Dans une Afrique totalement dépendante et ébranlée par une crise multiforme profonde qui menace même les fondements de sa cohésion sociale, la voie la mieux indiquée et la plus sûre de se faire entendre dans le bruyant concert des nations actuel est celle qui nous oblige à parler notre propre langage, à emprunter notre rythme propre, celui que nous inspire notre cur, celui que nous impose nos terroirs, notre génie créateur, ainsi que les besoins et attentes de nos frères embarqués dans la modernité. C’est par cette voie et par elle seulement que nous pourrons affirmer aux yeux du monde notre différence responsable. Cela suppose qu’on a pris au préalable conscience de nos tares, présentes ou passées, de nos travers et de nos tenaces pesanteurs sociologiques, lesquelles nous maintiennent dans l’inaction, la démission et la résignation.
Dès lors, des alternatives crédibles et originales seront imaginées pour répondre aux nombreuses attentes des populations et à nos impératifs de développement. Une telle démarche sera à la fois invitation de tous à la culture de la rupture et de la différence, pensée et mûrie par l’expérience de la réalité ambiante, et engagement de tous dans la résolution des problèmes des africains. Ce qui va alors compter à partir de ce moment là, c’est ce que chacun de nous saura faire et qu’il fera concrètement pour le bien de toute la communauté. Les voies d’une telle entreprise sont ouvertes à tous de toute éternité par le grand architecte dans ce sens qu’il nous a créé tous libres et nous a doté d’énormes capacité de créativité et d’inventivité, les seules qui nous confèrent le statut d’homme à part entière et nous garantissent la digité humaine. Ces voies, dans le contexte africains, ont été tracées et déblayées par des aînés inspirés et illuminés, des hommes d’action convaincus et convaincants qu’ont été Nkwame Nkrumah, le père Engelbert Mveng, Cheikh Anta Diop, Ruben Um Nyobe, le Professeur Leruma, Martin Luther King, et plus près de nous, Nelson Mandela, pour ne citer que les plus illustres. L’oeuvre ainsi amorcée se poursuit lentement, mais sûrement grâce à la foi et à l’enthousiasme des dignes fils d’Afrique qui, en groupe ou en solitaire, se battent au quotidien pour porter toujours plus haut et plus loin la voix de l’Afrique. C’est une oeuvre de longue haleine, un oeuvre de foi, de vocation et de vérité que rien ne peut arrêter. Hier c’était Nkwame Nkrumah, aujourd’hui, nous avons le mythe vivant : Nelson Mandela. Hier encore, c’était Cheikh Anta Diop, aujourd’hui, nous avons le Pr. Théophile Obenga et sa suite et sa suite. Hier aussi, c’était le Pr. Leruma, aujourd’hui nous avons le Pr. Victor Anomah Ngu. Ces quelques exemples parlent d’eux mêmes et ils sont suffisamment mobilisateurs. C’est le lieu de dire ici que le plus grand bien que le Cameroun peut rendre à ses enfants et à toute l’humanité en général c’est d’aider, de soutenir et de protéger sans réserve tous ceux qui, comme, le Pr. Anomah Ngu, travaillent pour le bien de tous, à savoir les chercheurs, les inventeurs, les créateurs, etc., comme l’a reconnu Amin Maalouf : « l’humanité avance grâce aux savants, aux chercheurs, aux créateurs. Le rôle d’un dirigeant politique c’est d’aménager les meilleures conditions pour que les créateurs puissent créer, les inventeurs inventer, les écrivains écrire, les peintres peindre
Tel est le rôle de ceux qui gèrent une société. »
La reconversion intérieure à opéré à ce niveau est une tâche extrêmement ardue, mais non impossible. Le plus important est de parvenir progressivement, méthodiquement et rationnellement à détruire les préjugés ataviques qui nous gouvernent, à briser les complexes incapacitants que les maîtres nous ont savamment inculqués, les murs et les habitudes moutonnières qui nous infantilisent et continuent d’entretenir l’image dégradante du « nègre clown », pour nous mettre à l’oeuvre d’affirmation responsable de nos riches potentialités tant individuelles que collectives. Car comme l’a dit un noble fils d’Afrique, « aucune race n’a le monopole de l’intelligence, de la beauté et de la raison. »
L’heure des élucubrations intellectuelles lénifiantes est révolue. Le temps nous presse plutôt à l’action pour le bien être des africains et le devenir de l’Afrique. C’est elle qui dira, ici même ou au-delà des mers, demain et à jamais, si nous avons mérité ou non de notre chère Afrique.
///Article N° : 4209