Après la tempête médiatique qu’elle a essuyée en 1997 à la suite d’accusations de plagiat, la Camerounaise Calixthe Beyala est revenue sur la scène littéraire avec un nouveau roman. Il conte l’histoire d’une enfant surnommée Tapoussière tant elle était sale et tant la poussière lui collait à la peau. Tapoussière, abandonnée par sa mère Andela à la naissance et qui n’a jamais connu son père, avait grandi dans les jupons d’une grand-mère haute en couleurs, courageuse et fière qui voyait l’enfant comme un signe du destin : » Tu es mon double. T’as été choisie par les esprits pour mener à terme mes combats ! « . Cette vieille femme à la vision encore bien claire lui dispensa quelques leçons savoureuses : » Chaque fois que tu grimperas dans l’arbre, il y aura toujours un imbécile en dessous qui criera : Regardez, elle a un trou dans sa culotte-euu ! T’auras deux solutions : soit tu te retourneras et tu tomberas – soit tu continueras à grimper dans l’arbre ! » Une enfance pleine de petits combats pour la vie, de petites et grandes leçons, de petites et grandes humiliations. Comme lorsqu’elle décida d’entrer dans le luxueux salon de l’Akwa Palace et qu’elle se fit virer du lieu sans ménagements par un » Nègre au biceps en acier » à qui elle donna du » Pardon, Missié ! Oui, Missié « . Un tic de langage qui lui reviendra, dit-elle, lorsque » vingt ans plus tard, ceux qui s’attablent avec Missié Riene Poussalire (critiques littéraires) dans la maison de Verlaine me prendront pour cible en dégustant leurs salades de chèvre : Salope ! Plagiaire ! » Dans ce roman carrément autobiographique, Calixthe Beyala confirme que si le talent de l’écrivain est contesté par certains, personne ne peut lui dénier un caractère trempé et un esprit combatif porté à son plus haut niveau. Suivant les conseils de sa grand-mère, Beyala a décidé de ne pas se retourner.
La petite fille du réverbère, de Calixthe Beyala, Ed. Albin Michel, 1998, 98 F.///Article N° : 461