Nouveautés du disque

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Ballaké Sissoko, Déli (Label bleu / Indigo)****
Ballaké Sissoko, fils de Djélimady Sissoko, est un illustre joueur de Kora. Le virus de l’instrument lui a été transmis par son père dès son jeune âge. C’est donc tout naturellement qu’il prend le relais et dévoile une musique millénaire, développant ainsi son jeu dans un style très moderne. L’opus qu’il propose s’inscrit dans la pure tradition mandingue. On y ressent aussi cette volonté d’ouverture, que favorise l’artiste au contact d’autres musiciens. Ballaké est accompagné de sa femme, la chanteuse Mama Draba, du balafoniste Fasséry Diabaté, du joueur de n’goni Adama Tounkara et de Aboubakar Sidiki Dembélé au bolon. L’ensemble, jeune et simple, traduit une joie de vivre ancestrale.
Baco, Questions (Cobalt / Mélodie)***
Les Comores, c’est aussi l’Afrique de l’autre côte de l’océan. De cet archipel de quatre îles, révélé par les coups d’Etat du célèbre mercenaire Bob Denard, se distingue Mayotte, pays dont est originaire Baco, poète, instrumentiste, combattant et fervent défenseur de sa culture. Il nous livre un petit bijou d’une grande diversité rythmique, passant de ballades ensorcelantes aux mélodies syncopées à des cadences plus traditionnelles, sur des textes engagés et passionnés. Baco transmet à travers son oeuvre les sentiments qui animent les siens, de la période de colonisation aux combats pour la liberté. Sa musique milite pour l’amour et la raison.
Alain Jean-Marie, Délirio (Couleurs music / Universal) ****
Rythmes d’antan, cadences, mélodies chaloupées, Alain Jean-Marie, certainement l’un des plus grands pianistes de sa génération rappelle le temps des bals aux Antilles, ces moments où les hommes, à la fin d’une semaine de dur labeur se retrouvaient le dimanche après-midi sur la grande place en compagnie de leurs belles pour un tour de danse arrosé de rhum, jusqu’à la lueur du jour. Le pianiste revisite ainsi un répertoire classique additionné de reprises d’Albert Lirvat, de Valvert, d’Henri Salvador et des compositions personnelles. Un album propice à la cogitation.
Sade, Lovers rock (Sony music)***
Diamond Life, le premier album de Sade, permettait aux mélomanes de découvrir une chanteuse à la fois troublante et touchante d’origine nigériane et née en Grande-Bretagne. Dès la sortie de Promise les critiques prédisent à l’artiste un avenir prometteur. Stronger than pride, son troisième opus, confirme son talent et Love Deluxe consacre une star. Mais un passage à l’Olympia déçoit le public et l’artiste se retire. Selon la rumeur, Sade prend des cours de chant… Au bonheur de ses fans, elle revient avec un album surprenant, attachant, dans l’esprit du précédent. De sa voix veloutée, elle susurre un hymne à l’amour.
David Murray Octet, Octet Plays Trane (Enja)***
David Murray, le marathon man du saxophone est décidément « increvable ». Entre un hommage à Duke Ellington et une rencontre avec Doudou N’diaye Rose au Sénégal et Guy Konket à la Caraïbe, il trouve le temps d’effectuer un retour aux sources du blues avec Fontella Bass et de rendre un ultime hommage à John Coltrane. A sa manière, le saxophoniste réécrit l’histoire des musiques noires. Il nous livre son interprétation de l’œuvre de Coltrane, très free, alimentée de ce punch et ce swing qui le singularise. Craig Harris au trombone, D. D. Jackson au piano, Ravi Best et Rasul Siddik à la trompette, James Spolding à la flûte et au saxophone alto, Mark Johnson à la batterie et Jaribu Shahid font partie du voyage.
Hussein El Masry, Solitaire (MHEL Prod)****
El Masry s’accompagne du luth (oud), un des instruments les plus anciens qui raconte l’histoire des musiques orientales et arabo-andalouses. Cet instrument a su traverser les époques et demeure un instrument moderne. El Masry, virtuose incomparable, perpétue la tradition et s’érige en gardien d’un héritage dont il dévoile les subtilités. En solitaire, il cultive le mystère, à travers des sonorités enivrantes, il suggère des images, des danses, nous embarque au cœur d’un conte de mille et une nuits. Une ambiance propice au rêve et à l’imagination. Avis aux amateurs.
Kali, Racines Vol 4 (Kali / Hibiscus)***
En 1992, Jean-Marc Monnerville, alias Kali, représente la France à l’Eurovision avec son titre « Monté la rivié ». Cette opportunité élargit le public du Martiniquais qu’on reconnaît désormais au son de son banjo. Au fil des années, il se positionne comme un artiste engagé : l’esclavage, les problèmes d’identité, les conflits sociaux, les traditions, sont les différents thèmes qu’il développe dans ses chansons. L’opus qu’il présente est une véritable encyclopédie rythmique soutenue par des textes forts. L’artiste démontre ainsi les richesses musicales de son pays, du zouk au gwo ka, en passant par la mazurka. Une musique intemporelle qui, sans être commerciale, provoque des sensations fortes.
Chantal Taïba, Népata (Do soul / Mélodie)**
C’est interprétant un hymne à l’honneur des Eléphants, l’équipe nationale de Côte d’Ivoire, que la chanteuse ivoirienne Chantal Taïba s’est fait connaître en 1984 à travers le continent africain. Souvent appréciée pour le timbre captivant de sa voix, elle a su, à force de travail et d’abnégation trouver sa place, entre ses compatriote Niyanka Bell et Monique Séka. Cependant, en adoptant un style musical impersonnel, l’afro zouk, la crédibilité de la chanteuse est remise en question. Dommage qu’elle cède à la facilité. Un album d’ambiance, sans plus.
El Manager & The Mouggae Boyz, Nouvelle Génération (Couleurs music)*
La musique des Seychelles est peu médiatisée. L’occasion nous est donnée de découvrir une musique fortement influencée par les Caraïbes, la Jamaïque et l’Afrique, à travers les rythmes et les instruments. Mais la musique de ce groupe déçoit. Le message revendicatif (trop évident) ne parvient pas à faire oublier le rythme plat et la médiocrité du son. Cet opus inodore et sans saveur nous laisse sur notre faim, celle de découvrir de vrais talents locaux. Faut-il regarder du côté de l’ancienne génération ?

///Article N° : 2037

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