La Maternité dans l’art africain

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Chaque année, la Société des Amateurs de l’Art africain organise une exposition thématique tournante. Il est inutile d’insister sur le double intérêt de cette opération. Se déplaçant de ville en ville, elle permet à un public divers, éloigné des centres artistiques, de prendre contact avec des oeuvres. Par ses catalogues, elle aide les visiteurs à connaître les arts et les terroirs qui les ont nourris.
Le 15 janvier était inaugurée à Paris à la mairie du Ve l’exposition maternité dans l’art d’Afrique noire : statues et statuettes, bas-reliefs, bois, poteries, bronzes, pierres etc constituent des échantillons des principaux styles africains. Les oeuvres de l’Afrique de l’Ouest sont en majorité, avec une dominante au Nigeria. Du Cameroun, des statues peu connues des Mambila ou Yaka font contraste par leur rusticité avec les Bamileke ou des Bamoun. Certains aux yeux ou aux joues énormes évoquent certains masques souffleurs. Une statuette yaka évoque un masque poisson à la gueule ouverte. Une poterie ewe représente la Mammy Wata. Les Occidentaux diraient le vouivre avec son serpent. Une femme enceinte mambila suggère des questions sur le ventre et sur le dos : le sculpteur a figuré des bosses, bubons ou scarifications, comme on en voit souvent sur les terres cuites archéologiques de la vallée du Niger. Faut-il chercher des rapprochements avec les divinités antiques polymastites comme la diane des Ephésies. Les maternités bambara, senoufo ou baoulé sont des personnages bien connus. Une émouvante série de figurines en bronze évoquent le sacrifice de la reine Pokou.
Le public semble suivre cet effort de décentralisation artistique. Après Paris, ce sera Lyon (La Croix Laval) du 12 mars au 16 mai.
Marché d’art contemporain
Le marché d’art contemporain a permis d’embrasser d’un coup d’œil le travail de 200 artistes. Certains doivent être signalés pour Africultures : trois Malgaches dont on voit rarement les oeuvres à Paris (Ratiema, Ranaivoson…). Des sculpteurs zimbabwéens sont présentés par un galeriste, moins importants que ceux de la galerie Sultan (cf. Africultures n°15). Ils ont le mérite d’attirer l’attention sur cette école. Faddi Rajae expose des abstraits et des calligraphies, mais aussi des figuratifs, traités comme des signes, selon une évolution récente.
Est-ce une conséquence des discussions sur Van Gogh ? Un certain nombre d’artistes réjouissent par des couleurs intenses. Réaction contre l’hiver et sa grisaille ou contre la mode des vêtements gris ? Réaction contre le sombre pessimisme ? Qui sait d’où viennent les tendances ?

Le très beau catalogue de l’exposition, La Maternité dans l’art d’Afrique noire, rédigé par Gabriel Massa, est paru aux Editions Sépia (192 p.).///Article N° : 750

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Les images de l'article
Maternité VoduFon ou Aja, TogoTerre cuite, restes de Kaolin12 x 35 cm.
Femme enceinteMambila, Grassland - CamerounTerre cuite, couleur brun noir12 x 37 cm.





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