Depuis 2009, l’association des étudiants africains de la Sorbonne à Paris organise un concours de poésie, placé sous la figure tutélaire de Aimé Césaire. Collégiens et lycéens ont jusqu’au 11 mai pour proposer leurs textes.
« Tu es cet autre »
« Ma main contre ta main
Et nous ne sommes plus qu’un,
Tu es cette autre partie de moi
Cette ombre qui me suit pas à pas.
Tu es ce frère que je ne comprends pas
Qui m’aime peut-être ou m’aimera,
Ce souffle de vie, ce brin de paille
Et lorsqu’il brûle, ça me mitraille.(…)
Tu es cet autre, tu es mon frère,
Sans toi, je serais solitaire.
Tes injures sont une souffrance,
Ta tendresse, une délivrance.
Les jours, les mois, les années ont passé ;
Ma maladie les a accélérés.
De toi je n’ai pas profité
Et mon enfance s’est échappée.
Tu es cet autre qui m’a manqué.
Pour parler de toi j’ai mille mots,
J’ai des cahiers, j’ai des photos,
Quelques regrets et l’amertume
De ta petite voix qui se consume. »
La lauréate 2014 du Prix Césaire Flore Berthelot
(Institut des jeunes aveugles, Paris)
Fenêtre sur le mouvement de la négritude et sa poésie pleine d’histoire, le prix Césaire de poésie propose cette année aux lycéens
et collégiens de réagir sur le thème de la « révolte ». Depuis 2009, l’association des étudiants africains de la Sorbonne (Adeas) invite ainsi les jeunes et leurs professeurs à s’emparer de ce mouvement politique et littéraire de l’entre-deux-guerres, dont Aimé Césaire disait « La négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, l’acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture » (1). « Les élèves travaillent avec leurs professeurs
de français qui leur expliquent ce qu’est le mouvement de la négritude. Nous permettons aux professeurs d’aborder une thématique souvent délaissée des programmes alors même que les oeuvres d’auteurs comme Senghor ou Damas appartiennent à la littérature française », explique ainsi la présidente de l’association Adiaratou Diarrassouba.
Depuis 2002, ce collectif de dizaines d’étudiants originaires d’Afrique et de la diaspora cherche, à travers des rendez-vous culturels réguliers, à raviver l’esprit du panafricanisme et celui de la négritude. « La plupart des membres de l’Adeas eux-mêmes n’ont
découvert ces auteurs que nous mettons chaque année à l’honneur qu’en dehors de leur scolarité. Ce qui est bien dommage quand on connaît leur force et leur richesse. » Cette année le prix de poésie est dédié à l’une des femmes de ce mouvement, Paulette Nardal. C’est elle qui fonde en 1931 avec l’écrivain haïtien Léo Sajous La Revue du monde noir, espace de débats sur la situation des Noirs en France et plus particulièrement des femmes. « La poésie devrait avoir une place importante car elle permet de laisser libre cours à son imagination et de s’exprimer. C’est aussi un moyen de parler
de sujets sensibles de façon plus abordable », continue Adiaratou. D’ailleurs aux vues des éditions précédentes, l’étudiante de Master en journalisme constate : « Leurs écrits se nourrissant de leurs imaginaires et de leurs expériences personnelles, les jeunes arrivent à s’approprier le thème. La gagnante de l’an dernier par exemple, Flore – qui est la première à avoir obtenu le Prix – a participé deux fois déjà et souhaiterait se consacrer totalement à l’écriture. »
Mais ce prix est aussi l’occasion pour l’Association d’ouvrir l’Université prestigieuse de la Sorbonne aux élèves du secondaire. La
cérémonie de remise des prix se déroulera le 6 juin prochain. À vos plumes !
(1) Aimé Césaire. Cahier d’un retour au pay s natal (1939).Participez !
Concours ouvert à tous les élèves des établissements secondaires de France. Le poème peut être dactylographié ou manuscrit, entre 10 et 30 vers. Les cinq meilleurs poèmes seront récompensés et publiés. À envoyer par voie postale : Association Des Étudiants Africains///Article N° : 12800