La capitale malienne s’électrise à la mode new-yorkaise avec Now (L’Autre Distribution/ CSB), le dernier album d’Electro Bamako, dans les bacs le 27 avril. Leur transe se distille, sur les platines, entre timbre vocal bambara et boucles lancinantes de kamele n’goni.
Electro, Bamako, deux mots qui résonnent ensemble et traduisent une forme d’engouement de la scène française électro pour les rythmes séculaires maliens. Avec ce deuxième opus en trio, Marc Minelli, Paul Sidibé et Damien Traïni s’aventurent entre les boucles ternaires du kamele n’goni, l’envoutement d’un chant bambara et la fièvre noctambule, façon new-yorkaise. Avant d’être ce trio, Electro Bamako se résumait au travail de Minelli. Cet arrangeur, réalisateur, multi-instrumentiste, a longtemps évolué dans le rock sophistiqué, cordes énervées façon Talkings Heads, avant de chercher à aborder, sur le tard, la musique malienne aux côtés de Mamani Keita.
En 2002, le premier opus d’Electro Bamako, teinté de jazz, naît de la rencontre entre ce bidouilleur de génie et la fameuse choriste de Salif Keita. Comme pour un carnet de voyages, Minelli réarrangeait (alors) des sons mandingues, glanés lors de ses pérégrinations dans le Mali profond, en vue de dresser le récit d’un Bamako électrisé. Depuis, Sidibé et Traïni l’ont rejoint pour concocter cet » afro-funk futuriste « , sublimant le legs de la scène malienne. Un univers qu’il partage, loin derrière les Galliano, Madioko, Bagayogo alias » techno Issa « , ou encore Sidiki Diabaté, le jeune griot mutant, sacré » meilleur beat-maker » du pays.
Distordeur de sons pour clubbers branchés? Le beat techno (ici) vient plutôt puiser dans les gammes pentatoniques du n’goni. Introduisant l’album, le titre Ambianci nous embarque dans un flot urbain, le n’goni jouant ses boucles à l’infini, aux côtés d’autres cordes funk, à contre temps. En écoutant Sanan Ban, on reconnait le son limpide du balafon. Neba Solo, illustre balafoniste de l’Afrique de l’Ouest, s’était déjà essayé à marier les sons de son instrument avec des beat électros. Le trio Minelli-Sidibé-Traïni s’y colle à la manière d’un mariage world 2.0. Un son d’aujourd’hui. Une expérience de territoires sonores, qui se cherchent entre deux mondes.
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