humanisme et de solidarité, quelle part d’humanité intrinsèque porte l’individu ? Plus globalement, « la Place de l’Humain » pose les questions de notre identité contemporaine, de la relation au passé, de la déconstruction/reconstruction de la personne et de sa capacité à transcender le réel dans une perspective d’agir et d’établir de nouveaux codes.
A voir : SUD2017, in et off se déroulent jusqu’au 10 décembre dans de nombreux espace à Douala. -
Ça va aller… de Joana Choumali
La série Ça va aller…de la photographe ivoirienne Joana Choumali a été sélectionnée par la commissaire Marie-Ann Yemsi pour figurer dans Exposition panafricaine, une fenêtre de la 11e édition des Rencontres de Bamako. Ici, les photographes ont été invités à s’interroger sur les transformations du monde contemporain. Avec Ça va aller… Joana Choumali tente de soigner les souffrances psychologiques. L’image devient un pansement quand les mots s’absentent. Les photographies que Choumali a réalisées au téléphone portable à Bassam, dans les semaines qui ont suivi l’attentat terroriste meurtrier de mars 2016, sont retravaillées en broderie de fils de couleurs.
Plus largement intitulée Afrotopia, en écho au livre de l’intellectuel sénégalais Felwine Sarr, cette 11e édition relève de la volonté d’inscrire cette biennale historique dans les nouvelles dynamiques des arts de l’image. Rien d’étonnant alors à ce que la principale exposition s’essaye au panafricanisme avec plus de 40 artistes et collectifs qui font émerger des récits alternatifs sur les Afriques. Ils tissent, chacun à leur manière, de nouveaux liens avec le passé, éclairent le présent et ouvrent des perspectives futures.
A voir :La 11ème édition des Rencontres de Bamako, du 2 décembre 2017 au 31 janvier 2018 dans de nombreux espaces culturels de la capitale malienne. -
Edification de Alun [be]
Issue de la série Edification (2017), cette photographie du dakarois Alun [be] a été choisie en affiche de la 8e édition du LAGOS PHOTO. Photographe autodidacte Alun [be]produit des images captivantes qui évoquent, le plus souvent, la condition humaine dans les espaces publics. Après sa série Empowerment de Femmes en Action, montrée pour la première fois en 2015 au public de l‘Exposition Universelle de Milan, son travail intitulé Edification est visible à partir de ce 25 novembre durant le LAGOS PHOTO 2017. Regimes of Truth, la thématique de la 8e édition de cet événement nigérian annuel de la photographie s’interroge sur la tension et la confluence entre la véracité et l’ingéniosité dans la société d’aujourd’hui. L’édition présente les nouvelles œuvres d’artistes acclamés tels que Samuel Fosso, dont la série Le pape noir explore les réflexions sur la religion en Afrique. Les espaces publics emblématiques de Lagos accueilleront aussi le travail de Nadine Ijewere (Nigeria/UK), Justine Tjalinks (Netherlands), Seye Isikalu (Nigeria/UK), Keyezua (Angola) et une trentaine d’autres photographes bourrés de talents.
A suivre : LAGOS PHOTO 2017 du 25 novembre au 15 décembre à Lagos au Nigeria. Légende : Potentiality from the series EDIFICATION © Alun [be] -
Victory de Àsìkò
Cette photographie de l’artiste Àsìkò porte, en couverture, la troisième édition d’Intense Art Magazine – IAM. Un numéro qui invite à la découverte d’artistes, de stylistes et de designers nigérians. Ils se nomment Otobong Nkanga, Bisi Silva, Peju Alatise, Olu Amoda, Peju Layiwola, William Okpo… Chacun à leur manière, ils contribuent à l’écriture de l’histoire de la création artistique contemporaine. De New York à Londres, en passant par Venise ou Anvers, leur travail est incontournable. Basé à Londres, le photographe de mode Àsìkò garde une attache au Nigeria. Il fait partie de cette génération qui par l’art offre des réponses à ses expériences identitaires, culturelles et patrimoniales.
Au fil des pages, IAM propose de découvrir ces multiples talents et leurs histoires écrites par une équipe de contributeurs nigérians spécialement formés pour ce numéro, dont Bukola Oyebode écrivaine et fondatrice de la plateforme artistique The Sole Adventurer ou encore Helen Jennings, rédactrice mode et co-fondatrice de la plateforme artistique Nataal.com.
A lire : IAM #03 | NIGERIA - Septembre 2017 - 25€ + frais de livraison : www.iam-africa.com/fr/iam-03-nigeria/ -
Cahiers 2003 – 2016 de Ferhat Bouda
La photographie, Ferhat Bouda l’envisage sous l’angle du documentaire, de la narration, de l’essai. Cahiers 2003 – 2016, collection de carnets de travail dirigée par Zoème à Marseille, en co-production avec Filigranes éditions, rassemble dix années de réflexions et de recherches du photographe. Décantées et triées dans un va-et-vient continu entre des lieux, des situations, des regards, les 162 photographies produisent une trajectoire de l’intime. Cahiers 2003-2016 est disponible dès ce 10 novembre, et sera présenté à l’occasion de Paris Photo.
Né en Kabylie, Ferhat Bouda étudie le cinéma à Paris. Dans les années 2000, on le retrouve à Franckfort, où il s’installe. En 2005, alors que la ville allemande tente de chasser les punks des espaces publics, Ferhat utilise le médium photographique pour documenter cette situation. Depuis le photographe n’a cessé de s’intéresser aux minorités et aux groupes marginalisés. Il a été exposé à de nombreuses occasions à Franckfort, mais aussi à Alger en 2011. Ses séries documentaires étaient visibles aux éditions 2015 et 2016 de Visa pour l’image à Perpignan. Depuis 2014, son travail est distribué par l’Agence VU.
Du 9 au 12 novembre, dans le cadre de Paris Photo – la foire dédiée au médium photographie qui s’installe chaque année au Grand Palais – 250 séances de signatures sont programmées. On retrouve Ferhat Bouda, à ses côtés Nicola Lo Calzo présente l’ouvrage Regla, (André Frère Éditions), Bruno Boudjelal Algérie, clos comme on ferme un livre ? (Le Bec en l’air), Denis Rouvre Lamb – Lutteurs du Sénégal (Project), Claude Iverné Bilad es Sudan (Éditions Xavier Barral) ou encore Patrick Willocq qui signe Songs of the Wales (Kehrer). Ils ont en commun, un espace de questionnement, un regard tourné vers le continent africain ou les Caraïbes.
Co-production : Filigranes éditions / Zoème Parution : 10 novembre 2017 / Format : 140 x 210, 162 photographies couleur et noir et blanc, 64 pages Français / Broché ISBN : 978-2-35046-436-7 15€ Commander ici : www.filigranes.com/livre/ferhat-bouda/?add-to-cart=14145
Ferhat Bouda est en séance de signature durant Paris Photo, vendredi 10 novembre, 16h30 au Grand Palais (Paris 8e), Stand Patrick Le Bescont. -
Royal Generation de Keyezua
Née à Luanda, en Angola, Keyezua est diplômée de la Royal Academy of Arts de La Haye. Consciente des attentes performatives de la féminité, en tant qu’artiste, elle s’attache à déconstruire les cadres de la beauté, de la féminité, de la sexualité. Briser les codes attendus des « cultures africaines », rompre les silences à l’égard de l’Art Africain et développer une nouvelle vision de l’Afrique, font partie de ses propositions artistiques. La série Royal Generation était exposée en 2016 durant le Lagos Photo Festival. Keyezua sera représentée, avec les mêmes œuvres, par la galerie MOV’ART durant Also Know As Africa (AKAA). La deuxième édition de cette foire d’art contemporain et de design d’Afrique, se tiendra de nouveau au Carreau du temple (Paris 3e), du 10 au 12 novembre 2017.
Rendez-vous des collectionneurs et amateurs d’art contemporain et de design d’Afrique, AKAA accueillera 38 galeries provenant de 19 pays. En parallèle des exposants, la foire propose une programmation culturelle riche dont le thème principal est la guérison. Salimata Diop en charge de cette programmation, explique ce choix dans une interview à lire sur Africultures : « On a l’impression aujourd’hui que l’on vit dans un monde malade, où on a peur et où il y a par ailleurs cette espèce de culte du bien-être, très à la mode. En fait, l’idée était de se poser la question du rôle qu’à l’artiste dans nos sociétés. Est-ce que son pouvoir ne serait pas celui de la guérison ? »
A voir : AKAA, la foire d’art contemporain et de design d’Afrique, au Carreau du temple (Paris 3e), du 10 au 12 novembre 2017. -
Destinées de M’hammed Kilito
Sommes-nous englués par le déterminisme social ? Les individus ont-ils une capacité d’action face à leurs héritages ? Sommes-nous guidés par une mémoire inconsciente ? Qu’en est-il de ces questions au Maroc, d’aujourd’hui ? Avec la série Destinées le photographe M’hammed Kilito tente des réponses en photographiant différents parcours de vie. Et ce, dans deux contextes différents : le cadre de travail du sujet en question et la mise en scène de l’emploi qu’il rêvait d’occuper étant plus jeune. Rêve et réalité s’affrontent ou se fondent. Ce sont bien des batailles personnelles, victorieuses ou désillusoires, qui se jouent sous nos yeux dans l’arène des déterminismes.
Né en Ukraine, M’hammed Kilito a vécu jusqu’à ses 18 ans au Maroc, avant d’émigrer au Canada où il étudie la photographie à l’École d’Art d’Ottawa et empoche au passage une maîtrise en science politique. Après avoir travaillé dans une agence de publicité, il retourne vivre au Maroc pour se consacrer exclusivement à la photographie. De 2007 à 2017, ses œuvres ont été montrées à Marseille, Londres, Montréal, Rabat, Casablanca, Marrakech, Essaouira. Kilito s’intéresse à documenter le quotidien, des détails qui nous renseignent sur des faits socio-politiques, des faits identitaires et plus largement sur la condition humaine.
A voir : Destinée l’exposition du photographe M’hammed Kilito est à voir du 1 au 25 novembre à la galerie de l’Institut français de Rabat. -
Lambeaux de Gilles Elie-Dit-Cosaque
Lambeaux est un journal reconstitué à partir d’éléments disparates, signé par le photographe et réalisateur Gilles Elie-Dit-Cosaque. On y retrouve une cinquantaine de pages dessinant une mémoire créole au sens géographique et spirituel. Cette mémoire “créolisationnée”, pour reprendre Elie-Dit-Cosaque, s’inspire du concept d’Édouard Glissant.
Une mosaïque d’images : voilà ce qui est proposé dans Couleurs pays, exposition de la 14ème édition du festival les Photaumnales qui nous transporte, du 14 octobre au 31 décembre, au cœur de la création photographique de Guadeloupe et de Martinique. Plus de 30 photographes (Nicolas Nabajoth, Robert Charlotte, Daniel Goudrouffe, Charles Chulem-Rousseau, pour ne citer qu’eux) sont représentés à la galerie Le Quadrilatère à Beauvais et dans différents lieux en région Hauts-de-France. Photographies d’archives et contemporaines forment une variété de regards, d’une grande richesse, où s’entrecroisent activités humaines, traditions industrielles, paysages et questions identitaires, sociétales et environnementales. Pour revenir à Gilles Elie-Dit-Cosaque, il y présente des pièces issues de la série Lambeaux, Ma grena’ et moi ainsi que Kunta Kinté et ses amis.
A voir : Couleurs pays dans le cadre du festival les Photaumnales, du 14 octobre au 31 décembre, à la galerie Le Quadrilatère de Beauvais (60). -
Deux femmes, un homme de Paul Kodjo
S’intéresser à l’œuvre photographique de Paul Kodjo revient à renouer avec l’histoire culturelle et politique de la Côte d’Ivoire post-indépendance, jusqu’aux années 90. Les années fastes du « miracle ivoirien ». Muni d’une carte de presse, le photographe accède à la présidence, il est de tous les dîners mondains abidjanais, il suit Félix Houphouët-Boigny dans ses déplacements à travers le pays mais aussi en Europe. Paul Kodjo est un esthète. « Je vis à travers la photographie, j’écris avec la lumière », rapporte-t-il à son confrère Ananias Léki Dago, à qui il confie, en 2008, toute sa collection de négatifs, hélas, sérieusement abîmés par l’humidité.
Anna-Alix Koffi qui dirige la revue d’art Something we Africans got a pioché dans cette collection fascinante pour en extraire l’image de couverture du deuxième numéro lancé le 7 octobre dernier durant la foire 1:54 de Londres. Depuis le printemps 2017, Something we Africans got offre son regard sur les scènes artistiques actuelles africaines et afrodescendantes. Bel objet bilingue de plus de 200 pages, le côté « swag » revendiqué va séduire au-delà des rangs des aficionados de l’art contemporain africain.
Publication : Something we Africans got / 224 pages / 21×28 cm /papier mat, 25€ / 25 000 CFA / www.somethingweafricansgot.com
Légende : Photo extraite du photo-roman « Deux femmes, un homme » réalisé par Paul Kodjo. Crédit photo : Paul Kodjo, Abidjan, Côte d’Ivoire, 1971. -
Still a stranger de Sarah Waiswa
Still a stranger de la photographe Sarah Waiswa propose un nouveau développement à la série Stranger in a Familiar Land. Cette dernière a notamment été exposée durant les Rencontres d’Arles en 2016.
A travers Kibera, bidonville du Sud de Nairobi, nous suivions une femme à la présence et aux gestes magnétiques. Homme ou femme, les héros de Sarah Waiswa, luttent pour trouver leur place, dans des contextes où l’albinisme marginalise.
Le travail de Sarah Waiswa est visible, du 7 octobre au 12 novembre, dans le cadre de la 5e Biennale de Lubumbashi. La ville phare du Haut-Katanga à l’Est de la République Démocratique du Congo donne à voir durant plus d’un mois les œuvres d’artistes internationaux, mais aussi de RDC. Une bannière va les rassembler : « Éblouissements ».
« J’ai emprunté le titre « Éblouissements » à un ouvrage du sociologue gabonais Joseph Tonda, publié en 2015 : L’impérialisme postcolonial. Critique de la société des éblouissements. Joseph Tonda y propose la notion d’éblouissements pour dresser le portrait de la société post-coloniale et de la globalisation capitaliste ». explique Toma Muteba Luntumbue, le commissaire.
De quoi s’interroger sur notre pouvoir d’agir face aux forces visibles et invisibles, symboliques, imaginaires et mentales, personnages ou choses qui gouvernent notre monde. Invitation prometteuse pour une Biennale qui cherche à s’imposer dans le paysage de l’art contemporain du continent africain.
A voir : La 5e Biennale de Lubumbashi, du 7 octobre au 12 novembre, se tient dans différents lieux de la ville (Musée National de Lubumbashi, Institut des Beaux-arts, Institut français, Atelier et Hangar Picha).
Légende : Sarah Waiswa, Birds of a feather, 2017 (from the serie Still a stranger) -
Wakes the Sea de Zineb Sedira
Avec Wakes the Sea, l’artiste britannique d’origines française et algérienne, Zineb Sedira poursuit ses recherches sur la déterritorialisation, les trajectoires et mouvements humains. Le rapport au « chez-soi », la rupture du sujet avec son territoire d’origine ou les problématiques de transmission sont des sujets récurrents de l’œuvre de Zineb Sedira. Depuis le projet vidéo Saphir (2006), son répertoire visuel a fréquemment inclus des images maritimes, des ports, des navires… En 2010, le Palais de Tokyo (Paris), Nikolaj Kunsthal (Copenhague) et Bildmuseet (Umeå) ont consacré une exposition solo à Sedira. Ses travaux ont été montrés au MACAAL, Marrakech (2016), Sharjah Art Foundation, Sharjah (2016) ou encore au Studio Museum in Harlem, New York (2016).
Ces prochaines semaines, une double actualité donne à voir les images de Zineb Sedira. Débute ce 27 septembre la première exposition solo de l’artiste au Maroc. Kulte Gallery expose la série Line of Flight à Rabat. Et la galerie suisse Plutschow participe à la foire internationale 1:54 Contemporary African Art Fair, qui se tient du 5 au 8 octobre à Londres, en donnant à voir les travaux récents de la photographe, ses recherches sur la mer.
Légende : Zineb Sedira, 2017, Wakes the Sea I, Color C-Print, 70x45cm (Small) + 70x95cm (large), ed 1/3 + 2 AP. Courtesy Plutschow Gallery and the artist. -
Sapeurs de Bacongo par Baudouin Mouanda
La Sape, la Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes a depuis quelques années son photographe attitré : Baudouin Mouanda. Ses séries autour des sapeurs du quartier de Bacongo ont fait le tour des événements photographiques du continent africain et d’Europe. Ce mois, l’exposition S.A.P.E est visible à l’Alliance Française de Nairobi. Rien d’étonnant à ce que l’on retrouve aussi Baudouin Mouanda dans la sélection portfolio de la publication Le métier de photographe en Afrique qui célèbre les 10 ans d'Afrique in visu. Cette plateforme participative a été initiée en octobre 2006 au Mali par Jeanne Mercier et Baptiste de Ville d’Avray, elle regroupe plus de 1000 articles pour penser les pratiques photographiques et les images des Afriques. L’ouvrage anniversaire, publié aux éditions Clémentine de la Féronnière, est l’occasion de regrouper les entretiens et critiques les plus mythiques du site, qui sont republiés, complétés… On y retrouve un ensemble de spécialistes, à l’instar d’Érika Nimis, Simon Njami, Olivia Marsaud et François Cheval, et aux côtés des sapeurs de Baudouin Mouanda, les portfolios donnent à voir des travaux de Nicola Lo Calzo et de Camille Millerand.
A lire : éd. Clémentine de la Féronnière Relié, bilingue 160 pages 212 x 248 mm Sortie librairie : 10 octobre 2017 Prix de vente : 38 € ISBN 979-10-96575-03-9 En pré-achat en édition limitée offre spéciale tote bag - 38 €, par ici. http://www.galerieclementinedelaferonniere.fr/Edition/aiv
A suivre : Le samedi 30 septembre, lancement de la publication à partir de 16h30, à la Galerie Clémentine de la Féronnière (Paris 4e). -
West of Life de Zied Ben Romdhane
Si la série West of Life a déjà fait le tour des réseaux sociaux, parallèlement à une publication par le Washington Post en juin 2016 et un prix de la Fondation Magnum. La seconde édition de la Biennale des photographes du monde arabe contemporain, qui ouvre ses portes ce 13 septembre, est l’occasion de redécouvrir le travail du photojournaliste tunisien Zied Ben Romdhane.
Avec lui, nous arpentons la région de Gafsa, au sud-ouest de la Tunisie. Des gisements de Redeyef aux mines de Métlaoui jusqu’aux collines d’Oum El Araies, c’est une terre usée, fissurée par l’exploitation minière, mais aussi une terre en résistance, qu’il nous dévoile alors en noir et blanc.
Depuis son virage vers le photojournalisme en 2011, Zied Ben Romdhane se concentre sur les angles morts sociétaux. Avec Children of the Moon (2014) notamment, il montre les effets d’une maladie génétique sur les personnes atteintes.
La série West of Life côtoie les travaux de Héla Ammar, Ahmad El-Abi, Jaber Al Azmeh, Roger Grasas, Bruno Hadjih, Mouna Karray… une vingtaine de photographes, tous repérés pour l’intensité de leur engagement. Ils se retrouvent derrière le terme « reconfiguration du monde », proposition ambitieuse de Olfa Feki qui est la commissaire de cette exposition collective présentée dans les espaces de l’IMA à l’occasion de la Biennale. « Le trait essentiel de ce langage poétique dans ces photographies, implique indirectement une reconfiguration du monde et directement sa réappropriation. Entre les multiples facettes contrastées de cette scène artistique, cette exposition présente une traversée des villes et des pensées et une ouverture des frontières physiques et mentales à travers des travaux inédits. » indique Olfa Feki, une ligne qu’elle défend également à La Maison de l’image, lieu indépendant dédié à l’image à Tunis, elle en est la cofondatrice.
A voir : La Biennale des photographes du monde arabe contemporain se déroulera simultanément dans huit lieux parisiens : l’IMA, la MEP, la Cité internationale des Arts, la Mairie du 4e, la Galerie Thierry Marlat, Photo 12, la Galerie Clémentine de la Féronnière et la Galerie Binôme, dessinant un parcours pluriel à travers les différents regards des photographes contemporains sur le monde arabe, jusqu’au 12 novembre.
Légende : Oumm Laarayes, série West of Life, 2015 © Zied Ben Romdhane -
20 cents de Youcef Krache
Avec la série 20 cents, le photographe algérien Youcef Krache, membre du collectif 220, se passionne pour les combats de béliers. Il décrypte en images ces moments de liesse qui raisonnent aussi en souvenirs : « A l’âge de 5 ans, le dessin sur la pièce de 20 centimes m’intriguait. Il m’a fallu longtemps pour comprendre que c’était une tête de mouton. Il y a aussi les souvenirs de combats de moutons pendant l’Aïd durant mon enfance (j’ai habité Constantine et Aïn El Beida). Et puis, il y a ce mouton qui sort de nulle part dans la rue Didouche, comme débarqué d’une autre dimension et qui fait remonter d’autres images. »1.
La série 20 cents fait partie de IKBAL(إقبال) / ARRIVÉES, une exposition manifeste pour une nouvelle photographie algérienne composée par le commissaire et lui-même photographe, Bruno Boudjellal. IKBAL(إقبال) / ARRIVÉES était visible dernièrement au MAMA, le Musée public national d’art moderne & contemporain d’Alger. L’exposition est présentée à Paris du 12 septembre au 4 novembre à la Cité Internationale des Arts, dans le cadre de la deuxième Biennale des Photographes du Monde Arabe Contemporain.
Les vingt photographes sélectionnés semblent témoigner d’une même envie : raconter la vie de l’Algérie d’aujourd’hui. Atef Berredjem photographie ses interminables voyages entre sa ville natale Annaba et Alger alors que Karim Tidafi avec Aperto Libro se concentre sur les bus de la capitale. Fethi Sahraoui, lui, présente Stadiumphili, une analyse sociale des supporteurs du ballon rond. Une photographie plus introspective se développe dans les œuvres de Hakim Rezaoui, Liasmine Fodil ou encore de Yanis Kafiz
A voir : IKBAL(إقبال) / ARRIVÉES du 12 septembre au 4 novembre à la Cité Internationale des Arts, Paris 4e.
1. Youcef Krache . Photographe, «Je propose des miroirs de la société», entretien de Walid Bouchakour avec Youcef Krache pour Elwatan, 8 Avril 2017 -
Guillaume Flandre - They call it Africa, we call it Home
“Hello, I take photos around the world ↟↟↟ ⤷ daily updates”1, peut-on lire en couverture de la page facebook de Guillaume Flandre. Un tour du monde photographique, qui l’a amené au Maroc, en Italie, en Indonésie ou encore au Sénégal et au Congo. Ce dernier voyage lance sa collaboration avec Visiter l’Afrique, une plateforme numérique, interactive et collaborative créée en 2014 par Diane Audrey Ngako. Une communauté de voyageurs, de storytellers et de photographes y publient leurs carnets de bord. Des habitants racontent leur quotidien et partagent leurs bons plans. Visiter l’Afrique se décline désormais en une publication They call it Africa, we call it Home regroupant 100 photographies prises par la communauté Instagram de Visiter l’Afrique. La commissaire d’exposition Koyo Kouoh - une des femmes les plus influentes du monde de l’art en 2017 selon ARTSY – signe la sélection. Les dix carnets, eux, regroupent autant de paroles, telles que celle de la chanteuse Inna Modja qui partage son Bamako avec que le DJ centrafricain Boddhi Satva partage sa playliste.
They call it Africa, we call it Home par Visiterlafrique.com / 200 pages – 35 € / En vente à Paris chez Colette, Maison Château Rouge, la galerie Nelly Wandji, la Fondation Louis Vuitton et prochainement sur Amazon.
1. « Salut, je prends des photos autour du monde ↟↟↟ ⤷ mises à jour quotidiennes » -
Adinkra de Amos David Ezin
Directeur artistique et photographe, Amos David Ezin planche aussi facilement sur une campagne digitale que sur une série photographique autour des symboles Adinkra. Avec sa série cAdinkra, symboles et gestes renouvellent ce patrimoine graphique historique riche et vivant. Son travail s’inspire également de la vie du chef des Gyaman, Nana Kofi Adinkra (début du XIXe) qui participa à la diffusion de ces symboles, véhicule d’une philosophie et d’un système de valeurs.
Avec Stéphane Kouakou, Franck Bayé, Paguy Tety, GK, Charles Levy et Hug-Lionel Tiadji ils viennent de lancer, le 18 août dernier, The Box, un open studio collaboratif à Abidjan. « Tout a commencé par un appareil photo acheté il y a 2 ans… » rappelle Stéphane Kouakou sur son site. Cet autodidacte qui a débuté en photographie il y a seulement deux ans rêvait déjà de rassembler, collaborer et créer un lieu. Ce lieu existe désormais avec un lancement qui a permis de découvrir les travaux des six entrepreneurs. Des écritures et des parcours qui se complètent. Stéphane Kouakou le défend « L’ADN de cet endroit est l’union ».
Suivre le projet The Box sur la toile : www.thebox.ci -
Bandjoun de Yvon Ngassam
C’est par la musique, notamment via le V-Jing, que Yvon Ngassam se confronte aux arts visuels avant d’être initié en 2012 à la photographie par Em’Kal Eyongakpa. L’atelier qu’il suit lui permet de participer aux Rencontres d’Arts Visuels de Yaoundé (RAVY 2012) en réalisant la vidéo Wata pour l’œuvre commune Appearances. Au Rencontre Internationale d’Art Contemporain de Brazzaville (RIAC) de 2014, Yvon Ngassam décroche une première récompense avec le prix de la meilleure vidéo d’art étrangère. Dernièrement exposé à la deuxième édition de la Biennale Internationale de Photographie et Vidéo de Chongqing, il signe une série sur la ville de Bandjoun au Cameroun. Des images qu’a choisi d’exposer l’historienne de l’art et critique Christine Eyene. Avec Landry Mbassi, elle a fondé YaPhoto (Yaounde Photo Network) une plateforme d’arts visuels lancée en septembre 2016 et qui fait la promotion de la photographie contemporaine au Cameroun et à l’international à travers des portfolios en ligne, des workshops et des expositions. Cette fois c'est à Tokyo que les arts visuels camerounais débarquent. Yvon Ngassam, mais aussi Romuald Dikoume, Blaise Djilo, Max Mbakop et Steve Mvondo y sont à l'honneur, du 10 au 12 août, en lien avec le festival annuel Arakawa Africa, la galerie OGU MAG et Making Histories Visible (University of Central Lancashire). Une première au Japon pour les cinq photographes et pour YaPhoto. Une plateforme à suivre, la relève d’un Samuel Fosso, d’une Angèle Etoundi Essamba ou d’un Samuel NjaKwa semble s’affirmer et se montrer.
A voir : YaPhoto@Arakawa Africa du 10 au 12 août à la galerie OGU MAG de Tokyo.
Légende : Yvon Ngassam, Bandjoun (2017). Courtesy the artist and YaPhoto. -
Everyday Africa - Barry Christianson
Photographe de rue, Barry Christianson a le regard braqué sur Cape Town où il vit. Depuis 2011, il s’attache à partager et documenter les tranches de vie de ses habitants. L’exercice photographie l’amène à se questionner ; sa vision s’affute, devient plus critique. Que dire, que montrer quand le contexte de l'Afrique du Sud a favorisé une iconographie qui reflète encore des préjugés coloniaux ? La représentation des townships étant la partie la plus visible.
Il était tout naturel de retrouver Barry Christianson, parmi les photographes qui alimentent le compte Instagram Everyday Africa. « Combattre les clichés, rester loin du sensationnalisme et plus proche du familier » est l’objectif de ce projet photographique rappelle Peter DiCampo, photographe et co-fondateur du compte. Cet Américain et son acolyte, Austin Merrill, se sont installés respectivement au Ghana et en Côte d’Ivoire pour des volontariats auprès de Peace corps. A force de décrypter la notion de développement international, ils se questionnent sur les représentations. L’expérience Everyday Africa est lancée en 2012, en invitant des photographes actifs sur le continent à montrer à quoi ressemblent les espaces qu’ils expérimentent au quotidien. En cinq ans, ils ont réussi à fédérer une communauté de plus de 350.000 fans sur Instagram, avec plus de 3.800 photos éditées. Une première publication vient de paraître EverydayAfrica : 30 photographersre-picturing a continent. On y retrouve notamment les images de Nana Kofi Acquah, Andrew Esiebo, Malin Fezehai, Glenna Gordon, Jane Hahn, Mahmoud Khattab, Lindsay Mackenzie, Austin Merrill, Ley Uwera. D’où vient la popularité de l’Afrique en images ? Une problématique à questionner. Une certitude, les concepts #Everyday, #peoplestories sur les réseaux sociaux abondent et inspirent.
Edited by Teun van der Heijden, Peter DiCampo, Austin Merrill, Nana Kofi Acquah Texts by Maaza Mengiste, Stephen Mayes, Nana Kofi Acquah, Austin Merrill, Peter DiCampo Designed by Teun van der Heijden Hardcover, 16,5 x 19,2 cm 440 pages, 267 color ills. English ISBN 978-3-86828-731-8 Euro 38 / GBP 32.00 / US$ 40.00 L’ouvrage est en commande : http://amzn.to/2w6qtkZ
Légende : Barry Christianson: The young woman in the foreground is the soon-to-be-crowned Junior Spring Queen at the world’s largest fashion show and beauty pageant for workers in the industry and their children. Cape Town, South Africa. @thesestreetsza -
Nancy-Wangue Moussissa
Elle s’appelle Nancy-Wangue Moussissa. À 15 ans seulement, cette francilienne s’impose comme la relève d’un Wayne Lawrence, de Andre D. Wagner ou Jamel Shabazz. Trois noms de la photographie qui l’inspirent. Ces professionnels documentent la vie des Afro-américains, en noir et blanc, shootent, la plupart du temps, dans leurs quartiers – Harlem et Brooklyn - et proposent un travail sur l’intime, le quotidien.
Avec son Olympus PEN E-PL1, Nancy-Wangue Moussissa choisit, elle aussi, de saisir des scènes de vie de son environnement et ses proches. Ses territoires de prédilection ? Vitry-sur-Seine, côté Mairie, la cité de La Sablière, son lycée... et de nouvelles explorations. Ses sujets ? Essentiellement ses amies. Principalement des femmes noires : « Je ne connais pas vraiment de personnes blanches. Je n’ai pas grandi avec des Blancs donc ils ne font pas vraiment partie de mon imaginaire »1.
Nyansapo Fest - Festival Afroféministe / Blackfeminist Fest a repéré son travail qui est exposé à La Générale (Paris 11e) du 28 au 30 juillet. Cette première édition, organisée par le collectif Mwasi a été surmédiatisée sur des questions de non-mixité d’une partie de la programmation. Le collectif prône l’échange et l’expression sur les questions liées aux femmes noires, cela passe par des moments d’entre-soi et des espaces ouverts à tou.te.s… dont l’exposition de Nancy- Wangue Moussissa. Retenez le nom de cette photographe autodidacte et suivez-la sur Instagram (nanxiwangue) !
1.Interview publiée sur atoubaa.com, le 3 janvier 2017.
À voir : Dans le cadre du festival Nyansapo, à La Générale, 14 avenue Parmentier Paris 11e du 28 au 30 juillet. -
Cidade em movimento de Delio Jasse
Cidade em movimento est la première publication du photographe Délio Jasse. Un ouvrage constitué de cyanotypes qui offre un vibrant portrait de sa ville natale, Luanda. Dans son travail photographique Jasse utilise des images d’archives (des photos de passeports, des albums familiaux trouvés...). Il dessine des liens entre la photographie - en particulier le concept de «l'image latente» - et la mémoire. Avec cette matière il réinterprète et reconstruit la ville de Luanda. En interrogeant au passage le contexte colonial ou celui de la guerre civile. Jasse est également connu pour expérimenter des processus d'impression photographique analogique, il recourt au cyanotype (tirage par contact mise au point par Sir John Hershel en 1842 à partir d’un mélange de citrate d’ammonium ferrique et de ferricyanure de potassium) mais élabore aussi ses propres techniques. Les processus qu’il utilise confèrent à ses œuvres un caractère monotypique peu conventionnel. L'application d'émulsions, de traits ou de notes chromatiques renforcent l’appropriation des images par l’artiste. Ses œuvres ont été montrées durant l’exposition collective Recent Histories: New Photography from Africa à Walther Collection Project Space de New York, à la Biennale de Dakar en 2016, au Pavillon angolais de la 56ème Biennale de Venise, au Pavillon angolais de L'Exposition universelle de Milan (2015), à la Fondation Gulbenkian, Portugal (2013), aux Rencontres de Bamako (2013). Edition of 225 and 25 special editions 2017, pp. 74 Dimension: 29.4 x 24 cm Language: English ISBN: 9788894084368 L’ouvrage est en commande : https://choisi.info/products/cidade-em-movimento Légende : Cidade em movimento, 2016 © Délio Jasse / Courtesy the artist and Tiwani Contemporary, London -
Nothing's in Vain de Emmanuelle Andrianjafy
En 2011, Emmanuelle Andrianjafy débarque dans la ville portuaire de Dakar et se confronte à la tumultueuse capitale sénégalaise. Son appareil photo devient le lien entre elle et cette ville, monde inconnu. Andrianjafy photographie les scènes de rue, réalise des portraits, traque les moindres traces et recoins. Photographier devient son instrument de navigation.
Née en 1983 à Madagascar, ingénieur en génie électrique de formation, Andrianjafy passe plusieurs années en France avant de s’installer à Dakar en 2011. Elle y mène des projets exploratoires avec une agence de voyage avant de se consacrer à la photographie en 2013.
Nothing’s in Vain a remporté le Prix MACK First Book Award 2017 qui a donné naissance à la publication éponyme. Ce projet photographique a remporté également le CAP Prize 2017 et se place en finaliste du 2017 Aperture Portfolio Prize.
Emmanuelle Andrianjafy a auparavant exposé ses images à la galerie de la fondation Aperture en 2015 (Summer Open, New York) ou encore à Paris photo 2016.
Publication : Emmanuelle Andrianjafy, Nothing’s in Vain, texte (anglais/français) d’Emilie Oyen, MACK (Londres), 2017.
Légende : Emmanuelle Andrianjafy, Nothing’s in Vain (2017), published by MACK. Courtesy the artist and MACK. -
Samuel Fosso: Self-Portraits
Depuis plus de quarante ans, le photographe Samuel Fosso se focalise sur un sujet : lui-même. C’est en ouvrant son premier studio à Bangui en septembre1975 que Samuel Fosso débute sa collection de self-portraits. Les fins de pellicule ne devaient pas se perdre! Il se met alors en scène en s'inspirant des looks du chanteur compositeur Nico Mbarga, de Fela Kuti pour la touche politique, ou d’icônes afro-américaines. Le tout à grand renfort de lunettes de soleil, de maillots de bain et d’habits confectionnés sur mesure.
Ses images expérimentales sont restées privées jusqu’en 1994. Date à laquelle Samuel Fosso participe alors à la première édition de la Biennale de Bamako et choisit de les montrer. Depuis, il décline en série l’art de l’autoportrait. Tati (1997) explore les archétypes des vedettes, des hommes d’affaires ou encore de la femme bourgeoise. African spirits (2008) donne à montrer les personnages qui ont marqué l’histoire des Noirs en Afrique et en Amérique.
Avec la série SIXSIXSIX (2015), le corps n’est plus travesti, on retrouve un artiste à nu. Les 666 polaroids réalisés de 1976 à 2014 se déclinent en un même cadre au fond ocre. Seules les émotions changent pour retracer une palette unique qui semble infinie. « Ce n’est ni le corps qui sourit, ni le corps qui pleure mais ça représente la vie et tous ces malheurs qui nous frappent dans notre intérieur. Au final, il s’agit d’émotions enfouies que nous créons nous-mêmes et d’exorciser mes propres ressentis face à cette situation. » Une situation qu’évoque Fosso dans une interview récente avec le conservateur Yves Chatap pour le numéro 2011 d’ Aperture Live: Platform Africa. Paralysé dans sa jeune enfance, guérie peu avant la guerre du Biafra, Fosso n’a pas une vie tranquille. Se frotter au chiffre du malheur, 666, serait alors une manière de l’éloigner.
Samuel Fosso: Self-Portraits est à voir jusqu’au 24 septembre à la National Portrait Gallery de Londres. Cette première exposition solo londonienne, montre quelques images jamais exposées.
Légende : SIXSIXSIX Series, Unique Instant Print from a Set of 666 (detail) by Samuel Fosso 2015/2016 © SamuelFosso, Courtesy JM Patras/ Paris -
Ke Lefa Laka: Her-story de Lebohang Kganye
Formée dans la prestigieuse école sud-africaine Market Photo workshop, Lebohang Kganye est née en 1990 à Katlehong, township de l'East Rand proche de Johannesburg, premier territoire minier du pays. Les œuvres de Kganye ont fait l’objet de plusieurs expositions à Joburg mais aussi à Pretoria, à Harare, à Londres, à Amsterdam, à Paris ou encore à New York. En 2012/ 2013, elle bénéficie de la bourse Tierney, qui soutient les photographes émergents, grâce à laquelle elle réalise la série Ke Lefa Laka: Her-Story. La genèse de ce travail remonte au décès sa mère. Lebohang Kganye enclenche un travail mémoriel. Elle visite les différents lieux où sa famille a vécu. Elle y trouve des morceaux du passé : des photos, des vêtements… Des traces qui vont l’aider à écrire une histoire commune, une construction visuelle. Où la photographe s’insère à la place de sa mère dans les clichés de son album de famille. S’habillant comme elle, imitant ses poses, elle allie ainsi deux mémoires. La troisième étant sa grand-mère comme narratrice des souvenirs familiaux. Les photomontages deviennent alors un lieu de conversation imaginaire, à trois voix de femmes, trois générations. Ke Lefa Laka c’est aussi l’histoire de l’Afrique du Sud : celle de familles déracinées et réinstallées en raison de l’apartheid. « Une identité familiale devient donc une fiction orchestrée et une invention collective » confie Lebohang Kganye à la critique et éditrice Jeanne Mercier en octobre 2014. Le travail de Kganye est présenté aux côtés des œuvres de Malala Andrialavidrazana, Nicola Lo Calzo and Per-Anders Pettersson dans le cadre de Africana. En off de la semaine d’ouverture des Rencontres d’Arles, la galerie et les éditions Kehrer ont souhaité regrouper ces quatre noms.
A voir : Kehrer Galerie et Kehrer Verlag présentent Africana - Les Rencontres de la Photographie Arles 2017 jusqu’au 8 juillet, en off du festival.
Légende : »Ka 2-phisi yaka e pinky II«, 2013 aus der Serie | from the series »Her-story« Inkjet print auf I on Cotton Rag Paper Ed. 5/5 + 2 AP 42 x 42 cm -
Museum of the Revolution de Guy Tillim
Le photographe sud-africain Guy Tillim a été désigné lauréat du prix Fondation Henri Cartier-Bresson 2017 pour son projet Museum of the Revolution. Le Prix HCB est une aide à la création. Son objectif ? Permettre à un photographe de réaliser ou poursuivre un projet, le plus souvent dans une sensibilité proche du documentaire. Né en 1962 à Johannesburg, Guy Tillim est une figure majeure de la photographie de presse en Afrique. Au début de sa carrière, il effectue des missions chez Reuters entre 1986 et 1988, ainsi qu’à l’Agence France Presse de 1993 à 1994. Son travail s’éloigne de la commande de presse, il est alors remarqué dans de nombreux évènements photographiques prestigieux en Europe, et notamment Africa Remix à Beaubourg en 2004, PhotoEspaña en 2005 et Dokumenta XII à Kassel en 2007. Suivront de nombreuses expositions en solo.
Guy Tillim photographie les rues de Johannesburg (Jo’burg. Johannesburg: Filigranes Éditions & STE (2005) et Joburg: Points of View, Punctum Press & Stevenson (2014)), Maputo, Lunada, Harare, Libreville, Addis Ababa et Nairobi. Il projette désormais de photographier les rues de Dakar, Accra, Kampala et Lagos afin de compléter et documenter ces paysages urbains situés au sein des capitales africaines. Inévitablement, les paradoxes et les contradictions des années coloniales et postcoloniales sont visibles. Cela se perçoit dans l’œil du photographe, dans le choix des rues et des avenues, celles aménagées par la grandeur du pouvoir colonial, puis rebaptisées par l’indépendance. À Maputo, sur l’Avenida 24 Julho, il existe une institution appelée le Musée de la Révolution. L’avenue a été ainsi nommée juste après que la ville de Lourenço Marques devienne la capitale du Mozambique, le 24 juillet 1875. Tillim construit progressivement sa propre muséographie urbaine et continentale. -
Instruments de Ismaïl Bahri
« L’instrument est cet organe externe qui permet de rendre « hyper-sensible ». Il convoque quelque chose de l’affect et des sens. J’ai l’impression que c’est à cet endroit que quelque chose aussi travaille : comment avoir recours aux choses familières qui nous entourent – que ça soit un morceau de papier, de l’encre, de l’eau ou un morceau de tissu – pour en faire les intercesseurs sensibles à ce qui les entoure ? » [1] Cette définition toute personnelle du plasticien Ismaïl Bahri guide son travail au long-court. Une sélection de ses principaux travaux, à laquelle s’ajoutent deux nouvelles œuvres (Sondes et Esquisse, pour E. Dekyndt), est à voir jusqu’au 24 septembre au Jeu de Paume, à Paris. Cet ensemble de huit œuvres vidéo restitue des opérations éphémères menées par l’artiste en intérieur ou en extérieur, le plus souvent réalisées à Tunis, sa ville natale. Des œuvres où l’élémentaire côtoie la durée, l’échelle, la transformation, la visibilité se joue de l’invisibilité, le mystère et sa résolution.
Désormais reconnu dans le milieu de l’art contemporain, Ismaïl Bahri a déjà fait l’objet de plusieurs expositions personnelles (les Églises, Centre d’art contemporain de la ville de Chelles, l’Espace Khiasma aux Lilas, la Galerie Selma Feriani à Tunis), mais aussi d’expositions collectives (Soulèvements en 2016 déjà au Jeu de Paume, les Rencontres de Bamako en 2015 et 2016, la Biennale Sharjah en 2013 et 2017…).
A voir : Instruments de Ismaïl Bahri jusqu’au 24 septembre au Jeu de Paume, Paris 8e.
Légende :Ismaïl Bahri,Revers, 2017, série de vidéos HD 16/9, son stéréo, durées variables. Production du Jeu de Paume
1. Carnet d’artiste tenu par Ismaïl Bahri sur Le Magazine en ligne du Jeu de Paume. -
Bilad es Sudan de Claude Iverné
La Fondation Henri Cartier-Bresson (Paris 14e) présente, jusqu’au 30 juillet, l’exposition Bilad es Sudan de Claude Iverné, lauréat du Prix HSBC 2015. En 1998, ce photographe part sur les traces d’une piste transsaharienne empruntée par les caravanes, qui traverse le territoire soudanais : Darb al Arba’ïn, La piste des Quarante. Jusqu’en 2011, il multiplie les séjours pour s’imprégner du pays, de ses habitants et de ses paysages. Il y a, dans cette approche, une tentative de documenter ce territoire complexe aujourd’hui divisé en deux États distincts en utilisant la photographie bien sûr, mais aussi le son et la vidéo. Dans le cadre du Prix HSBC 2015, Iverné a souhaité poursuivre son projet au Soudan du Sud. Il a tenté d’en esquisser les traits historiques, d’en tracer les contours contemporains, jusqu’à suivre le quotidien de réfugiés soudanais, dans le sud de la France. Cette étape marque l’apparition de clichés en couleurs, une manière de s’attacher à la situation actuelle au Soudan du Sud en déplaçant le traitement photographique.
L’exposition Bilad es Sudan rassemble plus de cent tirages, vidéos, documents et objets, la somme donne une belle « esquisse » de cet immense travail.
A voir : Claude Iverné, Bilad es Sudan jusqu’au 30 juillet à La Fondation Cartier-Bresson, Paris 14e. Et à la Fondation Aperture à New-York du 15 septembre au 9 novembre 2017.
Légende : L1000125. Chantier / Quartier Hai Jalaba / Juba / 2015 © Claude Iverné – Elnour -
Egyptians de Nabil Boutros
Le Festival Image Afrique, pour sa 6e édition, du 9 juin au 2 juillet, dans les rues de Bâle et de Liestal (Suisse), met en avant le travail de Nabil Boutros. Sa série Egyptians débutée en 2010 se compose de 24 images où les symboles vestimentaires sont revisités dans chaque autoportrait. « Le point de départ était un agacement des symboles vestimentaires qui se veulent moralisateurs. C’est un travail sur l’identité avec ses ambiguïtés : une personne est-elle une entité permanente ? Changer de look correspond-il à un changement de facette ou s’agit-il de communication, un message adressé à son entourage ? J’ai servi de modèle à ces photos, qui sont tout sauf des autoportraits. Poser moi-même comme modèle est une manière d’affirmer que c’est moi qui tient ce discours. » explique l’artiste visuel, lors d’une interview donnée à Afrique in visu en janvier 2011.
Né au Caire, Nabil Boutros a longtemps porté son regard artistique sur son pays l’Égypte mais aussi le Moyen-Orient. Il documente les rituels et le quotidien des Coptes chrétiens d’Égypte, de l’Islam et de la musique populaire, travaille sur les bédouins de Jordanie et le rapport des hommes aux hammams à Sanaa, au Yémen. Des travaux qui s’exposent à l’international. Touché par les changements récents survenant en Égypte, son regard glisse vers une ironie critique de la société égyptienne. En France, Egyptians a été montrée en 2015 durant la première Biennale des photographes du monde arabe contemporain.
Le Festival Image Afrique se décline aussi en ateliers, lectures, projections et propose une expérience de réalité augmentée. Les passants pourront scanner les panneaux publicitaires du centre-ville de Bâle à l’aide de leurs smartphones et visualiser les photos du projet, présenté sur Instagram, Everyday Africa. Un regard photographique actuel et divers. A voir également l’exposition des cinq lauréats 2017 du Prix CAP pour la Photographie Africaine Contemporaine. Les gagnants seront désignés le 9 juin. 25 photographes sont dans la course dont Heba Khalifa, Francis Kokoroko, Tsoku Maela, Fethi Sahraoui, Abdo Shanan, Laila Hida, Rahima Gambo.
A voir : Egyptians de Nabil Boutros, du 10 au 24 juin 2017, Voltaplatz à Bâle (Suisse) dans le cadre du Festival Image Afrique.
Légende:Egyptian V. from Egyptians, 2010–2011 © Nabil Boutros -
Stranger in Moscou de Arteh Odjidja in “Dandy Lion”
Costumes sophistiqués, motifs éblouissants, accessoires de grandes marques, les rebelles du style – en un mot les « dandys »- sont au centre des préoccupations de la curatrice et chercheuse américaine spécialisée dans les esthétiques diasporiques : Shantrelle P. Lewis. Elle s’intéresse plus précisément au dandysme noir originaire des contre-cultures de l’Angleterre esclavagiste. Ces contre-cultures se sont propagées dans le monde entier via différents courants, tels que le hip-hop. L’ouvrage Dandy Lion, formidable compilation, célèbre les personnalités dandy à travers les époques, les mouvements, les stylistes et tailleurs. Une riche iconographie qui met à l’honneur les photographes du monde entier : Hassan Hajjaj, la touche pop art « colorfoul », signe la couverture, Omar Victor Diop avec sa série fashion ALT+SHIFT+EGO, Baudoin Muanda et ses célèbres Sapeurs de Bacongo ou encore Arteh Odjidja. Ce dernier, photographe de mode et directeur artistique basé à Londres, est lui-même un dandy. Sa série Stranger in Moscou met en scène un homme, à son image, qui semble se perdre, aussi bien que se fondre dans les rues de la capitale Russe.
Les mondes afro-dandystes n’ont jamais été aussi bien documentés, une bible.
À lire : Dandy Lion: The Black Dandy and Street Style by Shantrelle P. Lewis / 173 pages / 140 black-and-white and four-color images Hardcover / 978-1-59711-389-2 / Aperture, May 2017. -
Diary : Exile de Abdo Shanan
L’Algérie photographiée par sa jeunesse, voilà le fil rouge de l’exposition Ikbal / Arrivées pensée par le commissaire et lui-même photographe, Bruno Boudjellal. Présentée au MAMA, le Musée public national d’art moderne & contemporain d’Alger, jusqu’au 13 juillet, l’exposition a vocation à être présentée à Paris dans le cadre de la deuxième Biennale des Photographes du Monde Arabe Contemporain à la Cité Internationale des Arts du 12 septembre au 4 novembre.
L’exploration de son pays d’origine, l’Algérie, entre carnet de voyage et témoignages, c’est ainsi que Bruno Boudjellal a débuté son cheminement photographique. Ikbal / Arrivées serait presque un leitmotiv pour prolonger la réflexion auprès de la relève. Il a sélectionné vingt photographes, femmes et hommes, originaires de différentes régions d’Algérie et continuant d’y vivre. Ils ont majoritairement entre 20 et 30 ans : « Les sujets dont ils parlent sont multiples. Ils vont du regard sur le social (les chômeurs, les migrants), la ville, le monde rural, à ceux plus intimes ou poétiques de la prière, de la mémoire à un être cher disparu voir des esprits », précise le commissaire d’exposition.
Parmi les centaines de clichés exposés, on retrouve notamment des photos de Youcef Krache, Fethi Sahraoui, Atef Berredjem, Ahmed Badredine, Sonia Merabet ou encore Abdo Shanan. Ce dernier membre du Collectif 220 (sept jeunes photographes algériens qui se sont réunis pour justement confronter leurs regards sur leur pays) est cité par le New-York Times comme l’avant-garde des photographes africains. La série sélectionnée Diary:Exile a été montrée en 2016 au Addis Fotofest. « La société doit se régénérer à travers les rêves de ceux qui ont le courage de franchir les limites, les lignes rouges et les interdits », nous dit, en images, Abdo Shanan. Une photographie en noir et blanc prise sur le vif. Des instants de vie qui composent de nouveaux journaux intimes tel les Chroniques algériennes d’un retour (1993-2003) les premières séries de Bruno Boudjellal.
A voir : L’exposition Ikbal / Arrivées présentée jusqu’au 13 juillet, au MAMA à Alger. -
Flying Girls de Peju Alatise
IVA ARTE VIVA. Pour la 57ème Biennale de Venise, le Nigéria intègre cet évènement de dimension internationale de l’art contemporain. Pour cette première, trois artistes contemporains composent ce Pavillon : Victor Ehikhamenor, Peju Alatise et Qudus Onikeku. Le thème qui les rassemble : « How About NOW? » Une interrogation formulée au présent qui aborde les notions de temps et d’identité. Ils ont répondu chacun d’une manière singulière à cette interpellation « NOW » ; une gamme des possibles qui englobe les idéologies du nouveau, du moderne, du contemporain sans oublier le postcolonial.
Peju Alatise, artiste pluridisciplinaire, également poétesse et écrivaine, s’intéresse particulièrement aux questions sociales, politique et de genre. Son œuvre Flying Girls, installation sculpturale, représente huit jeunes filles grandeur nature formant un cercle. Leurs grandes ailes d’ange, se confondent à la nuée d’oiseaux qui tourne au-dessus d’elles. Peju Alatise base ce travail sur un de ses textes qui raconte l’histoire d’une fillette de dix ans. Celle-ci travaille comme femme de ménage à Lagos tout en rêvant d’un royaume où elle serait libre, où elle n’appartiendrait qu’à elle-même et où elle pourrait voler. Peju Alatise s’attaque, ici, par l’écriture et la sculpture, à l’injustice du présent, à travers une vision d’un avenir imaginaire plus sûr.
A voir : La 57ème Biennale de Venise 2017 se tient du 13 mai au 26 novembre, www.labiennale.org. -
Black Dolls de Mirtho Linguet
De plus en plus de photographes proposent un regard contemporain sur les représentations de l’esclavage et de la traite négrière. Au-delà de la commémoration des victimes de ce passé, il s’agit d’écrire et de documenter ce pan douloureux de l’histoire. La loi Taubira de mai 2001 portant sur la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité, a permis d’ouvrir en France des chantiers en ce sens. Depuis il y a notamment eu l’ouverture du Mémorial de l’abolition de l’esclavage à Nantes et du Mémorial ACTe en Guadeloupe. Souvenons-nous aussi, en 2009, de l’exposition Kréyol Factory au Parc de la Villette (Paris 19e). Ce parcours d’art contemporain interrogeait l’histoire des peuples caribéens faite de traversées, de dérives, de migrations. Une proposition qui réveillait les consciences du grand public et mettait un focus sur les forces créatrices d’artistes.
Dans cette continuité Impressions mémorielles donne à voir, au Musée de l’Homme à Paris, dix regards de photographes internationaux. Céline Anaya Gautier, José Bassit, Adolphe Catan (1899-1979), Robert Charlotte, David Damoison, Claudio Edinger, Mirtho Linguet, Fabrice Monteiro, Samuel Nja Kwa et Véronique Vial nous proposent une figuration de cette mémoire individuelle et collective. L’Histoire est projetée, exorcisée dans le but de démystifier et d’instruire, l’image comme la parole deviennent source d’apaisement.
Avec la série Black Dolls le photographe guyanais Mirtho Linguet s’inspire du poème Limbé tiré du recueil Pigments névralgies de Léon Gontran Damas pour parler de la représentation. « Dans ma série Poupées Noires dont le teint sombre est exagéré je parle de légitimé retrouvée (ce n’est pas un truc / gadget ni une curiosité comme c’est souvent le cas pour les artistes occidentaux), cela me permet d’appuyer mon propos qui n’est pas d’ordre racial mais c’est un fait, or ce teint sert encore apparemment de justificatif à la différence, je parle de la couleur qui ne doit pas servir de ferment à l’injustice, c’est une manifestation de mon “cri”. » confit le photographe en 2013 à Clelia Coussonnet dans le cadre de la première édition BIAC Martinique.
A voir : Impressions mémorielles au Musée de l’Homme à Paris du 10 mai (jour commémoratif en Métropole de l’abolition de l’esclavage) au 10 juillet 2017. L’exposition est accompagnée d’une riche programmation de lectures, projections et débats. -
Steve Schapiro
Avec The Fire Next Time, publié en 1963, l’auteur afro-américain James Baldwin (1924-1987) explore avec franchise et pertinence les relations interraciales. Amour, foi et famille s’entrelacent pour témoigner de ce que signifie être noir dans l’Amérique des années 1960. Un combat par le verbe.
Steve Schapiro, quant à lui, va témoigner de cette période par l’image. Cette légende du photoreportage des années 1960 sillonne le Sud américain avec James Baldwin pour le magazine Life. Cette rencontre a plongé Schapiro au cœur du mouvement pour les droits civiques, et lui a permis de prendre des clichés décisifs, souvent emblématiques, de ses leaders — dont Martin Luther King, Rosa Parks, Fred Shuttlesworth et Jerome Smith — et d’événements marquants comme la Marche sur Washington et la Marche de Selma.
Aujourd’hui, la prose toujours pertinente de James Baldwin est rééditée aux éditions Taschen en impression typographique avec une centaine de clichés signés Steve Schapiro. L’ouvrage est complété par les anecdotes précieuses du photographe et par une nouvelle introduction de la grande figure des droits civiques, aujourd’hui membre du Congrès américain, John Lewis. Les mots claquent, les images parlent.
Un écho puissant au documentaire I Am Not Your Negro de Raoul Peck qui, lui, a choisi de mettre en image un composite des textes de Baldwin, et notamment Remember this House. I Am Not Your Negro sort dans les salles françaises ce 10 mai et The Fire Next Time. Photographs by Steve Schapiro est déjà disponible.
À se procurer : James Baldwin. The Fire Next Time. Photographs by Steve Schapiro / James Baldwin, Steve Schapiro, John Lewis, Gloria Karefa-Smart, Marcia Davis / Volume relié sous coffret, texte reproduit en impression typographique en relief, avec deux papiers différents et encarts, 24 x 34 cm, 272 pages, publication en anglais, 200€ / ISBN 978-3-8365-5103-8 / www.taschen.com
Légende : United States Representative John Lewis, then chairman of the Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC), in Clarksdale, May 1963. Congressman Lewis has written an original introduction to this edition of The Fire Next Time. © 2017 Steve Schapiro – Taschen -
Fantômes de la Mer de Bruce Clarke
Fantômes de la Mer est un hommage du plasticien international Bruce Clarke aux réfugiés économiques et politiques victimes du trafic humain transméditerranéen. La figuration des personnes perdues en mer semble la seule manière de les rendre présentes à nous, dans un monde qui les a confinés à une existence en marge ou les a nié dans leur existence singulière.
Bruce Clarke poursuit le débat sur la question des « invisibles » de la vie moderne, un débat qui s’inscrit dans une réflexion longue sur les angles morts de l’Histoire contemporaine, premièrement celle de l’apartheid en Afrique du Sud puis du génocide des Tutsi au Rwanda.
Des débats qu’il sait porter au-delà les frontières, en effet, les douze Fantômes de la Mer ont pour vocation à entamer un voyage : en Afrique de l’Ouest (Dakar, Nouakchott ) et du Nord (Tanger) mais aussi en Europe du Sud (Malte, Sicile, Lampedusa, Lesbos)… Afin de porter cette présence au monde, là où elle est fuite et disparition. Que chacun-e puisse se dire : « Oui, maintenant, je sais que les fantômes existent. ».
Les portraits sont en escale du 29 avril au 1e mai dans le cadre de l’exposition BLUES au Relais de l’Espadon à Gorée au Sénégal, lieu hautement symbolique. Dans le cadre de la 11ème édition de Gorée regard sur cours Creative Intelligence propose donc deux regards artistiques portés sur la migration celui de Bruce Clarke en résonance avec le photographe Siaka Soppo Traoré qui expose une série inédite, dont la source d’inspiration reste les danses hip hop.
A voir : BLUES du 29 avril au 1e mai, au Relais de l’Espadon sur l’Ile de Gorée au Sénégal dans le cadre de Gorée regard sur cours. -
Innocent de Wahib Chehata
Vous avez encore quelques jours, jusqu’au 28 avril, pour profiter du programme multidisciplinaire Afrique en capitale soit plus de 36 évènements culturels organisés dans 18 lieux de la ville de Rabat.
Direction le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain qui accueille plusieurs expositions photographiques. Hommage célèbre le travail de l’incontournable Malik Sidibé, surnommé “L’œil de Bamako” à côté des travaux intitulés Les musiciens de la transe et Les Marocains signés par deux jeunes artistes, aujourd’hui décédés, Othmane Dilami et Leila Alaoui.
Le Musée Mohammed VI dévoile également les travaux de Wahib Chehata, photographe français d’origine tunisienne, et Kouka Ntadi, peintre congolo-français. Leur exposition Présence Commune, est le fruit d’une résidence effectuée à Marrakech en juin 2016.
Editeur, réalisateur, directeur artistique, Wahib Chehata décline l’image sous toutes les formes. Passionné de dessin et de peinture il compose ses photographies comme un tableau. Avec l’œuvre Innocent Chehata reprend les clairs-obscurs de l’école caravagesque et les scènes de la Renaissance italienne. Ses personnages sont ici des mendiants des rues de Bamako qu’il met en scène et en lumière devant un drap noir.
L’artiste estime que l’art doit poser les bases d’interrogations intéressant le genre humain. Il cherche ainsi à inventer une nouvelle mythologie reconstruite à partir de références communes. Il en ressort des œuvres souvent antagonistes qui associent le vice à la vertu, l’aube créatrice au fracas de l’apocalypse.
A voir : jusqu’au 28 avril, L’Afrique en capitale au Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain à Rabat. -
RCA de William Daniels
Entre 2013 et 2016 le photographe français William Daniels s’est rendu une dizaine de fois en République Centrafricaine, pour y documenter un pays sombrant dans la guerre civile : " Avant son indépendance déjà, la Centrafrique, alors appelée Oubangui-Chari, était la colonie « poubelle » de la France. Celle où l’on envoyait les plus mauvais administrateurs. Celle où certaines entreprises avaient recours au travail forcé pour exploiter les ressources. Car le pays est riche : son sol fertile, ses minerais et ses forêts devraient permettre à la population l’accès à un niveau de vie décent. Il n’en est rien. Les mauvaises gouvernances d’une administration fantôme, la corruption, les crises à répétition, le pillage ont installé ce trou noir des cartes à la deuxième place des États les plus pauvres du monde. Des milices armées maintiennent un climat d’insécurité permanente. L’impunité est totale et la jeunesse centrafricaine, désœuvrée, constitue un réservoir inépuisable de chair à canon. C’est l’histoire d’un pays en sursis", explique le photographe.
Avec ce travail au long-court William Daniels obtient en 2014 le Visa d’or humanitaire du Comité international de la Croix-Rouge au Festival international de photojournalisme de Perpignan. Parmi ses reconnaissances internationales figurent également un World Press et 3 Picture of the year ainsi que plusieurs nominations notamment pour la bourse Eugène Smith, le prix de l’Académie des Beaux-Arts dont il a été finaliste en 2011, ou encore en 2012 le Visa d’or News du Festival de Perpignan avec sa couverture de la chute de Tripoli. S’il travaille régulièrement en commande pour la presse, des ONG et des institutions internationales, avec la publication de RCA aux Éditions Clémentine de la Féronnière, le travail de William Daniels bascule vers une écriture du sensible des conflits et tiraillements que traverse la Centrafrique.
A se procurer : RCA – République Centrafricaine de William Daniels aux Editions Clémentine de la Féronnière / 11 avril 2017 / 19.3 x 25 cm / 104 pages / 56 images quadri /Bilingue anglais-français / 36 €.
A voir : Exposition RCA et dédicace par William Daniels de son ouvrage le 12 avril, dès 19h, Le 61, 3 Rue de l’Oise, Paris 19e. -
Mimi Cherono Ng’ok
Afriques Capitales, vers le cap de Bonne-Espérance, le deuxième chapitre de l’exposition d’Afriques Capitales (présentée à la Villette à Paris dans le cadre du festival 100% Afriques) s’ouvre à la gare Saint-Sauveur de Lille ce 6 avril et jusqu’au 3 septembre.
Lille ville carrefour de l’Europe a inspiré au commissaire Simon Njami ce cheminement : « Les plus beaux voyages sont ceux qui peuplent notre enfance. Les sons, les odeurs, les couleurs, tout est dépaysement. C’est à ce voyage-là que je songe. Je m’imagine cingler, toutes voiles dehors, depuis Lille jusqu’au Cap de Bonne-Espérance. La destination, à vrai dire, importe peu. Seule me motive cette espérance contenue dans le nom de cette ville d’Afrique du Sud, aux confins du continent. »
Une trentaine d’artistes contemporains dessinent des tracés poétiques, politiques, artistiques. On y retrouve la photographe Mimi Cherono Ng’ok. Diplômée en arts plastiques en 2006 à l’Université de Cape Town sa première série documente la vie d’immigrants africains vivants en Afrique du Sud. En 2011, Cherono a reçu le premier prix à Photo Afrique de Tarifa pour sa photographie L’Autoportrait.
Avec son retour à Nairobi, sa ville natale, sa pratique devient plus sensible à son environnement. Une manière de se retrouver dans une conversation avec son quotidien, ses errances, ses quêtes. Depuis son travail a été montré aussi bien à la Biennale de Dakar (2016 et 2014), au 1:54 de Londres (2015), aux Rencontres de Bamako (2015).
A voir : Afriques Capitales, vers le cap de bonne-espérance du 6 avril au 3 septembre de à la gare Saint-Sauveur à Lille www.garesaintsauveur.com. -
Endabeni de Mohau Modisakeng
Les arts africains sont les invités d’Art Paris Art Fair du 30 mars au 2 avril au Grand Palais. Un focus confié à la commissaire d’exposition Marie-Ann Yemsi que l’on retrouvera au commissariat artistique de la 11e édition des Rencontres de Bamako en décembre 2017.
Une dizaine de galeries venues du continent africain sont représentées cette année : Loft Art Gallery de Casablanca, A.Gorgi Contemporary Art de Sidi Bou Saïd, la Galerie El Marsa de Tunis basée également à Dubaï, Afronova et Whatiftheworld Gallery de Johannesburg, Art Twenty One de Lagos, Afriart Gallery de Kampala, Galerie MAM de Douala, Atiss Gallery de Dakar, ELA -Espaço Arte Luanda, la Fondation Donwahi et la Galerie Cécile Fakhoury d’Abidjan. Sans compter les nombreuses galeries parisiennes et londoniennes qui complètent ce rassemblement, montrant toute la diversité de l’art contemporain africain. De quoi mettre l’accent sur une génération talentueuse d’artistes dont en bonnes places Billie Zangewa, Garethy Nyandoro, Moffat Takadiwa, Mario Macilau, Bili Bidjocka, Mohau Modisakeng…. Ce dernier représenté par la galerie Whatiftheworld utilise l’autoportrait qu’il décline en photographies mais aussi en installations vidéo et performances. En utilisant la mise en scène du corps, Mohau Modisakeng puise dans sa mémoire personnelle pour sonder les effets de la violence aussi bien physique que symbolique sur le corps noir. Des images puissantes qui révèlent l’impact de l’histoire sur l’inconscient collectif, dans le contexte postcolonial et post-apartheid de l’Afrique du Sud, son pays.
Avec la série Endabeni, Mohau Modisakeng se penche sur l’héritage du colonialisme et son effet sur les sociétés post-indépendantistes en Afrique. Ses images ne représentent jamais une violence directe, mais portent les poignants marqueurs d’une mémoire collective, celles des ségrégués, des exploités, des colonisés.
A voir : Art Paris Art Fair du 30 mars au 2 avril au Grand Palais, Paris 8e, www.artparis.com / Les œuvres de Mohau Modisakeng sont exposées par la galerie Whatiftheworld à voir également la vidéo To Move Mountains projetée dans la programmation vidéo "Les territoires du corps". -
La dernière carte de Warren Saré
Le festival Emoi Photographique revient à Angoulême avec une cinquième édition consacrée à « l’Histoire et les petites histoires ». Une thématique qui se décline en une vingtaine d’expositions. Seront notamment présents les photographes Warren Saré (Burkina Faso), Louis Oke-Agbo (Bénin), Arnaud Makalou et Baudouin Mouanda (République du Congo).
Avec La dernière carte Warren Saré partage un long travail de reconstitution, un regard émouvant sur les anciens combattants burkinabés et béninois ayant combattus sous le drapeau français durant la deuxième guerre mondiale. Photographe autodidacte depuis plus de trente ans, il se sert de son art pour éveiller les consciences. Il s’est spécialisé dans le reportage.
A voir : La dernière carte de Warren Saré du 25 au 30 mars au Musée d’Angoulême dans le cadre du festival Emoi Photographique qui se déroule dans toute la ville. www.emoiphotographique.fr -
Mater de Arilès de Tizi
Arilès de Tizi présente en ce mois de mars, l’exposition Mater à la basilique de Saint-Denis.
L’artiste : Autodidacte, Arilès de Tizi travaille dans la publicité avant de se consacrer pleinement à la création. Il signe ses premières expositions en 2013. Peinture, dessin et photographie sont ses armes, au côté du graffiti. Son travail est emprunt des nuances de l’exil. Une trajectoire qu’il a du emprunter très jeune en rejoignant la France dans les années quatre-vingt-dix, lorsque la guerre civile éclate dans son pays, l’Algérie.
L’exposition : Pour rendre hommage aux mères de l’exil, Arilès de Tizi se réapproprie le thème de la Mater Dolorosa. Cette dramaturgie universelle de la figure maternelle devient le contrepoint pour célébrer les femmes qui, issues de milieux populaires, affrontent les affres de l’immigration. L’artiste s’éloigne de la représentation de la pleureuse et propose une interprétation réaliste et féministe. Face à l’exil, les mères résistantes se tiennent debout, elles sont Reines de France. « J’ai voulu représenter ces femmes comme je les ai connues ; ces mères qui étaient debout – Stabat Mater – ne pleuraient pas. Elles sont sans cris ni lamentations. »
Madones ou reines ? L’installation mêle les traces du profane et du sacré, de l’ici et de l’ailleurs, jusqu’à l’identité plurielle de ces femmes. Il se noue dans la Basilique, lieu de symbole, une histoire partagée, une communauté de destin.
A voir : Du 17 mars au 30 juin. Au sein de la basilique et dans la halle du marché de la ville de Saint-Denis (93). http://mater-project.com -
Bread of Life de Adel Abidin
Les Clash enregistrent Rock the Casbah en 1982, suite à l’interdiction par l’Ayatollah Khomeini d’écouter du rock en Iran. C’est depuis un hymne joyeux à la fraternité, notamment avec la reprise de Rachid Taha. L’Institut des Cultures d’Islam s’en inspire pour une saison artistique et musicale. L’exposition Rock the Kasbah questionne les effets de la musique et du son sur le corps, les consciences et les âmes à travers les œuvres de Adel Abidin, Philippe Chancel, Hiwa K, Katia Kameli, Jompet Kuswidananto, Christian Marclay, Angelica Mesiti, Magdi Mostafa, Sarah Ouhaddou, Siaka Soppo Traoré, James Webb. Avec Bread of Life, le plasticien et vidéaste Adel Abidin s’attache à un symbole de l’alimentation, largement partagé à travers le monde : le pain. Fort d’humour et d’ironie, il devient instrument de musique. L’œuvre serait née dans un restaurant du Caire, le pain servi aurait été si dur que Adel Abidin le trouva plus approprié à jouer de la musique « Il faisait un son agréable ». Quatre percussionnistes sont réquisitionnés, d’avantages spécialisés pour accompagner les danses du ventre dans les cabarets, ils se transforment en batteurs de pains, source de musique, source de vie.
Né en 1973 à Bagdad (Irak), Adel Abidin vit et travaille à Helsinki (Finlande). L’humour, la satire, la parodie sont au centre de son langage artistique. Le spectateur n’est jamais ménagé. Expositions en solo ou collectives, ses œuvres voyages en Thaïlande, au Canada, à Dubaï en Finlande… ou deviennent des acquisitions muséales. En 2011, Adel Abidin représente l’Irak avec cinq autres plasticiens à la Biennale de Venise. Une première pour le pays après trente-cinq ans d’absence.
À voir : Rock the Kasbah jusqu’au 30 juillet à l’Institut des Cultures d’Islam (ICI Goutte d’Or et ICI Léon) Paris 18e. www.institut-cultures-islam.org/rock-the-kasbah/ -
Regla de Nicola Lo Calzo
Nicola Lo Calzo travaille sur les concepts d'identité, de minorité et de contre-pouvoir. Son regard photographique s’attarde sur les stratégies de survie et de résistance de groupes racialisés ou ethnicisés, de groupes marginalisés que ce soit par la classe, le genre, ou l'orientation sexuelle. Au long court, Nicola Lo Calzo documente aussi les multiples descendances et les manifestations diverses des mémoires de l’esclavage colonial : « Je documente ces mémoires parce qu’elles font œuvre de vie, parce qu’elles irriguent notre présent de savoirs et d’une connaissance de l’autre qui nous est essentielle. » Une quête qui l’a amené d’Afrique de l’Ouest, à Port au Prince, en passant par la Guadeloupe et ses mornes, par la Nouvelle Orléans et ses quartiers délaissés, par les rives du fleuve Maroni, et par les faubourgs de Santiago de Cuba. Après trois premières publications Obia (Kehrer), Inside Niger (Kehrer) et Morgante/ (Alinari), Nicola Lo Calzo prépare un quatrième ouvrage Regla. Un livre photographique sur la part secrète de Cuba, un regard inédit sur la culture et l'identité afro-cubaine : « A travers quatre différents voyages entre 2015 et 2016, j'ai pu raconter et photographier l’existence d’espaces de liberté et de résistance qui sont définis par des pratiques et des relations au monde issues des communautés afro-cubaines descendantes des esclaves et qui s’incarnent autant dans les sociétés secrètes et les confréries séculaires que dans le jeune mouvement urbain des raperos ».
Pour que cette publication mémorielle et sensible soit éditée, le photographe lance un appel à un financement participatif : www.kisskissbankbank.com/regla-cuba
Légende : Mercedes Lugones Marin, responsable actuelle du Cabildo de Los Congos Reales de San Antonio, fondé à Trinidad en 1856.Le Cabildo de Los Congos Reales, avec celui de Santa Barbara, celui de Santa Teresa et le Cabildo San Lazaro constituent les dernières institutions à Trinidad, héritières des cabildos de nacion du XIX siécle, les confréries de noirs institutionnalisés sous le régime coloniale. Trinidad 2015. © Nicola Lo Calzo / L’agence à paris -
Malaïka Dotou Sankofa de Laeïla Adjovi et Loïc Hoquet
Art Africa Fair débute ce 24 février 2017 à Cape Town en Afrique du Sud. Une première pour cette foire d’art contemporain où les commissaires sont les influenceurs et découvreurs de talents au même titre que les galeristes. Salimata Diop, Uche Okpa-Iroha, Pierre-Christophe Gam, Thembinkosi Goniwe et Ruzy Rusike vont nous offrir un regard vibrant sur les voix émergentes ou établies des artistes africains et de la diaspora !
La commissaire Salimata Diop à travers la sélection « Bright young things » a choisi de mettre en avant les talents des jeunes artistes dont la photographe franco-béninoise Laeïla Adjovi. Adepte d’une photographie documentaire et sociale, Laeïla Adjovi navigue entre les cultures (elle a grandi dans plusieurs pays) et entre les mondes (elle a documenté notamment les squats, les habitats précaires). Elle se tourne désormais vers la photographie artistique. Avec le photographe et réalisateur Loïc Hoquet ils ont transformé les ruines d’un tribunal en un laboratoire d’expérimentation pour y faire naitre une créature imaginaire : Malaïka Dotou Sankofa. Protéiforme, cette créature se divise en « malaaka » (wolof) ou « malaïka » (swahili) signifiant « ange », en « dotou » (fon) qui peut se traduire par « rester fort, déterminé » et en Sankofa (du symbole ghanéen Adinkra), cet oiseau messager évoque l’importance d’apprendre du passé en empruntant les voies de la connaissance.
La série Malaïka Dotou Sankofa ne manquera pas de voyager dans de nombreux événements, les photographies de Laeïla Adjovi sont à découvrir jusqu’au 5 mars durant Art Africa Fair.
Plus d’infos : https://artafricafair.com/
Légende : Malaïka Dotou Sankofa / Dakar, Senegal, 2016 /Colour print on Fine Art paper – Limited edition / 80×80 cm © Laeïla Adjovi/Loïc Hoquet -
BBoy Yaya par Siaka Soppo TRAORE
L’exposition : Afin de rendre compte de la vitalité de la scène artistique dakaroise la galerie Out of Africa basée à Barcelone a choisi d’exposer les œuvres du photographe Siaka Soppo Traoré et le peintre Sébastien Bouchard. L’exposition Actual Africa est présentée jusqu’au 2 avril 2017.
Le photographe : En six ans d’expériences photographiques Siaka S. Traoré a basculé dans la cour des grands en multipliant les expositions chez les galeristes de Douala, de Dakar ou encore d’Abidjan. Autodidacte, il est perçu comme un des talents de la nouvelle vague des jeunes artistes africains. Ses œuvres ont été remarquées lors des deux dernières Biennales d’art africain contemporain de Dakar, côté in pour la 11e édition, et côté off pour la suivante avec pas moins de trois expositions qui lui étaient consacrées ! Une révélation à la scène internationale qui passe également par Paris via le festival Photoquai en 2015 et désormais par Barcelone.
C’est une certaine urgence de vivre, une envie de dire qui ressort du travail de Siaka S. Traoré. Ses séries dédiées à la danse hip-hop se jouent du mouvement. Les danseurs, pris sur le vif, deviennent des statues qui habillent les espaces urbains. Lui-même danseur, il sait instinctivement quand appuyer sur le déclencheur. Au Sénégal, les performances de rue ne sont pas toujours bien comprises, et encore moins reconnues. Les danseurs mènent un combat artistique quotidien.
Légende : Siaka Soppo TRAORE – « BBoy Yaya » – 2016 – 100cm H x 150cm L – 5 tirages max. – Diasec -
Mercedes Island par Fethi Sahraoui
Début février, le PRIX SAIMA 2017 a été décerné au photographe autodidacte Fethi Sahraoui. Il réalise au Smartphone une photographie documentaire à caractère social dans la lignée du territoire d’inspiration visuel du « Collectif 220 » dont il fait partie. Son travail montre la vie quotidienne des camps sahraouis, situés à la frontière sud-ouest de l’Algérie. De cet archipel urbain en plein désert, où la présence de nombreux anciens modèles de Mercedes des années 1980 et 1990, il en retire une insularité spatiale et temporelle : Mercedes Island. Cette série en cours bénéficie désormais d’une bourse de création du Prix des Amis de l'IMA. Depuis 2016, le PRIX SAIMA promeut la création contemporaine dans les pays arabes. Il est réservé aux artistes arabes émergents dont le travail n’a pas encore fait l’objet d’expositions monographiques.
A voir prochainement : Mercedes Island , la série de photographies de Fethi Sahraoui sera révélée au public dans le cadre de la prochaine exposition de l’Institut du monde arabe : Trésors de l’Islam en Afrique. De Tombouctou à Zanzibar, à partir du 14 avril 2017. L’œuvre intègrera par la suite les collections de l’IMA. -
Souvenirs du FESTAC 77 par Marilyn Nance
Janvier 1977, Marilyn Nance, est la photographe officielle de la délégation nord-américaine qui se rend au second Festival Mondial des Arts Nègres, rebaptisé en anglais World Black and African Festival of Arts and Culture (FESTAC). Après le festival de Dakar de 1966 (FESMAN), le FESTAC rassemble à Lagos 15 000 participants venus de plus de 70 pays. La capitale nigériane met alors à profit la récente manne pétrolière pour organiser en grande pompe cette édition. De cette expérience bouleversante, la jeune photographe âgée de vingt-trois ans constitue des archives uniques de plus de 1500 clichés. De retour à Brooklyn, elle photographiera des moments importants de l'histoire culturelle des Etats-Unis et de la diaspora africaine. On peut retrouver son travail au Smithsonian American Art Museum, au Schomburg Center for Research in Black Culture et à la Library of Congress, mais ses archives du FESTAC demeurent inédites, en attente d’exposition et de reconnaissance.
A lire : Souvenirs du FESTAC 77. Entretien de Fanny Robles avec Marilyn Nance
Légende : Représentant éthiopien ouvrant la marche des délégations lors de la cérémonie d’ouverture du FESTAC. Le prochain festival panafricain devait normalement avoir lieu en Éthiopie, présentée comme le “Pays Vedette” à Lagos © Marilyn Nance -
Haïti par Corentin Fohlen
Travaillant en commande pour la presse (The New York Times, Libération, Polka Magazine, Le Monde, L’Obs, Causette, …) et après avoir couvert plus d’un an les conséquences du séisme de 2010 en Haïti, le reporter français Corentin Folhen décide de prendre du recul et oriente son travail vers des histoires plus longues, plus documentaires. « J’ai donc plongé dans les entrailles de cette île ». Depuis 2012 il y décrypte les conséquences de la mainmise internationale et des humanitaires, se joue de la classe dirigeante issue de l’élite mulâtre, plonge dans la culture vodou. « Tu as dévalé des kilomètres, avalé des vents contraires, car tu es en terre cuite de paradoxes. Dans cette grande marche, tu as dansé parmi la foule, capté rires et sourires, crypté clans, castes et classes sociales » ; « Tu es allé au cœur du marasme, tu as soulevé, ingénu, le voile des non-dits, touché le point G des ONG. Chapeau Fohlen, tu as réussi derrière ta caméra à cribler des militaires et des casques bleus, eux qui prennent refuge, se la coulent douce sur l’île qu’ils délimitent, périmètre par périmètre, en zone rouge, en quartier interlope de lune morte. » Seuls les mots du poète James Noël, en préface de l’ouvrage, peuvent résumer ce travail titanesque.
À se procurer : Haïti de Corentin Fohlen aux éditions Light Motiv, janvier 2017, 172 pages, 35€.
À voir :la série «Lumane Casimir» de Corentin Fohlen présentée durant CIRCULATION(S), le festival de la jeune photographie contemporaine, du 21 janvier au 5 mars 2017, au 104, Paris 19e. Légende : Port-au-Prince, 2 novembre 2015. Cérémonie des Guédés à l’occasion de la Fête des Morts. Un homme est possédé par son Loa (esprit vaudou), Ti Pis Lakwa © Corentin Fohlen