L’Afrique fait sens en visant tous les sens

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Gastronomique, intellectuel, ludique, musical et visuel, le festival parisien L’Afrique dans tous les sens jongle avec tous les arts. Pour sa 3e édition, il essaime dans le 93 et, parmi une quinzaine de pays, honore la Guinée, berceau de la civilisation mandingue.

En 1960, l’an des indépendances, sortait chez Présence Africaine un livre fondateur : Soundjata ou l’épopée du Mandingue. Pour la première fois, un épisode essentiel de l’histoire africaine était raconté selon la tradition orale, transmise par les griots à un jeune historien guinéen. Djibril Tamsir Niane a aujourd’hui 80 ans. Il est le parrain du festival L’Afrique dans tous les sens, du 17 au 27 mai, qui honore son pays natal : la Guinée. Il y sera accueilli par son disciple, le dramaturge Suleymane Koly : belle occasion de rencontrer deux figures de cette culture, exemplaire par la façon dont elle a toujours su évoluer harmonieusement.

La musique en héritage
Soundjata Keïta, héritier du royaume mandingue (actuelle Guinée) fut le fondateur (au XIII° siècle) de l’Empire du Mali. Il n’a guère duré, mais sa culture et sa langue rayonnent encore au XXI° siècle dans toute l’Afrique de l’ouest, grâce aux djeli (griots) conteurs et musiciens qui appartiennent à une douzaine de familles, dont les plus fameuses sont les Diabaté et les Kouyaté. Le griot attitré de l’Empereur Soundjata était un Kouyaté, et 800 ans plus tard le festival en accueille deux héritiers : Lamine, chanteur baryton de Casamance, virtuose de la kora (la harpe mandingue) et Kaabi, le digne fils de Kouyaté Sory Kandia, génial ténor qui enregistra l’épopée mandingue et enchanta l’Afrique jusqu’à sa mort en 1977.

Quant aux Diabaté (ou Dioubaté) ils sont aussi bien représentés, avec Kandé, superbe chanteuse qu’on a souvent écoutée aux côtés de Mory Kanté ou de Salif Keita ; et surtout avec Sekouba, le ténor charismatique, star incontestée de ce festival. Son surnom « Bambino » lui colle à la peau. Il avait à peine quinze ans quand le dictateur Sékou Touré, ébloui par sa voix, exigea qu’il devienne le soliste du Bembeya Jazz de Guinée (seul survivant aujourd’hui parmi les big bands africains des années 1960). Sekouba Bambino est devenu ensuite le principal soliste du fameux groupe de salsa Africando.

De la Guinée à Madagascar
Si la musique n’est plus une activité réservée aux griots, leur influence continue d’enchanter par leur inimitable style vocal toute la culture de l’Afrique de l’ouest, celle du reggaeman Naby (né au Sénégal de père guinéen) comme celle de Reicha Souaré, admiratrice de Miriam Makeba. C’est aussi le cas chez les Espoirs de Coronthie : ce groupe né dans les années 2000 a choisi de porter le nom de son quartier, l’un des plus pauvres de Conakry. Il chante les problèmes de la société urbaine en privilégiant les instruments des griots : balafon, djembé, kora, etc.
Le festival accueille d’autre part des artistes importants venus d’autres pays comme l’Afrique du Sud (Sam Tshabalala), le Bénin (Fafa Ruffino), Madagascar (Mikea), le Maroc (Aziz Sahmaoui), le Sénégal (Habib Faye, Omar Pene, Touré Kunda), ou la RDC (Freddy Masamba, Papa Noël). Les héritiers transatlantiques du monde mandingue sont là aussi, comme le formidable tambourinaire guadeloupéen Sonny Troupé. Même la mode n’échappe pas à la tradition mandingue, comme le prouve le guinéo-sénégalais Sadio-Bee, apôtre du « mix-tissage ».
Dans l’épopée de Soundjata, deux thèmes reviennent : amitié et amour, entre les êtres, entre les peuples.

Où et quand ?

Festival L’Afrique dans tous les sens, à Paris et en Seine-Saint-Denis, du 17 au 27 mai 2012. lafriquedanstouslessens.com

Commentaires (1 Message)

L’Afrique fait sens en visant tous les sens 2 novembre 2012 15:10, par Djimbo
Bambino est aussi connu chez nous à Madagascar.
///Article N° : 12620

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