Nouveautés du livre

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Quartiers de pamplemousses, d’Alain Gordon-Gentil, Ed. Julliard, 146 p., 99 FF.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, mis à part les mangues, Quartiers de Pamplemousses, le premier roman d’Alain Gordon-Gentil, n’a rien à voir avec les fruits. En effet, Pamplemousses n’est rien de moins que le petit village mauricien qui se trouve  » au Centre du Centre du monde « , à en croire la préface de l’auteur. Le petit bourg rassemble tant de religions et d’origines que l’on pourrait effectivement se croire dans une espèce d’arche de Noé à l’échelle humaine. On y rencontre entre autres Ah Ko le boutiquier chinois, Dawood le coiffeur musulman ainsi que son collègue et rival Gros Lipié, Hindou du Bihar, et bien sûr tout le petit monde créole qui gravite autour de la maison de Mon Repos et de son manguier nommé Jésus. Mais voilà qu’arrive la lutte pour l’indépendance, divisant l’assemblée.
L’éditeur a intitulé le livre  » roman « , mais l’auteur préfère parler dans sa préface de  » chroniques d’enfance « . Le genre n’a rien de nouveau, mais Alain Gordon-Gentil le manie avec bonheur et fraîcheur. Pleins d’allégresse et nourris de comique de situation, ces textes courts empruntent les yeux d’un petit garçon très observateur, relevant des anecdotes succulentes avec un extraordinaire sens de l’absurde. Onze chapitres de bonne humeur, à savourer un par un pour le plaisir et le goût des mangues de Jésus.T.T.
Le nouvel or noir. Pillage des oeuvres d’art en Afrique, De Philippe Baqué, Ed. Paris Méditerranée, 1999, 192 p., 120 FF.
Voilà un texte qui arrive à point ! A l’occasion de chaque vente de collection d’oeuvres d’art africain à Paris, Londres ou Bruxelles, quelques voix faibles et isolées s’élèvent pour dénoncer le pillage systématique du patrimoine africain. Mais elles sont vite étouffées par les urgences de l’actualité. La réflexion pertinente et très documentée de Philippe Baqué comble ce déficit sur un pillage qui achève le désastre causé en Afrique par l’esclavage, le colonialisme puis par la dégradation des termes de l’échange. D’abord, un pillage ordonné à grande échelle, dès le 19ème siècle, par la soldatesque coloniale. Puis, depuis les indépendances, un pillage méthodique qui bénéficie de complicités africaines, de véritables « rabatteurs », et qui se fait au profit de collectionneurs privés, de marchands d’art, voire parfois d’institutions ayant pignon sur rue. « Le pillage accompli par les intermédiaires et les antiquaires africains ne pourrait exister, affirme l’auteur, sans l’appel du marché international des arts « primitifs », dont les places fortes se trouvent en Europe et aux États-Unis, avec les profits qu’il engendre et dont les Africains n’ont que quelques miettes. Les marchands et collectionneurs sollicitent et incitent en permanence leurs contacts africains à procéder à ces vols et se lavent les mains des conséquences qu’ils entraînent dans les sociétés qui en sont les victimes… « Les conséquences ? Chaque statuette archéologique arrachée précipitamment à son contexte pour nourrir la spéculation du marché de l’art devient à jamais muette sur la civilisation qui l’a engendrée et contribue à entretenir le mythe d’une Afrique sans histoire. » Dans ce livre brûlot, l’auteur ne fait pas dans la dentelle : il cloue au pilori, outre les intermédiaires et les commanditaires-bénéficiaires, toute une chaîne d’intervenants à l’image de certains journalistes spécialisés, de conservateurs, d’historiens d’art voire d’archéologues et autres scientifiques « authentificateurs » des oeuvres. Un livre utile et salvateur. F.C.

///Article N° : 1305

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