Chauffeur de tracteur, agriculteur, bûcheron durant la révolution, le Cubain Polo Montañez est un homme des collines. Surnommé « El brugito », le sorcier, puis « Polo », c’est en jouant dans l’orchestre de son père qu’il commence à jouer en public, accompagné de ses six frères et surs. Excellant joueur de Tumbadora et de maracas, il apprend à chanter en écoutant les autres. Le soir après le travail, il compose et écrit des chansons pour oublier ses journées difficiles. Durant des années, il travaille dans la montagne et entretient sa passion, jusqu’en 1994 où il décide de s’y consacrer entièrement. Tout dans cet album rappelle les montagnes : un son naturel, une voix brute et sincère. SNK
Ravi Coltrane, Femi Kuti et bien d’autres artistes ont suivi la même voie que leurs parents, adoptant avec un succès indéniable le même instrument, le saxophone. Joshua, fils de Dewey Redman, n’est pas en reste. Il fait partie de la nouvelle génération de jazzmen capable de jouer toute sorte de musique. Surdoué dans son genre, il a choisi d’orienter pour la première fois son jazz vers des sonorités électro acoustiques urbaines. Il s’inspire de la tradition et évolue vers un son groove, à la croisée du blues du rock, de la soul et du funk. Il avoue être influencé par Sonny Rollins, John Coltrane, Steavie Wonder, les Beatles ou Led Zeppelin. A travers cette galette sonore, accompagné de son trio habituel, le batteur Brian Blade, le clavier Sam Yahel et Bashiri Johnson pour des percussions additionnelles, le saxophoniste démontre son esprit de créativité. SNK
Des mélodies qui font rêver, des accords parfaits, de la douceur dans la voix, un souffle frais, la musique du Brésilien Marcio Faraco est un bonheur. Tout paraît beau, tout paraît simple et pourtant l’artiste est un travailleur. De l’harmonie, de la rythmique, des espaces, un bel équilibre entre voix et arpèges de guitare, la beauté du son apprivoise nos sens et nous transporte au-delà des océans. Et tout à coup, on oublie. On pourrait être dans son appartement ou sur une plage, il suffit de fermer les yeux. Lorsque la musique s’arrête, machinalement on appuie sur la touche « repeat ». SNK
Chaque ville, chaque village au Mali possède son groupe ou son orchestre. A Koutiala, capitale de la culture du coton, tous les samedis soir Koutiakan fait le bonheur de la population. Le band, dont la plupart des membres a accompagné Abdoulaye Diabaté, le grand-frère, a bâtit son style sur une formule acoustique et électrique : deux balafons, deux percussionnistes (un tama et un djembé), une guitare basse et une guitare acoustique. La pression monte au fil des plages. Les musiciens, d’une grande dextérité, transmettent leur enthousiasme. Du swing « complet’mandingue ». SNK
Qu’elles viennent d’Afrique ou d’Amérique latine, les fanfares font un retour en force auprès du public. Il faut dire qu’elles représentent une musique de proximité à laquelle même les non-initiés peuvent participer. Lors des baptêmes ou des mariages à la Havane, le chemin qui sépare l’église à la salle de fête se fait en fanfare. Et c’est l’occasion pour les souffleurs de faire admirer leur talent. De nombreux instrumentistes y ont d’ailleurs fait école. Par ce volume II, le label Buda donne une idée de la diversité musicale du royaume de la salsa : cette fanfare est typique et typée. La musique est joyeuse, festive et colorée. SNK
Découvert en France lors de la deuxième édition du festival El Mundo Latino, Jorge Drexler est Uruguayen. Le guitariste de Montevideo qui vit entre son pays d’origine et l’Espagne a produit un album de toute beauté. Son style, entre pop, rock et jazz évoque paradoxalement l’Afrique. Ne dit-on pas que ce continent est présent dans toutes les cultures ? Ecoutez le jeu de guitare de Jorge et vous comprendrez pourquoi. Fin mélodiste et harmoniste, il s’appuie souvent sur sa voix soutenue par des arpèges picolos. Une uvre à découvrir. SNK
Lorsqu’on vous invite à manger à Douala, difficile d’échapper au ndolé et au makossa. En initiant le combo Kamer all Stars (Manu Dibango, Sallè John, Henry Njoh, Guy Nsanguè Akwa, Yves Ndjock, Penda Dallé
), le saxophoniste au rire inimitable avait sûrement cette ambiance du village. A travers cet enregistrement, c’est l’histoire du makossa qui nous est contée. Le maître de cérémonie, Sallè John « Johnco », a la maîtrise du sujet : essèwè (musique traditionnelle sawa, duala), ambass-bey (mélange de valse tyrolienne, de polka et de rythmes traditionnels dans les années 40-50, ballades). Etant donné qu »il ne s’agit que d’un premier volume, on imagine bien que les artistes nous feront découvrir toutes les richesses musicales du Cameroun. D’autres artistes sont annoncés. Pour l’instant, savourez ce makossa. SNK
A 42 ans, Greg Osby apparaît comme l’hériter des créateurs du be-bop. Si on sait qu’il est né à Saint-Louis, a joué du funk, de la soul et du R’n’b, a étudié à Washington et a intégré Bercley, la fameuse école de musique de Boston, et que par la suite, il a accompagné Dizzy Gillespie, Lester Bowie, Jack Dejohnette, Cassandra Wilson, Steve Coleman et de nombreux groupes reggae et de calypso, on reconnaît assez volontiers que le jeu du saxophoniste soit axé sur l’espace et la liberté. Le souffle fluide et puissant, Greg se révèle aussi être un grand improvisateur. Son album est un déluge de mélodies soufflées dont les sonorités rappellent l’époque de ses maîtres. Des instants sublimes. SNK
Sans aucun doute le plus grand artiste de Cuba, le pianiste Jesus Chucho Valdés est lui aussi venu à la musique en écoutant son père, Bebo Valdés, roi du mambo, qui l’initie aux rythmes batanga. Il suit ensuite une formation au conservatoire de la Havane et monte son premier trio à 16 ans. Il apprend à faire ses premiers solos en écoutant Art Tatum, Bill Evans, McCoy Tyner sur vinyles. Et il crée à 18 ans Irakere, le groupe de référence de tout artiste cubain. La musique de Chucho s’inspire des rythmes d’Afrique et des Caraïbes. Cet album illustre sa virtuosité : le pianiste maîtrise ses solos, chaque note qu’il applique harmonise les percussions. Il s’amuse. Une fantaisie de haute voltige. SNK
Successivement danseuse, mannequin, puis chanteuse, la Camerounaise Chantal Ayissi n’a jamais quitté le milieu artistique. Toute sa famille vit dans cet univers. Son père, sa mère, son frère Iman Ayissi, lui aussi mannequin et styliste. La musique rythme sa vie. Après une période de maternité, elle renaît par un nouvel album, rythmé et plein de vitalité. La chanteuse explore les rythmes de son pays : makossa, bikutsi, assiko, mangabeu. Elle s’emploie à démontrer que la musique camerounaise est plurielle. « Nous avons des richesses, sachons les mettre en valeur », souligne-t-elle sur tous les médias. Côté direction artistique, le Norvégien Slim Pezin, sideman du chanteur Ekambi Brillant vers la fin des années 80, marque son retour ; on remarque ses riffs de guitare, intacts et toujours aussi pertinents malgré les années. Dommage que Chantal ne contrôle pas ses envolées mélodiques. SNK
S’il est vrai que le chanteur camerounais Guy Lobè possède de belles mélodies, on remarquera qu’elles ne changent pas souvent : l’artiste refuse pertinemment de prendre des risques et tombe dans la monotonie et la facilité d’album en album. Cet opus éponyme semble avoir été enregistré juste dans le seul but de figurer dans la discographie de l’auteur. Cet acte ne sert ni la musique, ni l’artiste, qui certainement possède de grandes capacités artistiques. En attendant la sortie d’un album de sa dimension, on ne peut qu’encourager Guy Lobè à être un peu plus créatif. SNK
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