L’Afrique parisienne, quelque part entre Château-Rouge et Clignancourt, est la scène du « Ballet noir » d’Achille Ngoye. A l’origine, un trafic de cartes de séjour qui tourne mal pour un sans-papiers, et un « Groupe panafricain d’action et d’assistance », décidé à défendre les droits de ceux qui n’en ont pas. Et voilà Kalogun, engagé par le Gropacas, embarqué dans une enquête qui le mène dans les méandres de la racaille franco-africaine du quartier.
Kalogun ressemble à Big Balé, héros de la nouvelle qui a donné son nom au deuxième titre de la cuvée Ngoye 2001. On les imagine pareils, un peu baraqués, pas trop bavards, du genre à prendre les choses en main, même si tout tourne au vinaigre à la fin. De grands gaillards convaincus par le bien-fondé de leur mission, mais qui finissent mal. C’est cela l’univers de Ngoye : des vies qui tendent vers la déchéance mais dont on profite bien le temps que ça dure.
En arrière-plan, un trop-plein de morts et de misère émerge, toujours avec cet humour froid caractéristique de l’auteur : « Envie soudaine de pleurer tous les morts de son univers ; des morts fauchés par des guerres calamiteuses, par la faim, le sida, le palu, tous les choléras jadis éradiqués mais resurgis en raison d’une incurie pathologique. Envie de gueuler haut et fort son ras-le-bol sur la pratique du plus fort, qui consiste à punir aveuglément, affamer, priver de soins, passer au compte des pertes et profits des millions d’innocents dont le seul crime réside dans leur soumission à une politique réprouvée par les gendarmes de la planète. »
Big Balé, Coll. Le Serpent Noir, Ed. Le Serpent à Plumes, 180 p., 13 euros, 85,27 FF.
Autres livres d’Achille Ngoye :
Kin-la-Joie, Kin-la-Folie, L’Harmattan, 1993.
Agence Black Bafoussa, Série noire, Gallimard, 1996.
Sorcellerie à bout portant, Série noire, Gallimard, 1998.
Yaba Terminus, Le Serpent à plumes, 1999.
Cf entretien avec Achille Ngoye, Africultures n°5, fév.1998///Article N° : 76
