Pour Afriscope/Africultures, les Indivisibles décryptent une phrase d’actu trahissant le racisme glissé dans les propos des personnages publics.
Jamais je n’aurais pensé me retrouver un jour minoritaire sur le plan racial, culturel, religieux, au point de faire figure de perdant historique sommé de renoncer à ma culture pour mieux « accueillir l’autre »
Heureusement que l’écrivain Richard Millet est là pour nous le rappeler. Parce qu’en regardant la télé et en sortant de chez moi, j’en avais presque oublié que « l’autre » « nous » envahissait. Il aurait pu commencer sa phrase avec le désormais classique « personne n’ose le faire mais moi je dis tout haut ce que les Français pensent tout bas » applicable au propos racistes les plus grossiers de cette année. Vous savez, cette phrase, cousine du « je ne suis pas raciste, mais
». Non, ce n’est pas la peine. Une bonne affirmation posée en fait avéré ne dérangera que peu de monde, donc autant y aller.
D’ailleurs, les statistiques ethniques étant prohibées en France, on ne peut que remercier l’écrivain, malgré son emploi du temps chargé, de s’inquiéter de la survie de notre patrie et de combler cette absence de baromètre. Autant de fougue mérite récompense. Les prochains Y’a Bon Awards, la cérémonie des Indivisibles qui prime d’une Banane d’Or les pires propos racistes de l’année, auront lieu le 10 juin prochain. Ça aurait été l’occasion pour Millet d’obtenir une récompense plébiscitée. Nommé et vainqueur de la catégorie « 50 minutes inside la tête d’un people qui aurait mieux fait de se taire » l’an dernier, Millet semble en redemander. Son étagère doit être déséquilibrée par un nombre impair de trophées. C’était sans compter la forte demande de cette année. Millet ne sera donc finalement pas nommé.
En effet, le succès de la Banane d’Or grandit et fait des émules. À la télé, à la radio, dans la sphère politique et intellectuelle, on a assisté cette année à une banalisation des propos racistes. Du coup, dans cette course à la Banane, la lutte a été très serrée. Alors que la parole raciste a souvent été attribuée aux marginaux de la société et de la sphère politique, on peut constater aujourd’hui une prolifération de ces idées au-delà des clans habituels. Les outils de communication se développant, de plus en plus de personnalités expriment leurs idées avec spontanéité. Les idées les plus extrêmes ont fait leur chemin dans le discours commun et les propos les plus nauséabonds peuvent désormais provenir de personnalités « tous publics ».
Les Indivisibles s’insurgent contre la bêtise en relevant le ridicule de ces propos, mais surtout en refusant de les accepter comme une norme. Les Y’a Bon Awards seront l’occasion de voir et d’entendre le meilleur du pire de cette année. Alors si Millet n’y est pas, qui a donc tenu les pires propos racistes cette année ? Réponse le 10 juin dès 19 h 30. Les mots d’Aimé Césaire sont plus que jamais d’actualité : l’heure de nous-même a sonné.
///Article N° : 11509