Ray Lema, Ballou Canta et Fredy Massamba, artistes des deux Congo, unissent leur voix pour un projet singulier, accompagné par Rodrigo Viana : Nzimbu (One Drop).
En kikongo, la langue maternelle de Fredy Massamba, Nzimbu veut dire le chant et la bonne fortune, renvoyant à une époque où les cauris servaient de monnaie d’échange. Ces cauris, petits coquillages symboles forts d’attachement à l’Afrique, on les retrouve, sur la pochette de Nzimbu, portés par des mains noires et une blanche, comme une offrande. Celles des trois chanteurs, Ray Lema, Ballou Canta, Fredy Massamba et de leur accompagnateur Rodrigo Viana. Ces trois voix des deux rives du fleuve Congo, de trois générations différentes, sont mises à l’honneur dans ce projet présenté en janvier dernier au New Morning, après avoir été éprouvé sur diverses scènes pendant plus d’un an, notamment lors d’un concert de solidarité à la Centrafrique, au Théâtre de la ville de Paris.
Ray Lema est sans doute le musicien congolais qui a le plus défriché, en établissant des ponts entre les musiques traditionnelles africaines, le jazz, le rock, les voix bulgares ou l’orchestre symphonique. Son travail pour la reconnaissance d’un patrimoine congolais, trop souvent cantonné aux clichés de la rumba, et son uvre, qui a ouvert la voie à la world music des années 80, lui valent le respect de ses deux petits frères chanteurs. D’un côté, Ballou Canta, ancien du Soukouss Stars, voix d’or de la rumba, salué dans le Black Bazar d’Alain Mabanckou et dans le Bal de l’Afrique enchantée. De l’autre, le cadet Fredy Massamba, révélation de la diaspora afropéenne de ces dix dernières années. Massamba apporte un nouveau souffle : celui d’un jeune de la génération soul hip-hop, formé au chant pygmée et aux percussions au sein des Tambours de Brazza. La formation de Nzimbu est simple : trois voix, façon chant choral, et un accompagnement sobre. Le piano de Ray Lema et la guitare de Rodrigo Viana, jeune brésilien, amateur d’échanges entre deux rives. « Je suis issu de Minas Gerais, une région où beaucoup d’esclaves sont venus d’Afrique centrale. » Ici et là affleurent des moments de grâce comme la voix puissante de Massamba sur « Lobelanga » et celle plus rocailleuse de Ray Lema sur « Les oubliés du Kivu ». Ce titre, issu de son album 99, rappelle les souffrances endurées par la population de l’est de la RDC : « Quelques lignes infimes pour des crimes infâmes
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La page Facebook de Nzimbu Project
Le site de Ray Lema ///Article N° : 12823