#6 « Le Mozambique considère le Brésil comme un pays frère »

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Fenêtre n°6 - Relations Afrique/Brésil, volet n° 2 : vers de nouveaux liens ?
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De 2003 à 2008, le Brésil est devenu le septième partenaire commercial de l’Afrique. En 2010, l’Afrique représentait presque 5 % des exportations du pays. Notre « fenêtre lusophone » du mois de juin, intitulée « Relations Afrique/Brésil : vers de nouveaux liens ? » explore les réalités politiques et culturelles des nouvelles relations entre le géant brésilien et le continent africain.

Le Brésil est de plus en plus présent en Afrique, aussi bien aux niveaux diplomatique et économique qu’au niveau culturel. Comment est perçue cette présence sur le continent africain ? Ivan Laranjeira, qui travaille à Maputo à une meilleure connaissance du quartier historique et populaire de Mafalala, répond à nos questions sur la vision que les Mozambicains ont du Brésil.

Les mozambicains connaissent principalement la culture brésilienne à travers les telenovelas et la musique. Quelle vision a la population mozambicaine sur ce pays?
Tous les mozambicains ne connaissent pas le Brésil, je pense même que seule une minorité urbaine connaît bien ce pays, sa société et sa culture. Mais la perception que l’on a du Brésil est celle d’un endroit qui malgré ses difficultés et défis en terme développement, reste un pays agréable et accueillant.
Plus récemment, les gens commencent à voir le Brésil comme un pays potentiellement dangereux à cause des infos télévisées montrant la violence dans les favelas et les trafics de drogues. Mais ça ne suffit pas à enlever les images de football et de samba!
Pour dire que globalement nous avons une image positive du Brésil.
Est-ce uniquement les expressions culturelles populaires brésiliennes qui sont connues au Mozambique? Ou y a t-il aussi une influence des écrivains et intellectuels brésiliens, une connaissance du cinéma d’auteur?
Il existe sans aucun doute une grande influence des auteurs brésiliens, des noms comme Jorge Amado, Machado de Assis, Graciliano Ramos, Guimarães Rosa et plus récemment Paulo Coelho ont je crois une grande importance dans la littérature mozambicaine. Certains ouvrages sont étudiés à l’école. De plus en plus de gens s’intéressent à la lecture et à cette littérature. A titre d’exemple des œuvres comme « Capitães de Areia », « Vidas Secas » et/ou « O Alquimista » sont célèbres au Mozambique.
Pour le cinéma des films comme « Orfeu Negro » (Orphée noir) ont marqués des générations entières de mozambicains. Des films plus récents comme « Cidade de Deus » (La Cité de Dieu), « Tropa de Elite » ou autres encore avec une nature différente apporte les nouvelles dynamiques et formes de faire du cinéma qui ne ressemble pas au schéma hollywoodien. Mais, le cinéma reste largement supplanté par les Telenovelas.
Les Mozambicains aiment utiliser des expressions brésiliennes, supportent l’équipe brésilienne de football, fréquentent pour beaucoup l’Église Universelle (1)… Pensez-vous que les mozambicains se sentent plus proche de la culture brésilienne que de la culture portugaise? Si oui pourquoi?
Je pense que oui. D’une manière générale, le Mozambique considère le Brésil comme un pays frère. Non seulement par la langue que nous partageons mais également par un passé commun pour avoir eu le même colonisateur.
La présence brésilienne est assez importante dans notre quotidien que ce soit par tout ce que nous avons déjà évoque : télévision, musique, football… Sûrement parce que la façon d’être brésilienne est considéré comme plus « cool », plus simple et sans formalités.
Il y a également une forte influence africaine au Brésil, qui participe à ces affinités entre le Brésil et le Mozambique.
Le Brésil est-il vu par les Mozambicains comme un pays du Sud ou comme un pays occidental?
C’est une question intéressante. Je pourrais dire qu’il est vu des deux manières. Mais ce qui pèse le plus et sans aucun doute les éléments culturels et les affinités entre les deux pays.
La présence d’entreprises brésiliennes augmente au Mozambique. Comment cela est-il perçu? La croissance de la présence économique du Brésil s’accompagne-t-elle d’une forme de résistance de la part des mozambicains?
C’est un élément nouveau dans la coopération entre les deux peuples. Malheureusement, la perception n’en est pas très bonne : l’opinion publique mozambicaine incrimine notamment les actions de l’entreprise Vale (2) pour la manière dont elle exploite les ressources minérales du pays et pour la manière dont elle traite avec les populations locales.
Pensez-vous que le Brésil gère différemment son implantation au Mozambique et en Afrique par rapport aux pays Européens ou voyez-vous la présence brésilienne comme une nouvelle forme de domination?
La présence brésilienne est principalement perçue au travers de l’entreprise Vale, et cela ne donne pas une bonne image. Comme toute grande entreprise elle se concentre principalement sur une politique de gains.

(1) L’Église Universelle du royaume de Dieu, issue de la mouvance évangéliste néopentecôtiste, fut fondée au Brésil en 1977. Elle a une grande emprise au Mozambique.
(2) Vale est une entreprise minière multinationale créée au Brésil en 1942. Elle exploite notamment les mines de charbon au Nord-Ouest du Mozambique, dans la région de Tete, où elle a délogé des populations locales pour ses activités.
Traduit du Portugais par Joan Chaumont
Ler aqui a versão portuguesa do artigo#6″O Moçambicano olha para o Brasil como um país irmão »///Article N° : 13041

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