50 ans après sa création, le label français « Heavenly sweetness » fait revivre un groupe phare de la musique moderne antillaise.
Y aurait-il eu Kassav sans les Vikings de la Guadeloupe? En 1979, Pierre-Edouard Décimus fonde -avec Jacob Desvarieux- leur groupe sur les cendres de cet orchestre mythique. 50 années plus tard, les Vikings – dont on ne compte plus les groupes homonymes à Mayotte, en Martinique ou en Haïti – font leur grand retour. Au festival Banlieues Bleues, on a vu revenir le visage de ces papys de la musique antillaise. A Stains, en région parisienne. Un peu comme en 1970, lorsque les Vikings remplissaient les Halles du Châtelet.
Monté en 1966, le groupe est mis à l’honneur par une compilation du label Heavenly sweetness. « Enkor on ti tou » – son titre – retrace toute une époque en quatorze pépites. On repense aux temps du BUMIDOM (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’Outre-mer), organe fondé par Michel Debré en 1963 pour gérer les départs en « métropole » de milliers de travailleurs antillais. Une époque où le yéyé inoffensif de Salut les copains côtoyait les coupes afro des Black Panthers. De fait, l’attitude rebelle du groupe, sous influence bien caribéenne (de la cadence-calypso au tumbele ou au funk endiablé comme sur le titre « Let’s stay up vikings »), tranche avec les traditionnels bals biguine.
Sur scène à Banlieues Bleues, aux côtés des vétérans, du crooner Fred Aucagos, du guitariste Guy Jacquet et du saxophoniste Camille « Soprann » Hildevert, on retrouve le chanteur Hippomène Leauva. Dans les années 1970, ce personnage haut en couleur se chamailla plus d’une fois avec le reste du groupe, allant faire ses humanités avec Exile One, orchestre emblématique de la Dominique, ou encore avec les Gramacks de Jeff Joseph. C’est Hippomène qu’on entend sur la célèbre onomatopée « Zagalakatéman », traduisant sa vision fantasmagorique de la lointaine Afrique…
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