Murmures

Jazz et culture gnaoua à Essaouira
mai 2012 | Projets culturels | Musique | Maroc
Source : Presse

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À l’occasion des 15 ans du Festival de gnaoua à Essaouira (site Web du festival en lien), Élodie Cabrera s’est entretenue avec Neila Tazi, directrice de l’évènement. Un interview qui revient ce rendez-vous de la musique et de la culture des gnaoua qui se tiendra au Maroc du 21 au 24 juin prochains.

Neila Tazi explique que l’édition 2012 sera « très africaine […]. Il y a toujours eu trois axes : les musiques du monde, le jazz, de grands noms mais aussi l’avant-garde du jazz, et une dimension africaine. Au Maroc, nous avons tendance à oublier que nous sommes Africains, bien que les politiques culturelles y travaillent. Depuis 15 ans, nous avons voulu marquer notre appartenance à ce continent. Révéler les racines africaines de cette musique. En ouverture, il y aura une fusion entre les gnaoua et une formation qui s’appelle Djembe New Style : 12 musiciens qui représentent plusieurs pays d’Afrique ».

Du côté de la programmation, Oumou Sangaré représentera le Mali avec son ensemble de percussions, Carlou D, recommandé par Youssou N’Dour, représentera pour sa part le Sénégal. Le guitariste français Sylvain Luc sera également au rendez-vous, ainsi que le groupe new-yorkais Querencia, « qui proposera une fusion avec les gnaoua ».

Le public pourra également assister à la collaboration entre le maâlem Hassan Boussou, l’électro et le rap.

La directrice de l’évènement souligne encore un des moments forts du festival avec « le spectacle donné au Borj Bab Marrakech par les Issaoua de Meknès et les Pakistanais Farred Ayaz et Abu Muhammad ».

L’édition 2012 sera le cadre d’une nouveauté, les organisateur ayant en effet imaginé « un forum pour débattre de la place de la musique dans les sociétés ». Pour Neila Tazi, cette rencontre répond à un besoin : « ouvrir un débat sur la place de la culture dans les projets de société, dans les politiques culturelles et sur la liberté d’expression et de créer. Une thématique émerge : l’engagement des artistes dans la vie politique. À ce titre, nous avons invité Youssou N’Dour, qui à l’époque venait de lancer sa campagne politique. Il connaît le festival et les valeurs que nous défendons ».

Elle revient enfin sur les 15 ans de l’aventure : « nous n’avons jamais eu vocation à devenir si important. On veut se recentrer sur ce que nous étions au départ, à savoir un petit festival, plus intimiste. C’est une manifestation qui revendique un esprit libre. Elle a été difficile à mettre en place et a beaucoup souffert. En 1997, quand on a annoncé un festival de gnaoua à Essaouira, les gens croyaient à une plaisanterie. Aujourd’hui, l’évènement est reconnu, pris au sérieux. L’impact économique sur le Maroc est considérable en particulier à Essaouira ».

L’enjeu de la reconnaissance d’une culture anime le projet : « Les gnaoua sont une confrérie populaire, et c’est ce qui plaît. La reconnaissance sociale des gnaoua, c’est une histoire de condition humaine. C’est pourquoi on souhaite inscrire la culture gnaouie au patrimoine mondial de l’Unesco afin qu’elle soit protégée et mise en valeur ».

D’après un entretien d’Élodie Cabrera avec Neila Tazi, publié dans le quotidien Libération (Maroc).
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