Sabine Jourdan, chargée de la programmation de la salle de spectacle du Musée Dapper, nous en livre sa conception et nous donne un avant-goût des réjouissances
Je travaillerai autour des thèmes de la statuaire africaine puis sur Cuba pour qu’il y ait une continuité et que ce soit naturel de passer du musée à la salle de spectacles. Y compris dans la création du cours de danse, la danseuse de hip-hop ivoirienne Doudoune et la compagnie Sans rancune s’intéressent à une des origines de cette danse en Afrique et ils travaillent aussi avec des Maliens. Il pourra s’agir d’aller voir avec les personnes du cours de danse un masque de Côte d’Ivoire et d’aborder une danse traditionnelle de ce pays, car il pourrait être intéressant pour le public hip-hop d’appréhender aussi cette dimension.
Je compte mettre en place rapidement un temps de rencontre et des ateliers avec des artistes de passage, ouverts au public, même si ce n’est qu’un atelier de trois ou quatre heures. On va bientôt avoir une compagnie d’Afrique du Sud, Boyzie Cekwana, et j’aimerais instaurer une telle démarche de sensibilisation du public autour des représentations. Lui travaille énormément sur l’immobilité et dit qu’après une période d’une certaine violence, il a besoin de ce retour. Il en parlera mieux lui-même à la rencontre. Je veux développer la corrélation entre l’objet et les arts vivants. En Afrique, les objets peuvent servir dans la danse, et la peinture se fait aussi sur le corps. Créer ce lien peut correspondre au besoin d’appréhender une réalité culturelle : il peut être bénéfique autant pour le public que pour les artistes. Je pense notamment qu’aux Etats-Unis une telle approche est assez répandue.
Il va aussi s’agir pour moi de parvenir à toucher le public du musée qui s’intéresse à l’Afrique, un public de proximité et celui intéressé par les arts vivants, car des compagnies programmées, comme Boyzie Cekwana ou Josiane Antourelle, actuellement en résidence, ne se reconnaissent pas forcément dans l’appellation « danse africaine ». Les créations devront s’adapter aux dimensions de la scène et d’une salle pouvant contenir de 170 à 190 places.
Il y aura aussi des soirées autour du conte. En préparation pour le mois de juin, une rencontre avec Akonio Dolo, un conteur dogon, orientée autour des astres. Une éclipse totale de soleil sera visible le 21 juin de l’Angola jusqu’à Madagascar et sera prétexte à une rencontre autour du rapport ciel/terre qui est très fort chez les Dogon. On tentera, à partir de cet événement expliqué par la science, d’aborder une de ses très anciennes interprétations. Enfin, j’ai en projet de faire une programmation autour du cinéma pour mettre en relation artistes et films dans une même soirée. Je pense à certains films réalisés autour des arts vivants mais aussi à des fictions susceptibles de faire échos à des travaux d’artistes.
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