Fiche Personne
Musique Arts plastiques Littérature / édition Interculturel/Migrations Design Poésie / Conte

Boubeker Hamsi

Plasticien/ne, Peintre, Auteur-compositeur/trice, Poète
Belgique, Algérie
Site web : www.hamsi.be

Français

HAMSI, L?ART ET LA VIE

HAMSI Boubeker
Artiste polyvalent

Né en 1952 en Algérie à Bejaia, HAMSI vit en Belgique depuis l?âge de 27 ans et en 1990 il obtient la naturalisation.

Même les distraits s?en rendent compte rapidement, HAMSI n?est pas de la race des artistes introvertis ou écorchés vifs. Foncièrement amoureux de la vie, au-delà des peines et des inquiétudes que celle-ci charrie inévitablement, il cherche à extraire de chaque expérience vécue, de chaque rencontre, de chaque souvenir, une leçon de confiance dans le monde et dans l?homme. De plus, loin de garder jalousement cette richesse tout empirique, il veut au contraire la transformer en beauté, la partager, la faire rayonner autour de lui.

Par ses thèmes de prédilection et son art sans arrière-pensées, HAMSI nous entrouvre une fenêtre sur l?univers de son enfance, cet univers où tout commence, où l?on est inlassablement curieux de tout ce qui nous entoure, où les moindres images, les moindres faits, les moindres paroles se gravent pour toujours dans l?esprit. Aussi exprime-t-il dans ses ?uvres toute sa tendresse pour la vie d?autrefois en Kabylie, tout son attachement à la lumière, aux couleurs, aux formes, aux paysages, aux personnages de son passé.

Bien qu?il ait assimilé en profondeur la culture occidentale, HAMSI ne s?inféode pas aux tendances et aux styles de la peinture européenne. Fidèle à sa culture d?origine, il cherche constamment à renouer avec le travail décoratif et ornemental qui la caractérise, et qui n?est jamais détaché de la vie la plus quotidienne, puisqu?il s?exprime dans les tissus et les vêtements, dans la vaisselle et les ustensiles, dans le décor des maisons, dans les bijoux et les parures de fête. Tout l?art d?HAMSI, pourrait-on dire, est un art de l?émerveillement.

La création picturale est aussi pour lui un moyen de lutter contre l?oubli qui menace sa culture, de faire connaitre l?art des femmes kabyles tel qu?il se transmettait de mère en fille depuis les temps les plus anciens. Ainsi, les motifs géométriques et graphiques dont elles ornent leurs poteries remontent parfois aux temps préhistoriques. On les retrouve sur les tapis ou les murs des maisons, où ils peuvent exprimer des croyances superstitieuses, comme le pouvoir d?éloigner le mauvais ?il, ou simplement servir de moyen de communication entre les femmes du village.

Si les ?uvres d?HAMSI reflètent l?esprit kabyle, les objets, costumes et traditions kabyles, ce n?est pas de manière servilement descriptive ou encyclopédique. L?artiste prend de grandes libertés à leur égard. D?une part, il se livre à une stylisation systématique des formes, y compris des végétaux et des animaux ; d?autre part, usant d?une palette de teintes franches et vives, il se laisse guider par son intuition et son imagination de coloriste virtuose. Aussi son art minutieux et délicat a-t-il été souvent comparé, à juste titre, à celui de l?enluminure ancienne, ou encore à celui de la peinture naïve.

HAMSI ne se réfère donc pas à l?observation directe « sur le motif », ou à des photographies, et moins encore à des livres, ou à des notes personnelles. Rien de « touristique » dans sa démarche. Il se laisse guider par sa mémoire et sa spontanéité créative pour émouvoir, pour recréer une atmosphère qu?il connait bien et qui n?est pas sans rappeler celle des contes et des fables. Quoique le détail occupe une place de choix dans ses compositions, c?est bien l?image globale d?une contrée, d?un mode de vie qu?il cherche à nous communiquer, tout en lui donnant une dimension onirique.

Parce qu?une culture s?exprime par ses modes de vie, ses rites, sa production artisanale, ses motifs ancestraux, on retrouve chez HAMSI une combinaison de représentation « figurative » stylisée et de travail quasi calligraphique sur les motifs géométriques, ceux qui ornent notamment les tapis. Toutefois, la maîtrise technique, très sûre, jamais ne contrecarre l?impression de fraîcheur, de spontanéité. Ainsi, les grandes compositions ne sont pas structurées selon les règles de la perspective, mais rythmées essentiellement par la couleur et par la répétition de formes identiques : toits des maisons, arbres fruitiers, personnages, etc.

Les évocations de fêtes, de mariages, de souks, comme les scènes de la vie quotidienne, sont grouillantes de vie, foisonnantes de couleur. Présentés frontalement en des poses quelque peu hiératiques, les personnages décrivent les activités avec minutie. Cet univers presque idyllique semble paradoxal quand on pense aux difficiles conditions de vie des paysannes de Kabylie. Au vrai, les couleurs chaudes des robes, les grands yeux rieurs, les arbres gorgés de fruits, les figues de Barbarie en abondance évoquent un paradis terrestre comme il n?en existe guère que dans l?imagination des enfants.

Ces objets décorés sont donc autant de symboles du travail quotidien de la femme, et de la créativité dont elle fait preuve dans sa demeure, que ce soit dans le domaine de la décoration, dans celui du chant, dans celui du conte oral. Elle n?est toutefois pas confinée aux tâches domestiques, tant s?en faut. Un autre hommage est rendu par HAMSI à la femme kabyle par les portraits imaginaires qu?il a composés : la Kahina, personnage mythique, ou encore Massa et Anya, parées de leurs bijoux multicolores en nacre, en métal cloisonné ou repoussé. Ici, c?est la beauté souveraine qui est célébrée, sorte d?écho somptueux à l?humble cendrillon qui entretient les vêtements et prépare les repas.

Quant au travail graphique couché à l?acrylique ou à l?encre de Chine sur de longues bandes de papier, il a pour point de départ les motifs géométriques et pictographiques berbères, tels les dessins que l?on trace au henné sur les mains et le corps. Ces dessins ont pour HAMSI une importance quasi emblématique, car ils possèdent une fonction pour lui essentielle : celle de porte-bonheur. Il n?hésite donc pas à enrichir ce répertoire par des motifs originaux pour créer un langage nouveau, à la fois énigmatique et fascinant, chargé d?une magie secrète.

Daniel LAROCHE

English

HAMSI, ART AND LIFE


Born in Bejaia in Algeria in 1952, Hamsi has been living in Belgium since he was 27. He was naturalised in 1990.

Even the inobservant soon realise that Hamsi is not one of those introverted or tormented artists. He is fundamentally in love with life; apart from the pain and worries that it inevitably brings, he tries to derive from every experience, every encounter, every memory, a lesson of trust in the world and in the human race. Besides which, instead of jealously guarding this empirical richness, he seeks to transform it into beauty, share it, spread it around.

In his choice of subjects and with his spontaneous artistic style, Hamsi half opens a window onto the world of his childhood, the world where it all begins, where we are endlessly curious about what is around us, where the most insignificant images, facts and words are engraved forever on our minds. His work also expresses his affection for the old days in Kabylia, his love of the light, colours, shapes, landscapes and people of his past.

Although he has fully assimilated Western culture, Hamsi does not slavishly follow the trends and styles of European painting. He is faithful to his origins, constantly seeking to return to the decorative and ornamental work that is typical of them and never far removed from day-to-day life: he expresses himself in fabrics and clothes, crockery and utensils, domestic decor, jewellery and fancy costumes. You might say that all of Hamsi’s art is an expression of wonder.

For him, artistic creation is a way of making sure that his culture is not forgotten, of revealing to us the art of Kabyle women as passed down from mother to daughter since ancient times. Some of the geometrical and graphic patterns with which they decorate their pottery date back to prehistory. They are found on carpets and house walls and might reflect superstitious beliefs, for instance warding off the evil eye, or simply be a means of communication between the village women.

Although Hamsi’s work is Kabyle in spirit, with its Kabyle objects, costumes and traditions, it is not slavishly descriptive or encyclopaedic. He takes great liberties with them. Firstly, his forms, including those of plants and animals, are systematically stylised. Secondly, using fresh, vivid colours, he allows himself to be guided by his intuition and his imagination as an expert colourist. His detailed and delicate art has often been compared, rightly, to old illuminations and to naïve painting.

Thus Hamsi does not refer to a direct observation ‘of the subject’ or to photographs, let alone to books or personal notes. There is nothing ‘touristic’ about his approach. He lets himself be guided by his memory and his creative spontaneity to move us, to recreate an atmosphere that he knows well and that is, in a sense, reminiscent of the atmosphere of fairytales and fables. Although detail is central to his compositions, it is the overall image of a place, a way of life that he is trying to communicate to us, whilst giving it a dreamlike quality.

Because a culture is expressed in its way of life, its rituals, its crafts, its traditional themes, we find in Hamsi’s work a combination of stylised ‘figurative’ representation and work that is almost like calligraphy with geometrical motifs, particularly those seen on carpets. However, the very confident technical mastery is never at odds with the impression of freshness and spontaneity. Thus the large compositions do not follow the rules of perspective, but are characterised mostly by colour and the repetition of identical forms such as roofs, fruit trees and figures.

The portrayals of festivals, weddings and souks, and the scenes of daily life, are teeming with life, bursting with colour. The activities of the people, shown from the front in rather formal poses, are illustrated in minute detail. This almost idyllic world seems paradoxical when you think of the difficult lives of Kabyle peasants. In fact, the brilliant colours of the robes, the big laughing eyes, the trees laden with fruit, the plentiful prickly pears are evocative of an earthly paradise that has virtually no existence except in the minds of children.

These decorated objects are therefore symbolic of the daily work of women and the creativity they express in their homes, whether in decoration, singing or storytelling. This is by no means confined to domestic tasks, however. Hamsi also pays tribute to Kabyle women in his imaginary portraits of the mythical Kahina, or Massa and Anya, dressed up in multicoloured jewellery of mother-of-pearl, cloisonné or repoussé metal. Here he is celebrating supreme beauty, a magnificent echo of the humble Cinderella who repairs clothes and makes meals.

The graphic work with acrylic and Indian ink on long strips of paper is inspired by Berber geometrical motifs and pictograms, based on the henna designs drawn on hands and bodies. For Hamsi these designs are of almost symbolic importance, because they have a function that for him is vital: they are believed to bring good luck. He thus has no hesitation in adding original motifs to this repertoire to create a new language that is both enigmatic and fascinating, full of a secret magic.

Daniel Laroche
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